130

2 minutes de lecture

Il bruinait depuis quelques heures, sans discontinuer. La ville grise paraissait enveloppée d’un voile, dans lequel le soleil créait des jeux d’ombres et de lumières. Abrité par le porche de la chapelle, il observait le perpétuel va-et-vient des passants, perdu dans ses pensées. Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis l’arrestation de l’assassin et il allait à présent assister aux funérailles d’Eriko. Il y avait été convié avec ses hommes et avait appris que Sakura et Akihito s’y rendaient aussi.

Lorsqu’il était entré dans le lieu saint il avait été marqué par l’atmosphère paisible qui s’en dégageait. Jusqu’à lors ce genre d’édifice lui avait invariablement semblé froid et impersonnel, mais celui-ci était différent, peut-être parce qu’il avait été construit récemment. Il avait surtout remarqué la statue blanche sur l’autel, représentant une femme souriante dont l’attitude invitait à la contemplation. Il se demandait quelle personne elle était censée représenter. Il avait toujours trouvé les figures austères et distantes, cependant celle-ci n’exprimait que la sérénité et la tendresse. Ces considérations le poussaient malgré lui à se questionner sur la religion de la jeune femme. Il esquissa un sourire, pensant que c’était probablement ce qu’elle avait recherché. Il ne comptait pas aller jusqu’à s’intéresser à l’apologétique ou à la théologie mais aurait aimé comprendre pourquoi elle croyait. Lui-même avait suivi une religion dans son enfance, mais il s’agissait d’une foi différente de la sienne et il ne l’avait pas gardée bien longtemps. Il se dit qu’il pourrait à l’occasion interroger les proches d’Eriko.

Il avait rencontré sa famille, et en particulier sa petite sœur. Celle-ci ne lui ressemblait pas beaucoup, il avait appris que toutes deux n’avaient en fait aucun lien de sang. La jeune fille l’avait considéré avec attention avant de constater :

« Alors c’est vous. »

Interloqué, il n’avait pas répondu et elle avait repris :

« Eriko me parlait souvent de vous. Elle disait que vous étiez totalement irresponsable, mais ajoutait que c’était bien comme ça. »

Il s’était demandé comment le prendre avant de questionner :

« Est-ce que vous m’en voulez ?

- Non. Si elle a décidé que vous en valiez la peine je n’ai rien à dire. Cependant… je n’aime pas parler de ma grande sœur au passé. »

À nouveau, il avait cherché que dire. Finalement il s’était contenté d’une question :

« Comment vous appelez-vous ?

- Kagami. »

Un appel interrompit ses réflexions. Il remarqua que Sergey l’avait rejoint.

« Nikita, ça va ?

- Oui, ne t’en fais pas. J’étais juste ailleurs.

- Tu avais l’air d’être parti loin, en effet. Tu es triste ? »

Le Lieutenant lui jeta un regard surpris.

« Quoi ?

- C’est rare qu’on me pose cette question. Mais pour y répondre, je ne sais pas. Je ne ressens pas grand-chose, en fait. »

Sergey hocha la tête puis tous deux gardèrent le silence. La bruine ne cessait pas et à présent le vent y dessinait des vagues. Au bout d’un moment le plus jeune reprit :

« Que va devenir l’assassin ?

- Le temps de lui tirer des aveux, je lui donne une semaine jusqu’à ce que sa tête quitte ses épaules.

- Seulement ?

- Les procédures ont quelque peu accéléré pendant la guerre. »

Un autre temps passa avant que Desya ne vienne les trouver.

Il va falloir rentrer, les prévint-ils, la cérémonie va commencer.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Hisoka ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0