Ce fut le chant des oiseaux qui le réveilla, tranquillement, alors que le soleil achevait de se lever. Il ouvrit les yeux et resta un moment sans bouger, attentif aux bruits qui parvenaient à sa fenêtre. L’activité reprenait dans le village, les habitants se croisaient, discutaient, partaient travailler aux champs. Au loin résonnaient les cris d’un oiseau de proie solitaire, auxquels faisaient écho les chants des moineaux. Il se souvint qu’il était en vacances et sourit. Retrouver ses proches en sachant qu’ils pourraient passer deux semaines sans avoir à se soucier de rien lui apportait un immense réconfort. Même s’il les avait vus assez récemment, il était heureux de laisser pour une fois son devoir de côté et d’être avec eux tout simplement.

Il décida de se lever et descendit à la cuisine. Son frère s’y trouvait déjà, assis à la table de bois rectangulaire avec une tasse de thé noir, en train de finir un livre. Il leva le regard quand il entra et le salua.

« Encore en pyjama, Sergey ?

- Oui, ce n’est pas dans notre autre maison que je pourrais faire ça. Et toi, tu t’es levé tôt, non ?

- Je devais aller voir le père de Shynar pour ma main. Tōru m’a conseillé de consulter un médecin de temps en temps, et il voulait l’examiner.

- Alors, tout est en ordre ?

- Oui, il a même dit que la prothèse avait été remarquablement réalisée.

- Tant mieux ! Au fait, ça fait une éternité que je ne t’ai pas vu avec tes lunettes. »

Pavel esquissa un sourire et un reflet passa sur les verres ovales.

« C’est parce que je ne les mets que pour travailler ou pour lire. Et comme je m’isole toujours dans le premier cas et que ça fait longtemps que je n’ai pas eu le temps de continuer ce roman, c’est normal que tu ne les aies pas vues depuis un moment.

- Elles renforcent ton air sérieux, mais elles te vont bien.

- Merci. »

Sergey se prépara un petit-déjeuner tandis que son frère reprenait sa lecture. Il s’installa à table puis demanda :

« Maman n’est pas là ?

- Elle est partie aider Sinéoka. Depuis qu’elle s’est blessée au bras elle a du mal à s’occuper de sa maison, et comme sa plus jeune prépare son trousseau il faut lui apprendre à broder. Au fait, tu n’avais pas rendez-vous avec Shynar ?

- Si, tu fais bien de me le rappeler ! »

Pavel soupira d’un air amusé et son jumeau s’empressa d’ajouter :

« Je n’avais pas oublié, je n’y pensais juste plus ! »

Il termina son repas puis retourna à l’étage pour se préparer. Une fois vêtu convenablement il redescendit et quitta la maison. Il marcha d’un pas vif jusqu’à l’orée de la forêt et rejoignit la jeune femme qui l’y attendait déjà.

« Sergey ! le salua-t-elle. J’ai failli attendre.

- Désolé, j’ai dormi plus tard que prévu.

- Ce n’est pas grave, comme je me doutais que tu serais fatigué j’ai discuté un peu avec Livio et Rimsky, et je ne suis pas arrivée il y a trop longtemps.

- Je ne suis pas toujours en retard, tu sais.

- Je sais, sourit-elle, mais cette fois j’ai eu raison. Malgré ça je ne t’en veux pas, tu mérites de te reposer.

- Oui, enfin tu te moques un peu de moi quand même. fit-il mine de se plaindre.

- Peut-être. »

Tous deux sourirent et il l’embrassa.

« Je suis heureux de t’avoir retrouvée.

- Moi aussi, tu m’avais manqué. »