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Un son répétitif parvenait à ses oreilles, semblable à un lourd ressac. Il marchait depuis un moment sur un sol meuble et noir, peut-être du sable. À mesure qu’il progressait, l’air autour de lui se faisait de plus en plus obscur. Il invoqua une petite flamme mais sa lumière ne révéla que davantage de paysage identique. Il se demanda où étaient passés les autres, et si son frère était en danger. Il ne se faisait pas trop de soucis, Sergey était plein de ressources, mais gardait à l’esprit qu’aucun d’eux ne savait à quoi s’attendre. Lui-même ne doutait pas de ses chances de s’en sortir, tout en commençant à trouver le temps long. À la réflexion, il n’avait aucun repère, que ce soit chronologique ou topographique. Il remarqua une vague lueur sur sa gauche. Intrigué, il changea de direction et parvint à une sorte de rivage. De sombres vagues rouges venaient lécher le sable humide devant elles, accompagnées d’une écœurante odeur de métal.
Du sang. comprit-il.
Il se demanda si en suivant la frontière liquide il arriverait quelque part. Il commença à marcher vers la droite, parallèlement à l’oppressante marée. Il avançait d’un bon pas, ne sachant combien de temps il lui faudrait pour atteindre une quelconque issue. Au bout d’un moment, il remarqua que la mer semblait monter, envoyant ses vagues chaque fois plus loin sur le rivage. Il s’arrêta pour le vérifier et recula quand une onde de sang faillit l’atteindre. Au loin, des remous agitèrent l’épais liquide et une grande vague se forma, déferlant vers la plage. En quelques secondes elle parvint jusqu’à lui. Par réflexe, il l’arrêta d’un mur de feu. La marée se figea devant lui, rendue solide par la chaleur. Surpris, il observa la zone désormais immobile, telle un îlot s’avançant dans la mer. Il se dit qu’en solidifiant ainsi une partie de l’onde, il pourrait se créer un chemin pour la traverser. Il ignorait s’il s’agissait d’une bonne idée, mais n’avait pas grand-chose à perdre à essayer. Il lança une spirale de feu sur le sang et attendit qu’elle disparaisse pour constater le résultat. Il s’aperçut que les flammes avaient également atteint le sable, et qu’une partie du rivage s’était changée en verre. Il s’en approcha et remarqua que le matériau transparent ne formait qu’une fine épaisseur, et qu’en dessous se trouvait seulement un néant obscur. Soudain, le verre s’étendit sous ses pieds et tout autour de lui, comme s’il contaminait le sable. La surface vitrifiée se fissura et se brisa. Il chuta dans le vide, entre les éclats de verre et les cascades de sang.
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