chapitre 13

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Sidi s’approche de lui lentement, prenant tout son temps, un large sourire sadique sur les lèvres. Il tient un revolver dans sa main droite et le pointe en direction du visage de l’étudiant, tout en lui disant :

- Tu vois blaireau ! Moi, on ne me menace pas ! Je vais t’apprendre le respect et je te promets qu’il ne restera pas grand-chose de toi, après.

- Toujours des promesses ! s’exclame Shawn entre ses dents.

- T’es un marrant toi ! Putain les gars, c’est ce mec qui vous a emmerdé ? Alors amusez-vous dit Sidi.

Les jeunes ricanent et s’approchent de Shawn, encore accroupi sur le sol qui tente de se relever.

Les deux voyous du bar le relèvent en le tirant violemment par les aisselles. Shawn grimace de douleur, mais ne dit rien. Chacun tient fermement un bras tandis que le sixième voyou se place devant lui avec sa batte. Il s’agit d’un jeune mexicain, avec une casquette d’une équipe de base-ball à l’envers. Il semble prêt à l’abattre sur le crâne du jeune homme.

- T’aurais pas dû intervenir mon gars, t’aurais vécu plus longtemps dit le voyou

- Ouais ! Prépares-toi, ça va faire très mal dit la personne qui lui tient le bras droit.

- Pas autant que pour vous dit Shawn.

Pour son insolence, le mexicain le frappe d’un coup de batte dans le ventre. Shawn retient son cri, ne voulant pas leur donner ce plaisir. Il a le souffle coupé, le ventre en feu et tente de reprendre sa respiration.

- C’était juste un échauffement. J’ai retenu mon coup, mais maintenant tu vas déguster dit le batteur.

Le mexicain s’apprête à frapper à nouveau, mais cette fois en y mettant toute sa force. Il lève son bras bien haut mais quelque chose de surnaturel se produit. Les yeux de Shawn s’illuminent, jusqu'à devenir rouges. Des petites étincelles naissent au coin de ses pupilles avant que des flammes en jaillissent. Elles atteignent la batte de l’agresseur qui prend feu. Les flammes parcourent rapidement la batte, le mexicain est contraint de la lâcher pour ne pas devenir une torche humaine. Mais malheureusement pour lui, il n’a pas été assez rapide pour sa main droite. Il sautille sur place, la main en feu et hurle de douleur. Il ne comprend pas du tout ce qui s’est produit.

Profitant de la confusion et du manque de vigilance des individus qui le retiennent. Le français les frappe en même temps d’un coup de coude dans l’estomac. Puis, il remonte ses bras et leur assène un coup de poing bien senti dans les dents. Après ce petit enchainement, Shawn réussit à se libérer. Les deux voyous reculent, pliés en deux sous la douleur, une main sur leurs visages. L’un d’eux crache du sang ainsi que quelques dents au passage.

Shawn ne compte pas s’arrêter là, frappe d’un coup de pied bien senti les rotules du premier. Puis, il attrape le deuxième par le col de sa veste, le soulève comme s’il était aussi léger qu’une plume et l’envoie voler dans les airs sur plusieurs mètres sans aucune difficulté. Le voyou percute un mur et se brise plusieurs cotes durant le choc violent avant de s’écrouler.

En temps normal, Shawn se serait demander comment il a pu réussir un tel exploit, mais pas aujourd’hui. La colère et l’adrénaline ont pris la relève. Il attaque sans analyser les choses, dans un état semi conscient. Comme s’il savait comme réagir pour éviter les attaques de ses adversaires. C’est son instinct qui prend le dessus et il dispose d’une force qu’il n’aurait jamais cru posséder. Shawn n’est pas vraiment le genre de garçon à fréquenter les salles de musculation, ni à se battre. Mais pourtant là tout de suite, il sent que rien ne pourrait l’arrêter et que ses adversaires n’ont pas l’ombre d’une chance contre lui.

Shawn marche vers le mexicain qui est à genoux en larmes, ce dernier tient sa main brûlée. Il souffle dessus, comme si cela pourrait diminuer sa douleur. Lorsqu’il remarque que Shawn est au-dessus de lui, le surplombant de toute sa hauteur. Il lui jette un regard implorant. Mais aujourd’hui ce n’est pas son jour de chance, Shawn ne connait plus le sens du mot pitié. Il le frappe d’un coup de pied violent en pleine mâchoire. Cette dernière fait un drôle de bruit lors du choc. Le mexicain s’écroule, sonné pour de bon.

- Tu m’enverras la note lui dit Shawn en pensant à la mâchoire qui ne devrait plus être en bon état.

Shawn se tourne vers les trois truands encore valides, qui sont surpris de la manière dont les choses ont tourné. Le jeune étudiant ébauche un large sourire menaçant à faire froid dans le dos. Il secoue les épaules, en faisant la moue, voulant leur faire comprendre qu’il s’attendait à beaucoup plus de résistance de leurs parts. Il est très déçu.

- Tu n’es pas si con que tu en as l’air, t’as pas mal de ressources dit Sidi.

- Je suis content que tu t’en rendes compte mais ce n’est pas ça qui te sauvera. C’est trop tard pour toi !

- Faites-lui la peau crie Sidi à ses deux camarades.

L’un des deux voyous, les cheveux tressés et un piercing monstrueux dans le nez se tourne vers son camarade.

- Laisses le moi, j’ai toujours voulu me servir de mon arme dit-il en sortant un sabre de derrière une poutre.

Shawn écarquille les yeux, il se demande où il a atterri. Il connaît beaucoup de choses sur la violence urbaine mais rien sur ceux armés de sabre. Il se dit que son adversaire a trop regardé de mangas ou de films de samouraï. Le jeune français se concentre, il a les yeux braqués sur la longue lame étincelante.

- Je te jure que tu vas la sentir ! s’exclame le voyou qui s’imagine déjà victorieux

- On va savoir ça très vite dit Shawn, imperturbable.

Le jeune se jette sur Shawn en poussant un cri de guerre. Il tient son sabre a deux mains, la lame étincelante levée et prête à pourfendre son ennemi. Le jeune étudiant esquive d’un pas sur le côté au bon moment. Il entend le sifflement du sabre qui balaye l’air, à l’endroit où il se trouvait quelques secondes plus tôt. Le voyou essaye de le frapper au niveau de la gorge d’un geste horizontal mais Shawn fait un bond en arrière. La lame l’effleure presque. Il recule et tente de se concentrer le plus possible, n’ayant aucune envie de finir découper comme un saucisson.

Il doit reconnaitre que son agresseur n’est pas mauvais dans le maniement du sabre et qu’il doit avoir plusieurs années d’entrainement à son actif. Finalement le sabre n’était pas juste là pour épater la galerie. Mais Shawn reste serein, c’est comme s’il connaissait les attaques de son adversaire avant que celui-ci les exécute.

C’est comme s’il était doté d’un sixième sens, un peu comme « Spiderman » avec son sens d’araignée. Le voyou s’excite, il se rend compte qu’il ne fait que rater sa cible alors que celle-ci n’est même pas armée. Il hurle de frustration en agitant son arme dans tous les sens. Shawn ne se rend pas compte pas de la situation, il agit à l’instinct.

Le sabreur commence à fatiguer à force de faire des moulinés dans le vide. De la sueur dégouline le long de son visage et le jeune étudiant voit de la terreur dans ses yeux lorsque le voyou le voit sourire à nouveau. Le possesseur du sabre essaye de ne rien laisser paraître, continuant à parler pour se donner du courage :

- Tu fais dans ton froc, c’était juste mon entraînement. Je vais te tailler un costard et même ta mère ne te reconnaîtra pas.

Il se lance sur Shawn mais celui-ci agit très rapidement, fais une rotation à 180° degrés sur le côté et se met devant son adversaire. Il le désarme sans grande difficulté. Le voyou impuissant, voit son arme tomber au sol, hors d’atteinte. Il fait la moue, s’attendant au pire.

- Tu sais quoi, je n’ai pas de mère ! s’exclame Shawn

Il le frappe d’un coup de tête bien senti, puis le saisissant par le col de sa veste, il lui enfonce la tête dans le mur à côté. La tête de son agresseur laisse une grosse trace sur le mur, des morceaux de plâtres tombent au sol. Le sabreur s’écroule groggy, il a eu son compte.

Shawn ne se contrôle plus, la colère l’emporte, son pouls s’accélère et ses mains commencent à devenir rouges. Une teinte semblable à la couleur du sang. Il n’a pas supporté les dernières paroles de son adversaire. Sa mère est un sujet sensible.

Il regarde autour de lui, le voyou qu’il a frappé dans les rotules s’est relevé et a rejoint un de ses camarades encore debout. Tous les deux se dirigent vers lui avec des envies de meurtre dans le regard. Ils se disent qu’à deux, Shawn n’a aucune chance de les vaincre. Que l’union fait la force ! Cette technique aurait pu fonctionner sur une personne lambda, mais Shawn n’est pas n’importe qui et ils s’apprêtent à le découvrir à leurs dépens.

Le jeune homme ne sait pas vraiment ce qu’il fait, son corps réagit pour lui, lui donnant l’impression d’être juste un spectateur et non pas la personne qui réalise une telle prouesse. Shawn pousse un cri tout en levant les deux bras, tendus à l’horizontale. Les deux mains ouvertes, les paumes braquées sur chacun des deux voyous qui se dirigent, droit sur lui.

Le jeune noir sent ses veines le brûler, les paumes de ses mains deviennent rouges vives. Il sent comme des picotements dans ses mains, qui deviennent de plus en plus intense. Shawn a l’impression que ses mains vont s’ouvrir en deux, la douleur est épouvantable, mais il arrive à la supporter.

Il ne saurait l’expliquer mais il sent qu’il doit laisser le processus se mettre en place. Une sensation étrange lui traverse le long de son bras. Comme si l’énergie véhiculée de tout son être, remontée dans son avant-bras. Pour prendre tout son essor dans sa main et qu’en arrivant à ce point, une explosion se déclenchait.

C’est littéralement ce qui se produit. Soudain, comme par magie, deux boules de feu sortent de ses paumes et foncent dans un bruit incroyable vers ces deux adversaires. Elles les percutent en plein ventre. Les voyous n’ont pas le temps de comprendre ce qui leur arrivent. Ils volent dans les airs sur plusieurs mètres sous la force de l’impact, avant de s’écrouler et de glisser sur le sol, inconscients.

Les flammes ne les ont pas brûlées, elles leur laissent juste des traces noires, comme de la suie, sur les vêtements. Puis les boules continuent leur course et explosent avec fracas contre le mur au fond du gymnase. Des flammes virevoltent un peu partout. L’intérieur de l’édifice qui n’était déjà pas en très bon état, commence à prendre feu.

Personne n’arrive à croire ce qui vient se produire, Shawn le premier. Il se demande s’il n’était pas en train de rêver. Comment une telle chose peut être possible ? Cela dépasse l’entendement. S’il en parlait à quiconque, on l’enfermerait illico presto dans un asile et on jetterait la clef. Mais pourtant, tout est réel, il vient de réaliser un acte totalement surhumain. Il a l’impression d’être un super héros ou un dieu, en tout cas d’être devenu tout puissant.

Une sensation enivrante le parcourt. Il a envie de créer à nouveau ces boules, même s’il ignore comment il a fait pour les matérialiser. Le jeune étudiant regarde les paumes de ses mains. Ces dernières sont toujours rouges mais reprennent petit à petit leurs teintes normales. Il est tellement surpris qu’il en a oublié son dernier adversaire, qui est le plus dangereux.

Sidi ne prend pas de risque, il ouvre le feu avec son arme. Il veut en finir une bonne fois pour toute avec Shawn. Il s’en fiche de le tuer, voulant se débarrasser de la menace qu’il représente. Il a trop peur de finir comme ses camarades. Mais à ce moment, Shawn fait une nouvelle fois, une action stupéfiante. C’est totalement inné, il n’en a pas vraiment conscience avant de le réaliser.

Rapide comme l’éclair, il tend ses paumes en direction du sol et en une fraction de seconde, il s’envole dans les airs sur plus de deux mètres de hauteur. Il évite ainsi le projectile qui lui était destiné, avant d’atterrir quelques mètres plus loin. Ses mains dégagent de la pression, une sorte de gaz qui lui permet de s’envoler dans les airs. Ce gaz qu’il sécrète lui permet de réaliser du feu mais également de voler quand les boules ne sont pas créés. Il n’en revient pas. Ne comprenant pas du tout comment tout cela fonctionne.

Le coup de feu a atteint un des jeunes qui se trouver derrière Shawn. Ce dernier venait tout juste de trouver la force de se relever. Il écarquille les yeux, une blessure béante au niveau de la poitrine. Il n’en revient pas que son camarade lui ait tiré dessus. Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais aucun son n’en sort. Il s’écroule sur le sol, raide mort.

Sidi écarquilles les yeux de terreur. Il ne comprend pas comment la situation a pu autant lui échapper alors que tout semblait sous contrôle. Shawn ne pourrait pas l’aider à mieux percevoir les choses, mais en même temps, il s’en fiche. Pour le moment ce n’est pas sa priorité. Tout ce qui l’intéresse, c’est de les empêcher de nuire à nouveau et de ce côté-là, il assure.

Il échange un long regard avec le chef de gang et sourit en voyant son visage apeuré. Ce dernier tremble de tout son corps. C’est une sensation jouissive pour le jeune noir, la tendance c’est inversé. Sidi donnerait tout pour prendre ses jambes à son cou et mettre le plus de distance entre lui et ce démon. Mais il sait que Shawn ne lui en laissera pas l’occasion. Il ne fera pas dix mètres qu’il l’aurait rattrapé. Il ne voit pas d’issue à la situation, mais compte donner tout ce qu’il a dans un assaut final.

Shawn prend de plus en plus confiance en lui et fait à nouveau le même geste. Il s’envole dans les airs, décidé à percuter le voyou en pleine face. Mais, il calcule mal l’atterrissage et s’écroule sur le sol à quelques mètres de sa cible. Il roule sur le sol, afin de rapidement se relever, tout en se maudissant, d’avoir si mal joué son coup. Tout n’est pas fini, il doit rester concentrer s’il veut s’en sortir et il doit surtout arrêter de se croire tout puissant.

Sidi profite de cette occasion pour s’enfuir, courant vers la sortie en criant, totalement paniqué. Shawn le regarde en fronçant les sourcils, il n’a pas du tout l’intention de le laisser s’en tirer à si bon compte. Il veut le faire payer, le faire souffrir à petit feu. Normalement Shawn n’est pas du tout une personne sadique. Il déteste s’en prendre aux gens, ayant été élevé avec d’autres principes.

Mais aujourd’hui, il n’est plus lui-même. C’est comme s’il s’agissait d’une autre personne qui contrôlait ses faits et gestes. Même si c’est une idée simpliste, on a tous au fond de nous deux personnalités. Une bonne et une mauvaise. En ce moment, c’est la mauvaise qui a pris le contrôle de Shawn. Sa conscience a disparu au plus profond de son être, ne laissant que le chaos et l’envie de meurtre dans son esprit.

Il fait des petits gestes nonchalants de la main en direction de Sidi, ce qui envoie plusieurs boules de feu qui explosent au sol. Elles répandent des flammes qui montent à plus d’un mètre de hauteur, jusqu’à former un cercle tout autour du truand. Il est totalement encerclé, ce dernier n’a pas le choix et s’arrête sur sa lancée, complètement bloqué. Le jeune étudiant arrive à créer des boules de feu sans difficulté. Il a juste à penser à les matérialiser, à ressentir une important colère et la seconde d’après, les boules apparaissent comme par magie.

Sidi est rapidement en sueur, la chaleur atteint un degré insupportable. Il sent ses forces le quitter petit à petit. Le chef du gang lutte pour ne pas perdre connaissance et chercher un moyen de s’échapper. Mais il est pris au piège au milieu de ce feu intense.

Il grimace et se demande s’il ne fait pas un cauchemar. Ce qu’il vit est impossible, ce calvaire ne peut être réel. Soudain il écarquille les yeux de surprise lorsqu’il voit comme par magie, Shawn surgir d’entre les flammes, sans ressentir la moindre douleur. Les flammes ne le brûlent pas, c’est lui qui les contrôle. C’est comme s’il passait sous une cascade d’eau et que les flammes le caressaient.

Sidi tente le tout pour le tout, il braque son arme sur Shawn mais ce dernier, rapide comme l’éclair, le désarme et lui casse le bras par la même occasion. L’arme tombe entre les flammes, inaccessible avant de commencer à fondre. Sidi pousse un cri et pose un genou à terre sous la vague de douleur qui lui monte jusqu’au cerveau.

Shawn le dévisage de toute sa hauteur, il se sent plus calme, plus serein. Sa conscience est revenue. Il ne veut pas tuer son adversaire, il n’est pas un meurtrier. Il n’a aucune envie d’avoir son sang sur les mains. Ce dernier ne mérite pas que Shawn vive avec un tel fardeau sur les épaules.

- C’en est fini de toi! s’exclame Shawn, d’une voix impérieuse.

Shawn tourne le dos, ne prêtant plus attention à son adversaire, ne le considérant plus comme une menace. Il s’apprête à sortir du cercle de flammes, lorsqu’il entend Sidi ricaner:

- C’est ça casses-toi. Dès que je sors, je m’occupe de ta copine, on verra si elle a toujours le même sourire après que je lui sois passé dessus !

Shawn sent une rage qu’il ne se connaissait pas le parcourir. Une bouffée de chaleur parcourt toutes les fibres de son corps. Il oublie tous les principes inculqués, comme « tu ne feras pas de mal à ton prochain », « tu ne tueras point ! ». Plus rien n’a d’importance, tout ce qui compte, c’est de faire taire une bonne fois pour toute son adversaire et de lui faire ravaler ses paroles.

Il fait volte-face et attrape Sidi par la gorge, le soulève au-dessus du sol en hurlant. Il a les yeux rouges, étincelants de flammes. Il est furieux, sent toute sa colère parcourir son avant-bras et sa main qui tient Sidi prend une teinte rouge incandescente.

Ce dernier tente de se dégager, commençant à suffoquer mais la poigne de Shawn est trop solide. Puis, Sidi commence à hurler de douleur, lorsque la main de Shawn dégage une trop forte chaleur qui lui brule la gorge. Sa peau se brunit de plus en plus. Le chef des voyous ne peut rien faire pour y échapper, il ne fait pas le poids face au jeune homme. Il se débat inutilement, essaye d’agripper, de tirer sur le bras de Shawn. Mais ce dernier ne compte pas le laisser partir et les coups de pieds que Sidi lui distribuent, n’ont aucun effet.

Tout son corps commence à brûler, la combustion est rapide. Les hurlements de Sidi diminuent, finissant par devenir un rauque lugubre. Ses cordes vocales ayant explosées sous la morsure de la chaleur. Les flammes autour de lui commencent à grossir, comme si elles étaient en résonnance avec la colère de son créateur et brûlent le sol ainsi que tout ce qui est autour. Tout le gymnase prend feu, donnant l’impression d’assister à une scène de l’apocalypse ou de se trouver devant les portes de l’enfer.

- Tu ne la toucheras pas ! hurle Shawn.

Shawn n’arrive pas à trouver la force nécessaire pour le lâcher. C’est un combat intérieur entre sa colère et sa conscience. Au bout d’un certain temps le corps de Sidi devient tout flasque et sans vie. C’est à ce moment que Shawn se rend compte de ce qu’il vient de faire. Il lâche précipitamment le corps qui s’écroule sur le sol, avant d’être recouvert par les flammes.

Mais Shawn a tout de même eu le temps de voir le visage défiguré par la douleur du jeune homme, à moitié calciné. Une image horrible qu’il n’est pas prêt d’oublier. Le côté obscur de son être a pris le contrôle et l’a conduit à une telle situation. Jamais il ne se serait cru capable d’agir ainsi, qu’il lui soit si facile de prendre une vie. C’est la première fois qu’il côtoie la mort de si prés.

Le jeune homme s’empresse de sortir du cercle de feu, voulant mettre le plus de distance entre lui et le cadavre du chef du gang. Il n’arrive pas à croire le ravage qu’il a fait, il n’avait pas conscience que les choses avaient tourné ainsi, il était plongé dans un état second. Le gymnase brûle de tout part, des longues flammes caressent les murs et embrasent les paniers de baskets et les cages de hand ball.

- Oh, mon Dieu, mais qu’est ce qui m’arrives !

Il veut à tout prix disparaitre le plus loin possible. Shawn n’a aucune envie de rencontrer des voisins qui auraient été alerté par l’incendie. Il ne veut pas qu’on le reconnaisse et qu’on l’arrête en tant que pyromane et assassin. Sa vie ne peut pas se terminer ainsi, il le refuse. Tout ce qu’il souhaite, c’est retourner à l’hôpital et rester au chevet de Sarah. Il se sentira en paix auprès d’elle et c’est ce qu’il souhaite de tout son être. Mais pour y arriver, il doit partir tout de suite, il n’a pas une minute à perdre. Il arrête de réfléchir et se dirige vers la sortie de derrière en courant.

C’est la première fois qu’il tue quelqu’un et il espère que ce sera la dernière. C’est un sentiment particulier, mais en même temps, bizarrement il ne ressent aucune honte. Il n’est pas du tout désolé de ce qu’il vient de faire. C’est assez étrange, cela ne lui ressemble pas, il a tiré une certaine jouissance d’utiliser ses pouvoirs. Il se dit qu’il n’a peut-être pas encore conscience de son acte, la culpabilité viendra après, mais au fond de lui, il a quelques doutes.

Une fois à l’extérieur, il respire un bon bol d’air pur, cela lui fait du bien après les vagues de fumée, présente dans le gymnase. Il se rappelle soudain Jamie et court vers le lieu où ce dernier se trouve.

A son arrivé, le jeune américain commence juste à s’agiter, il se penche au-dessus de lui et l’aide à se relever. Jamie grimace, ressentant une douleur au crâne et a du mal à bien ouvrir les yeux.

- Wouah ! Un avion m’est tombé dessus ou quoi (puis voyant Shawn) Qu’est-ce que tu fais là ?

- Je ne pouvais pas te laisser partir tout seul et je suis tombé sur toi inconscient. Tu m’as foutu une de ces peurs !

- Je ne me rappelle de rien, j’ai la gueule de bois mais je n’ai pas bu une goutte. Je suis resté inconscient longtemps.

- Je ne sais pas trop ! Tu as pu les voir ?

Jamie secoue négativement la tête et soudain voit des flammes et de la fumée sortir du gymnase.

- Ce n’est pas croyable, regarde ! Le gymnase prend feu, c’est là où ils se cachaient, faut qu’on aille voir.

- J’ai déjà voulu m’approcher mais l’incendie est trop fort. Regardes l’état de mes vêtements, et pourtant je ne suis pas entré dedans. Après, on va penser que c’est nous qui sommes dans le coup, on s’en va dit Shawn.

- Comme quoi, il y’a une justice !

Il ne veut pas revoir les voyous qui ont survécu et qui ont pu s’enfuir. Il a trop peur qu’ils parlent de lui et de ses pouvoirs. Jamie acquiesce de la tête et les deux amis font demi-tour, retournant à l’hôpital. Au fond de lui Jamie espère que les jeunes étaient présents dans le gymnase et qu’ils ont brûlé vifs. Personne ne touche à Sarah, sans en payer le prix, même s’il sait que c’est la colère qui le fait parler ainsi.

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