Chapitre 36. Claire / Passion naissante
Une semaine déjà que nous sommes dans notre bulle, la complicité et ce sentiment fort qui nous lie ne cesse de grandir.
Je me rappelle de ce poème qui revient à ma mémoire.
Si la passion est là
Si elle te prend
À chacune des rencontres
Et à chaque échange
Si tu sens
Qu'elle est tapie au fond de toi
Qu'elle ne vienne détruire
Balayer ce qui a été construit
Si ce sentiment t'étouffe, te comprime
Si tu as du mal à l'endiguer
C'est la faute au pouvoir
Des mots
Ces mots qui créent ce lien
Qui unissent et dévorent
En créant le manque
Et perdre raison
Pourras-tu la combattre ?
L'une te soufflera
"Cède et abandonne-toi,
Qu'importe l'issue"
Mais tu hésites et pèses
Le pour et le contre
Il est si facile d'y succomber
Si cette passion
Te laisse pantelante
Que le repos se dérobe
Alors éloigne-toi
Prends tes distances
Car qui sait
Comment tout cela
Se finira...
Je sais que Gustave aimerait aller un cran plus loin, mais une part de moi-même m'empêche de me laisser aller, peut-être une contre-réaction à tout son univers libre et sans attache.
Et puis... Mes quelques malheureuses expériences ne me poussent pas vraiment à tomber dans ses bras. Combien de pauvres amoureux se sont retrouvés éconduits sans rien comprendre, je les ai laissés imaginer les pires raisons sans donner d'explication. Lassés ou vexés, ils sont partis et je me suis sentie à nouveau libre.
Étais-je à la recherche du parfait et idéal prince charmant? bien que sachant qu'il n'existe pas, je ne pouvais m'empêcher de les soumettre à un test et de constater que nul ne dépassait la moitié des critères.
Gustave... Un soupir s'échappe involontairement de mes lèvres. Je ne savais pas encore dans quelle catégorie je pouvais le mettre. Et ce doute me retenait.
Peut-être étais-je trop fleur bleu, rêvant d'une union fidèle et durable et connaissant son passé, comment savoir s'il serait celui qui resterait. Mon coeur se serre, je me rends compte que si je m'attache trop, la souffrance serait au bout de ce chemin.
Oui, combattre cette passion...
— Hello là-dedans ! Vous êtes toujours vivants ?
— Oh ! Bonjour Vincent, merci de passer. Comment allez-vous de votre côté ?
— On tourne un peu en rond ! Et toi, Claire ? Est-ce que tu vas mieux ? Gustave m'a dit que tu toussais beaucoup.
— Merci Vincent, oui j'ai fait une crise qui a duré deux jours, avec de la fièvre, mais je me sens beaucoup mieux aujourd'hui. Mais cela m’arrive de temps en temps, rien de grave. De votre côté, est-ce que tout le monde est en bonne santé ?
— Pour l'instant oui. On évite tout contact avec les autres. D'ailleurs c'est mort ! L'envie me démange d'organiser un concert ou un truc, n'importe quoi, tout plutôt que cette inertie !
— Hé hé ! Si tu cherches de l'action, j'ai peut-être une mission pour toi.
— Tu m'intéresses, qu'est-ce que tu proposes ? Fait vincent le regard pétillant.
— Je voudrais aller voir ce qui se trame dans le campement militaire. Cela fait plusieurs jours qu'on n'a pas de nouvelles de Philippe et malgré mes relances auprès du service médical, ils m'ignorent totalement. Je ne comprends pas.
— Ok ! Je discute avec Pearl et on monte quelque chose. Tu voudrais faire l'excursion quand ?
— Dès que vous êtes prêts, ce soir ou demain soir ? Il faudrait y aller, dès la tombée de la nuit.
— Oh cela me rappelle nos expéditions de jeunesse ! Pearl va A-DO-RER ! Au fait, où est Gustave ?
— Aucune idée. Il m'a juste dit qu'il allait faire un tour. Peut-être le croiseras-tu en repartant.
— Comment ça se passe entre vous deux ? Me lance-t-il avec un clin d'oeil.
Sous son regard, je ne peux m'empêcher de rougir, mais je me contente de faire un vague geste de la main.
Vincent sort de la maison dans un grand éclat de rire.
"Sacré Gustave, cela ne lui fait pas de mal de gamberger un peu..."
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