Des cendres dansaient dans l’air. Un crépuscule rougeoyant étendait peu à peu l’ombre de la nuit sur le champ de bataille. À nouveau, les armées comptaient leurs morts. Le sang se mêlait à la boue, le vent emportait les derniers souhaits des hommes tombés au combat. Mais même cette vision apocalyptique ne parvenait pas à être grandiose. C’était le quotidien de milliers de soldats dévoués à leur pays, comme une ritournelle tournant sans cesse jusqu’à ce que des pouvoirs supérieurs et pourtant humains eux-aussi l’arrêtent.

Il se détourna de ce tableau figé, attendant l’aube pour se réveiller et s’animer à nouveau. Il se fit la réflexion que l’Homme était impitoyable avec lui-même, mais que ce n’était pas forcément pour s’améliorer. Cela le surprit, il n’était pas de ceux qui s’attardent à ce genre de constatations. Depuis qu’il l’avait revue, il y avait presque trois mois, le masque qu’il avait mis tant années à se façonner avait commencé à se fissurer.

« Mikio ! »

Il s’arrêta et se retourna, entendant ce nom.

« Lucie ? s’étonna-t-il. Que fais-tu ici ?

- J’ai été chargée de te rejoindre. Les ordres ont changé. Mais allons à l’écart, mieux vaut éviter que l’on nous entende. »

D’un accord tacite, ils se rendirent dans un endroit à l’écart, presque à l’extérieur du camp.

« Alors ?

- Il ne s’agit plus uniquement de transmettre les informations aux autres. exposa la jeune femme. Apparemment, il y a un traître à notre cause.

- En sais-tu plus ? demanda-t-il, l’air grave.

- Il se trouverait dans l’Empire. Et on m’a envoyée pour te seconder. Notre rôle est de découvrir son identité.

- Compte sur moi pour le démasquer. Si jamais nous échouons, le royaume risque d’en souffrir.

- Ce pourquoi l’ordre de mission prend effet immédiatement. Nous devons rejoindre la capitale de l’Empire le plus rapidement possible. »