Vengence et tristesse
Une autre flèche passa du drap bleu-brun de l'eau brunie par la saletée à Aldarisce, la touchent presque.
Un autre essai? Oui. Encore raté. Aldarisce, presque à bouts de souffle, se tournait de gauche à droite, pour éviter la mort presque certaine, maintenant.
Après quelques titubations, elle sortit enfin sa tête de l'eau, et, dans la brume, se rua en nageant le plus vite possbible vers l'autre côté de la rive, là ou personne ne la verrait, surtout pas en cet après-midi très brumeux. Et elle commenca alors à courir, des larmes de crocodiles aux yeux. Elle avait bien mal à la jambe. Une douleur si forte...Elle ne savait point guère combien de temps encore elle survivra. Surtout pas vraiment moins d'une heure ou deux, avec toute cette farendole à sa recherche. Dans une forêt de boulots, encore. À cause qu'il n'y avait pas vraiment de feuilles, les arbres étaient faciles à éviter. Et donc, elle pouvait bien courir, à par le fait qu'elle trébuchait très souvent, distraite par un animal ou deux, ou même juste sa jambe qui trébuchait sur une roche. Mais il y en avait plein, des roches, par le passage de cette forêt. C'était de plus en plus au nord, qu'elle allait. De plus en plus vers les forêts et la neige...Et là vers les plaines...et le grand froid, surtout...Mais là, elle n'avait pas du tout froid. Elle n'était que justement au millieu des deux. À moitié froid, à moitié chaud. Mais un peu plus au sud qu'au Nord. Parce que sinon, elle se serait arrêtée en plein millieu de la forêt pour se faire un bon feu, si il neigeait, ou pire, si il y avait eu du grêlle. Mais, par chance, il n'y en avait pas...Enfin, pour l'instant. Elle ne faisait que courir, et, par un tout petit coin de l'oeil, explorait le paysage magnifiquement différent de celui qu'elle avait connue toute sa vie. Des forêts. Que des forêts de boulots, sur des montagnes, etavec leurs sommets saupoudrées de petite neige douce...Comme chez elle, dans son village. Une petite montagne, un peu de douce neige, et surtout, surtout ce beau paysage qu'elle ne pouvait plus admirer, maintenant qu'elle était en fuite de son village, avec son père de mort, et tout le monde à sa recherche. Très très simple, pourtant, de se perdre dans ses forêts, à Mère-Nature. Une forêt, deux forêts, dix forêts, vingts forêts, cents forêts, quelques milliards de montagnes, et encore quelques forêts. Et tout cela, c'était sur des centaines et des centaines et des centaines de kilomètres de long, de loin. C'était cela tout ce qu'elle voiyait. Pas une seule maison, pas un seul village, pas un seul campement, rien. Personne. Et elle, presque exténuée...Et si il n'y avait qu'une seule personne pour lui tenir compagnie...Elle en voulait à tout prix. Surtout, surtout d'une famille. D'une famille qui venait de la trahir et qu'elle venait de perdre. Son père était maintenant mort, tout le monde la détestait, même que la nuit avant, son père s'était fâchée avec elle à cause qu'elle avait fait taire touts les sons aux alentours. Et là, là, quand elle y repensait, à son père qui se fachait, elle se sentait seule. Pas du tout aimée. Frustrée, fâchée, énormément. Elle ne voulait que retrouver sa famille. Elle se mit alors à ses genoux, et elle pleura. Pleura entremêllés à des cris, et des sortes de guelements si forts que sa gorge se tut aussitôt. Il ne restait que des sortes de couinements qui sortaient de sa bouche, tellement elle était triste. Un sourire de peur et de tristesse s'était addoucit sur son visage, lentement, et, pourtant, si douloureusement...Elle voulait justement retrouver sa vie. Et elle ne voulait point guère du tout mourir. Elle voulait plutôt vivre, se reprendre de cette haine, de cette tristesse. Alors elle cria. Elle cria si fort et si tristement que touts les animaux de la forêt partirent pour l'éviter. Même que, à quelques kilomètres de là, il y avait un groupe d'oiseaux qui courait, et s'envolait à cause de ce cri si triste. Elle était seule...
Si seule...
Elle s'en voulait...
Elle s'en voulait de TOUT...
TOUT...
Elle se haissait. Et alors elle se jura qu'elle allait se venger. Tuer le pêcheur...
L'écorcher vif...
Le mal en elle commencait, peu à peu...
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