Chapitre 19. Gustave / L’Interview

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Je me suis perdu

sur le chemin sinueux

de tes blonds cheveux

Claire est à mes côtés, proche, très proche. Je sens son parfum délicat, raffiné, je suis troublé par les ondulations de sa chevelure.

Sébastien est sur ma droite, il ne regarde pas vraiment Vincent qui va répondre au journaliste, non il ne peut quitter Katia des yeux.

Pendant toute l’interview, la longue tresse de Pearl va caresser le crâne chauve de Vincent.

Amusé, j’improvise :

Une natte

Une simple natte

Une belle natte

Qui sur ton cou

Sur ton épaule

Me rend fou

Natte tu as le pire rôle

Et la natte répondit

O doux ami

De ta calvitie

Je suis folle

Amoureuse

Je la cajole

Silencieuse

La natte doit apaiser Vincent, il répond de façon calme et détendue au journaliste, ce qui n’est guère dans ses habitudes :

— Vous avez choisi de vous raser le crâne ?

— J’ai été viré du lycée, quand j’avais presque 15 ans, parce que mes cheveux étaient trop longs. J’avais des cheveux vraiment longs.

— Quel changement ! C’est étrange votre musique est très engagée, avec des paroles dures et réalistes et pourtant tout reste festif ?

— La musique doit être fun. C’est censé nous soulager de bosser huit heures dans une usine.

— Fun et politique ! Autre paradoxe : il y a une grande violence dans votre répertoire et vous refusez la violence ?

— La violence est toujours le résultat de l’oisiveté, et c’est très facile et c’est très stupide.

— Vos rapports avec l’establishment musical sont mauvais ?

— L’industrie musicale ne peut pas nous contrôler. On ne peut pas être contrôlés.

— Ni payés ?

— Je suis fauché, sans un rond.Il n’y a pas un sou qui rentre. Rien.

— Je comprends, cela doit être difficile. Mais pourquoi avez- vous de si mauvais rapports avec l’industrie du disque ?

— La plupart des producteurs veulent seulement faire faire venir le groupe en studio , le laisser balancer ses chansons et le mettre à la porte.

Je perds un peu le fil. Je connais les réponses de Vincent par cœur : il s’amuse à reprendre , mot pour mot , les interviews de John Lydon. Et personne ne s’en rend compte !

Je suis, aussi, un peu troublé, car loin de s’éloigner de moi, Claire n’a cessé de se rapprocher : je peux entendre son cœur battre.

C’est au tour de Cathie et de de Katia.

— Votre répertoire semble moins politique que celui de Vincent ?

— Pas du tout, répond Katia.

— Au contraire c’est très politique, ajoute Cathie.

— Ce n’est pas le même combat, insiste le Journaliste ?

— C’est un combat parallèle, Cathie va vous expliquer.

— Notre combat est féministe, et c’est aussi une lutte pour le mouvement LGBT. Nous reprenons des chansons de femmes et notre show « sensuel » est là pour montrer qu’il n’y a rien de choquant dans le désir d’une femme pour une autre femme.

— Vous êtes donc homosexuelles ?

— Moi, oui, mais Katia non, hélas.

— Désolé je préfère les beaux bruns sportifs.

Subitement Sébastien devient écarlate. Les questions dérivent sur le mouvement des gilets jaunes. Les jeunes filles expliquent qu’elles sont devenues des figures de proue de la contestation parce qu’elles ne voulaient pas laisser l’extrême droite tout contrôler, mais qu’avec Vincent elles avaient formé un bon groupe et que maintenant c’était « tout pour la musique ».

— Une dernière question : quel était le final prévu pour le concert ?

— C’est très politique, dit Katia, d’un air malicieux.

— Cela sera moins « politiquement correct », que sur scène car nous n’avons plus les sous-vêtements adaptés, ajoute Cathie.

Cathie avance sa chaise et Katia s’allonge sur ses genoux, et, à la surprise générale, relève sa jupe et descend sa culotte. Effrayée Claire quitte la salle. Sébastien hypnotisé, suit les coups portés sur les belles fesses rondes de la jolie brune.

Plus le postérieur de Katia rosit, plus Sébastien devient rouge, voire même rubicond.

Rubicond

Plus rouge que rouge

Ton visage poupon

Est rubicond

Plus rien ne bouge

Tu as des frissons

Proche de la pâmoison

Pierre tendre redoutant la gouge

A tort ou à raison rubicond

Soudain j’entends un cri et le bruit d’une chute : Sébastien vient de s’évanouir !

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