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« Vous venez pour retrouver un membre de l’armée ?

- C’est à peu près cela.

- Militaire ou civil ?

- Militaire.

- Avez-vous des informations sur son affiliation ?

- Je peux seulement vous dire qu’il appartient au camp royal. »

La jeune femme lui jeta un regard surpris. Il ne s’en formalisa pas, conscient que sa demande avait un caractère assez particulier, surtout venant d’un Chasseur. Tant qu’il était à la capitale, il avait décidé de profiter de son temps libre pour commencer ses recherches. Rimsky n’avait toujours pas retrouvé son frère, et ses anciennes demandes dans son pays n’ayant rien donné, le jeune homme avait pensé qu’il avait peut-être été fait prisonnier par l’Empire. Il préférait éviter d’envisager l’autre possibilité. Quelques semaines après le début de sa mission, il avait enfin trouvé un moment pour se rendre au Département de Recensement de l’Armée, qui d’après ce qu’il savait détenait aussi la liste des captifs adverses. À présent, il espérait obtenir des résultats les plus précis possible, sans quoi ses investigations risquaient de tourner court.

L’employée se leva et alla chercher un dossier qu’elle posa sur le bureau. Après s’être assise elle reprit la parole :

« Pourriez-vous me décliner son identité ?

- Il s’appelle Livio Shalev, et combattait dans la zone sud de la ligne de front. »

Elle hocha vaguement la tête et commença à consulter la compilation de documents. Un temps infini s’écoula alors qu’elle parcourait les innombrables informations d’un œil exercé. Mal à l’aise, il jouait distraitement avec la chaînette de sa montre à gousset. C’était un objet qu’il emportait toujours avec lui, dans la poche droite de son manteau, cadeau de son frère. Il ne savait que faire pour tromper son attente et n’avait pas l’habitude de l’administration. Celle de l’Armée avait la réputation d’être d’une efficacité redoutable, cependant il se demandait comment une telle rumeur pouvait être fondée en considérant la quantité de données entreposée rien que dans cette salle.

La femme se leva de nouveau et revint avec une deuxième pile de papiers. Toujours sans prêter attention à son interlocuteur, elle reprit son enquête. Après de longues minutes, elle finit par lever le regard et s’adressa à lui :

« Il se trouve dans le camp de prisonniers d’Aponia, au sud-est de la capitale. Il y est arrivé il y a cinq mois et depuis aucun rapport n’indique que sa situation ait évolué. Souhaitez-vous plus d’information ?

- Oui, s’il vous plaît. Pourriez-vous m’indiquer quelles sont les procédures pour faire libérer un détenu ? »

Cette fois-ci, elle le fixa avec stupeur, incapable de réagir pendant un instant.

« J’ai été trop direct ? demanda-t-il, légèrement sur la défensive.

- Non, excusez-moi, se reprit-elle, c’est juste que… »

Elle ne termina pas sa phrase et chercha parmi les documents pour se donner contenance. Elle prit une feuille et la lui tendit en ajoutant :

« Il faudra vous adresser au Ministère des Affaires Intérieures, à l’unité de l’Administration Pénitentiaire rattachée à l’Armée. »

Il lut rapidement les premières conditions, dont l’une était évidemment de payer une somme à hauteur du grade du soldat, avant de conclure :

« Je vous remercie pour votre aide. »

Il se leva puis la salua :

« Au revoir, Madame.

- Au revoir. » répondit-elle, toujours un peu déconcertée.

Il se détourna et quitta le bureau en réprimant un soupir. Il pressentait qu’il n’en avait pas fini avec ces affaires administratives.

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