Il y a des tas de mots
D'amas de souffrance
D'amour et de peine ensevelis

Il y a des tas d'étoiles
Qui scintillent dans la nuit
Mes mots ont cessé de geindre

Qui les entendra
Si ce n'est la grande steppe
Battue de vent froid

Il y a tellement de cris
De belles paroles roulant sur terre
Qu'apporterai-je de plus et de mieux

Mon souffle se perd dans cette obscurité
J'appelle et qui sait s'il m'entendra
Son cœur bat-il encore pour moi ?

J'écris ces mots tout en versant des larmes. J'ai perdu bon nombre de mes amis du village, je les ai vus partir les uns après les autres, hurlant d'impuissance et d'incompréhension. Pourquoi eux et pourquoi suis-je encore vivante ? L'épidémie a décimé la maison de retraite, mon père n'y a pas échappé, ni les jeunes enfants, ni certains nourrissons.

Et mon pauvre Gustave, touché, est sous surveillance malgré ses véhémentes protestations, de nature assez douce, ce virus l'a rendu nerveux et fébrile.

— Ne bougez plus s'il vous plaît. Il nous faut encore cinq flacons.

Je repousse agacée, le bras de l'infirmière, je suis la bête de foire, on ponctionne mon sang, relève mes paramètres cardio-circulatoires, neurologiques, température et autres. Un vrai rat de laboratoire !

Je crois que l'équipe médicale ne comprend pas d'où me vient cette résistance au virus, ils essaient d'élaborer un vaccin à partir de mes anticorps.

Je n'ai qu'une hâte, sortir de cette pièce et aller rendre visite à Vincent, Pearl et bien sûr Gustave. Sébastien pleure la perte de Katia, il ne s'en remet toujours pas.