Basile
- Joséphine ! Va plutôt nous faire du café, au lieu de philosopher… Rétorqua Armand.
- Philosopher ! Oh ! Vous les hommes, dès que l’on parle de sentiment, il n’y a plus personne.
- JOSÉPHINE ! Éructa Armand
- Ça va, ça va, je m’en vais, je vous laisse à vos querelles, puis elle quitta la terrasse.
- Elle a plutôt raison notre Joséphine, lança Émile.
- Émile ! Tu ne vas t’y mettre toi aussi ? Répondit Armand
- Et pourquoi pas ? Puisque vous êtes incapable de vous parler, il faut bien que quelqu’un le fasse à votre place, vous êtes aussi têtu l’un que l’autre, tel père, tel fils…
- Boudiou Émile, toi tu as l’art et la manière de jeter de l’huile sur le feu, dit Antonin en souriant.
- Je dis les choses comme elles sont, voilà tout !
- C’est vrai que je ne viens pas souvent, reprit Henri, je dois reconnaître, l’éloignement y est pour beaucoup, les billets d’avion sont coûteux et je ne peux pas m’absenter trop longtemps, puis si je n’étais pas reçu à coups de reproches, je viendrais peut-être plus souvent.
- Ah parce que maintenant c’est à cause de moi ? Fit Armand en haussant le ton
- OOH vous allez pas recommencer vous deux, arbitra Antonin, vous ne trouvez qu’il fait assez chaud sans que l’on ait besoin de se faire chauffer les méninges ?
- Huum ! Maugréa Armand… Des reproches… Huumm !
- Tout à fait, reprit Henri, si tu acceptais l’idée que je ne suis pas fait pour la vigne, peut-être pourrions-nous en finir.
- Tu en as de bonnes toi, dit Armand en haussant le ton, et qui vas reprendre la propriété quand je serai plus là ? Hein ?
- Qui t’as dit que je laisserai tout tomber ? Marmotta Henri.
- Ben toi Pardi ! Puisque tu ne veux pas la reprendre, dit-il en baissant le ton.
- Je n’ai jamais dit que je ne voulais pas la reprendre, j’ai dit que je ne voulais pas m’en occuper, ce n’est pas du tout la même chose.
- Et bien pour moi c’est du pareil au même, persifla Armand.
- Armand, fit Antonin, tu devrais écouter ce qu’il a à te dire, il a bien dit qu’il ne voulait pas s’en occuper, dit Antonin en martelant ses mots, il a pas dit qu’il la laisserait aller.
- Pour moi c’est tout comme, s’il s’en occupe pas, qui va le faire, Hein ?
- Pourquoi pas Basile ? Lança Henri à la grande surprise de l’intéressé et de son entourage. Cela fait quinze ans qu’il travaille pour toi, il connaît l’exploitation aussi bien que toi et il ferait un bon gérant, qu’en penses-tu Basile ?
- Heeuu ! Fit Basile tout gêné, n’osant regarder son patron.
Un long silence planait sur le groupe, chacun se perdant dans ses réflexions, personne n’osant reprendre la parole ou ne sachant pas quoi commencer, Joséphine entra sur ces entrefaites et déposa le plateau de café sur la table basse.
Prudente, elle examina attentivement les visages, hésitante à demander ce qu’il pouvait bien déclencher un silence aussi pesant, comme si de rien était, elle demanda qui prenait du café et combien de sucre, ce qui eut pour effet de détendre un peu l’atmosphère.
- Alors comme ça, reprit Armand sur un ton interrogatif, tu t’occuperais du domaine ? Je me demande comment puisque tu n’es jamais là.
- Eh bien comme tu l'as si bien dit, il y a matière à écrire par ici et cela n’empêche en rien les voyages, je pourrais continuer à écrire tout en m’occupant de la gestion du domaine à distance, de nos jours ce n'est pas les moyens de communication qui manquent. Basile pourrait très bien s’occuper de la partie pratique.
Durant tout ce temps, enfoncé au plus profond de son fauteuil, Basile écoutait attentivement sans oser intervenir.
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