Chapitre 49. Gustave / Papillons
J’attends le retour de Claire, avec angoisse. Quand elle est proche de moi, tout va bien, dès qu’elle s’éloigne tout s’effondre. J’ai peur, peur de revoir la psychologue.
Certes, j’ai perdu une bonne partie de ma mémoire récente, depuis la maladie, mais ce n’est pas le pire. Elle ne cesse de parler « d’altération de la réalité, de faux souvenirs ».
À part notre profond désespoir après la mort de Katia, tout est trouble, confus, incohérent, dans mon esprit.
Seule la poésie calme mes angoisses. Étrangement la psy me pousse à écrire, pour elle c’est bénéfique.
Je relis mon dernier poème, je sais que je risque de l’oublier, mais pour la psy, je progresse. Je me souviendrai de lui en le relisant. Je triche, un peu, en l’apprenant par cœur !
Papillons Papillons
Le printemps
Est revenu
Papillons Papillons
Vol élégant
Grâce et retenue
Papillons Papillons
Et l éphémère
D une vie nycthémère
Papillons Papillons
Mélitée orangée
Lueur de l encrier
Papillons Papillons
Adorable citron
Connu de tous à raison
Papillons Papillons
Douce aurore
Une génération puis la mort
Papillons Papillons
Sylvain azuré
Jamais manucuré
Papillons Papillons
Cuivré des Marais
Loin de l humain mascaret
Papillons Papillons
Paon du jour
Né pour l amour
Papillons Papillons
Azuré de la bugrane
Fou des gentianes
Papillons Papillons
Hespéries des sanguisorbes
Jouent du théorbe
Papillons Papillons
Piéride de l aubépine
A la rime anodine
Papillons Papillons
Miroir et Flambé
Car il faut s arrêter
Papillons Papillons
Papillons Papillons
Papillons Papillons
Je suis revenu, sans m’en rendre compte à l’absence totale de ponctuation. Mais ce n’est pas le plus gênant : tous mes poèmes se situent « avant », dans ce printemps qui a précédé ma maladie.
Mais le vocabulaire est complexe, et pourtant j’arriverai à tout retenir : je progresse !
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