Chapitre 46. Gustave /Amour et manque
Aimer c'est
Oublier que l'on peut ne plus exister
Aimer c'est
Jouir du printemps dans la neige glacée
Aimer c'est
Voir la beauté des anges cachés
Aimer c'est
Succomber au charme mutin
Aimer c'est
Fermer les yeux imaginer son sein
Aimer c'est
Ne plus trouver cruelle
Belle dame à l'ombrelle
Aimer c'est
Se sentir tendrement nu
Devant un regard inconnu
Ma belle, je t’adresse ce poème d’espoir. Je ne sais que penser de ton dernier mot, je sais seulement que tu me manques de jour en jour.
Oublie Anne-Sophie, je ne lui ai absolument rien promis, je n’ai conclu aucun marché, et elle n’est plus rien pour moi.
Seul compte notre amour, et je te le redis mille fois : je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime.
Ton Gustave
Je relis, plusieurs fois le mot, en maudissant le manque de place. Le garçon m’a prévenu que la surveillance de Claire était de plus en plus étroite, et je me contente d’un minuscule papier chiffonné.
Je parle d’espoir, mais, au fond de moi je n’en ai guère. La mansuétude du colonel ne me surprend pas : Anne-Sophie sait rendre les hommes fous de désir, je ne le sais que trop bien.
Non, j'ai peur de ces « examens » qui donneraient au colonel un bon prétexte pour ne pas tenir ses promesses. Et j’ai peur pour Anne-Sophie, si, en représailles, elle refuse d’honorer ses “engagements “ envers le colonel.
Et le renforcement de la garde n’est pas bon signe.
Je n’ai plus aucune nouvelle de Philippe : que se passe-t-il ?
Tout est noir et triste, mais au milieu de ce désespoir , il y a le visage d’un ange : Claire.
Je l’imagine, je dévore ses yeux , je caresse ses cheveux, je sens la douceur de ses baisers.
Sans le vouloir, je m’égare. Mutine, Claire m’a laissé apercevoir un corps de rêve, vite caché.
Je me perds dans mes rêveries, caresses, tendresses, folle déraison de ses beaux yeux troublés par l’orgasme.
Je préfère passer à autre chose : mon bas-ventre me fait souffrir.
J’envisage l’avenir. Tout se mélange. Un scénario noir est noyé dans le sang et le désespoir. Un scénario rose est rempli de doux rires d‘enfants.
Je suis surpris, jamais , je n’ai envisagé d’avoir des enfants avec Anne-Sophie. Avec Claire, au contraire, tout semble si simple, si naturel. Je souris : je suis vraiment amoureux !
Gustave, la couleur de la vie c’est le gris.Mon père n’a cessé de répéter ces sombres paroles, mais je ne veux pas y croire.
Comme un doux présage, un beau soleil illumine le salon, je chante doucement :
Le soleil
Est entré
Dans mon cœur
Le soleil
Est entré
Dans mon bonheur
Le soleil
Est entré
Dans ma maison
Le soleil
Est entré
Dans ma raison
Le soleil
Est entré
Dans mon passé
Le soleil
Est entré
Dans mes ratés
Le soleil
Est entré
Dans mon ennui
Le soleil
Est entré
Dans ma folie
Le soleil
Est entré
Dans ma vie
Le soleil
Est entré
Le soleil
Est entré
Le soleil
Est entré
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