chapitre 33

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Sept heures plus tard. Shawn ouvre les yeux, sortant d’un long sommeil réparateur. Il ne se rappelle pas s’être assoupi, l’épuisement a gagné le combat et il lui a été impossible de lutter. Il sort de ses rêveries, les paupières encore lourdes et regarde le sofa en face de lui. Ce dernier est vide. Shawn se lève d’un bond, l’adrénaline le réveille d’un coup. Il se demande où le garçon a bien pu disparaitre. Il s’en veut de s’être endormi alors qu’il devait le surveiller. Encore une fois, il a manqué de vigilance. Il n’apprendra donc jamais de ses erreurs.

Le jeune français se tourne vers la porte d’entrée et découvre le garçon qui s’apprête à franchir la porte d’entrée. Ce dernier tient dans ses mains un paquet de chips, volé certainement dans la cuisine de Cheyenne. Shawn sait qu’il a eu de la chance. Si le jeune garçon avait été un psychopathe, il aurait eu tout le loisir de le tuer dans son sommeil, tout comme Cheyenne. Shawn a baissé sa garde, la situation aurait pu tourner au massacre, il ne le connait pas du tout.

- Je vois que ce n’est pas la reconnaissance qui t’étouffe ! On peut savoir où tu vas comme ça ? demande Shawn, ne faisant pas mine de bouger.

Si le garçon veut s’enfuir, il ne lui courra pas après. C’est à ce dernier de faire ses propres choix, mais Shawn ne l’aidera pas une seconde fois. Surtout pour obtenir ce genre de remerciements.

- Laisses moi tranquille, je ne t’ai rien demandé dit le garçon, sur la défensive, prêt à s’élancer hors de la maison en courant.

- Tu pourrais quand même le remercier ! Sans lui, tu serais sans doute mort de froid à l’heure qu’il est dit Cheyenne qui descend tranquillement l’escalier.

Shawn salue son amie d’un hochement de la tête avant de se tourner vers le petit garçon. Il fait mine de lever les bras en l’air pour lui montrer qu’il ne s’en prendra pas à lui.

- On ne te veut aucun mal, on voudrait juste savoir ce qui t’es arrivé. J’ai été inquiet pour toi.

- Pourquoi ? Tu ne me connais pas ? demande le garçon, n’y voyant aucune logique.

- Même des inconnus peuvent se soucier des autres, nous ne sommes pas des barbares lui répond Shawn, en haussant les épaules.

L’étudiant n’a aucune envie d’expliquer qu’il a le pressentiment qu’il doit prendre soin du garçon. Il ne veut pas le faire paniquer d’avantage. Ce n’est pas ainsi qu’il lui permettra de se détendre et de se confier.

- Tu peux garder le paquet de chips dit Cheyenne avec un sourire chaleureux au coin des lèvres.

Le garçon fait la moue, se sentant penaud d’avoir été pris en flagrant délit de vol, alors que les deux jeunes lui ont offert un toit pour la nuit. Shawn lui fait signe de s’assoir et de se détendre.

- Et si tu commençais par nous raconter ton histoire. Comment tu t’es retrouvé là ?

- Je vais préparer un vrai petit déjeuner pendant ce temps dit Cheyenne, préférant laisser les deux garçons seul à seul.

Shawn sourit au garçon. Il ne sait pas pourquoi mais il a vraiment envie de l’aider. C’est comme s’il avait reçu un message de son sixième sens. Il doit s’occuper de ce petit et cette fois pas besoin de revêtir un costume ou de combattre le crime.

Le garçon fait la moue, pas très désireux de parler de lui à des inconnus. Mais il finit par se détendre et s’installe dans le sofa, avant de commencer à parler.

- Je m’appelle Justin et j’ai 11 ans.

- Enchanté Justin, moi c’est Shawn et mon amie à la cuisine, c’est Cheyenne. C’est elle qui nous a accueillis.

- Vous me promettez que vous ne direz rien à personne et surtout pas à la police. Je ne veux pas d’ennui.

- Détends-toi ! Je te le promets. Continue !

- Mes parents ont eu un accident en début d’année. Je n’ai plus de famille alors on m’a foutu dans un orphelinat. Je déteste cet endroit, plutôt mourir qu’y rester pour noël alors je me suis barré dit Justin, d’une voix étranglée par le chagrin, essayant de retenir ses larmes.

Cheyenne était sortie de la cuisine pour écouter l’histoire. Puis en voyant que le garçon commence à pleurer, elle s’assoit à ses côtés. Elle le prend dans ses bras, pour lui apporter du réconfort, comme seule une personne du sexe féminin sait le faire.

Au départ Shawn ne dit rien et ne fais pas mine de bouger. Il a été ému par l’histoire de Justin et il le comprend très bien, venant lui aussi d’un établissement similaire. Justin lui rappelle son enfance, il a l’impression de se retrouver dans la peau du jeune fuyard. Le jeune homme commence à comprendre ses pressentiments, même s’il ne les explique pas encore. Pourquoi réagit-il ainsi ? Est-ce que ce serait le destin qui essayerait de lui faire passer un message ? Ou est-ce que ce serait un moyen de mieux appréhender son passé, en aidant Justin ? Il l’ignore totalement. Même s’il se doute que tout est lié. On dit souvent que la vie réserve bien des surprises et que les rencontres ne sont pas le fruit du hasard. Shawn commence à le croire de plus en plus.

- Alors, vous n’allez pas me renvoyer las bas ? demande Justin, d’une voix qui manque d’assurance.

- Ils doivent se faire beaucoup de soucis. Tout le monde doit être à ta recherche dit Cheyenne.

- Je m’en fiche, vous ne savez pas ce que c’est la vie las bas. Je n’y retournerai jamais répond Justin, sur le ton de la colère.

Shawn se rappelle qu’il éprouvait la même colère lorsqu’il avait son âge. Il avait fini par se mettre tout le monde à dos et on l’a rejeté. Il avait aussi pensé à s’enfuir, mais il ne l’a jamais fait, manquant cruellement de courage. Et de toute façon, il ne savait pas où aller. Il ne veut pas que Justin se sente rejeté à son tour.

Soudain une idée lui traverse l’esprit. Il se tourne vers Cheyenne avec un petit sourire au coin. Celle-ci plisse les sourcils en voyant le regard de son ami. La jeune fille connaît ce regard, elle se demande quelle idée farfelue lui a traversé l’esprit. Mais elle sait d’avance que cela ne va pas lui plaire. Shawn fait face à Justin et lui dit :

- Je te comprends mieux que tu ne le crois. J’ai vécu moi aussi dans un orphelinat. Je sais très bien ce que ce que tu endures. Tu es courageux, tu le sais j’espère.

A peine a t’il prononcé ses mots que le regard de Justin change du tout au tout, passant de la colère à de l’admiration. Shawn sait qu’il va devoir apprendre à être responsable, s’il veut l’aider. Et surtout s’il veut se montrer à la hauteur de l’admiration que lui porte son nouveau protégé.

- Justin, je voudrai te proposer quelque chose. Je sais que ce n’est pas grand chose et que tu ne me connais pas. Mais je suis seul ici et je serais très heureux si tu acceptais de passer noël en ma compagnie. Ce ne sera pas un grand repas, juste un truc sympa. On passera un bon moment. Je te raconterai des trucs sur les orphelinats.

- Ça serait super !

- Mais par contre, je n’ai qu’une seule condition. Je te ramènerai moi même à l’orphelinat le lendemain. Crois-moi, fuir n’est pas la solution. Je te promets de te faire passer des fêtes mémorables. Alors, qu’est ce que tu en dis ?

Justin fait la moue, réfléchissant quelques secondes avant de finir par hocher la tête.

- Ok, génial, tape là dit Shawn en levant sa main droite.

Les deux garçons se tapent dans la main, comme deux enfants qui viennent de sceller un pacte. Cheyenne secoue la tête, en souriant, se demandant dans quel pétrin Shawn vient encore de se fourrer. Mais elle doit reconnaitre qu’il a eu une très bonne idée et elle espère que ce plan ne se retournera pas contre lui.

Au même moment, au nord de la ville, une voiture se gare devant le plus grand cimetière de la ville de Chicago. Il s’agit de Rose Hill Cemetery. Peterson coupe le moteur et se tourne vers le siège ou se trouve Cross.

Aucun des deux n’a prononcé le moindre mot durant tout le trajet. Un silence pesant s’est installé, que personne ne fait l’effort de rompre. Les vingt minutes de trajet semblent avoir duré une éternité pour le conducteur, mais il n’en laisse rien paraître.

Peterson n’a pas arrêté de se triturer le cerveau pour comprendre pourquoi Cross lui a demandé de l’accompagner. Ce n’est surement pas anodin. Rien n’est jamais innocent avec son supérieur. Cross pourrait avoir des dizaines de chauffeur à ses ordres. Alors pourquoi lui ? Il n’aime pas tous ces secrets, mais il connaît son directeur. Ce dernier ne lui dira rien s’il ne le souhaite pas. Il reste donc patient, attendant le bon vouloir de son responsable.

- Nous sommes arrivés monsieur.

L’agent se demande si Cross l’a entendu car ce dernier n’a aucune réaction. Puis au bout d’un court moment de silence, le directeur lui dit sur un ton monocorde :

- Venez avec moi, vous devez rencontrer quelqu’un.

Les deux hommes descendent de voiture et se dirigent vers l’entrée. Le lieu est très bien entretenu, le rendu des tombes est assez élégant. Il s’agit d’un cimetière qui coûte très cher à entretenir. Peterson ne connaît personne qui a été enterré à cet endroit, à part quelques célébrités et d’anciens politiciens. Mais personne de proche. C’est un peu le cimetière pour personnes aisées.

Peterson a toujours voulu être enterré dans un lieu paisible. Comme au milieu d’une prairie, quelque chose de simple, loin de toute agitation. Cela a le don de mettre sa femme dans tous ces états lorsqu’il commence à aborder le sujet. Elle déteste entendre parler de morts et d’enterrement. Peterson s’amuse parfois à la titiller en amenant le sujet sur un plateau.

Cross semble connaitre parfaitement les lieux, se déplaçant comme s’il était chez lui. N’hésitant jamais, alors que le cimetière ressemble à un grand labyrinthe pour Peterson. Le directeur se dirige vers la droite, marche sur prés de 50 mètres avant de s’arrêter devant une pierre tombale majestueuse. Une grande croix blanche, avec des anges autour. Cross se met à genou devant celle-ci. Il ferme les yeux et reste silencieux, comme lancé dans une prière muette.

Peterson reste quelques mètres en arrière afin de laisser de l’intimité à son supérieur. Il en profite pour lire le nom figurant sur la pierre tombale. Quel n’est pas sa surprise lorsqu’il découvre qu’il se trouve devant la tombe de Peter Cross. Feu, le père de son supérieur. C’était une légende vivante dans le milieu. Tout le monde le connaissait ou avait entendu parler de lui.

- Joyeuses fêtes, papa dit Cross avant de poser une main sur la tombe de son père.

C’est comme s’il essayait de rentrer en contact par la pensée avec ce dernier. Peterson ne peut s’empêcher de se demander pourquoi son supérieur a tenu à ce qu’il l’accompagne. Surtout pour une démarche aussi personnelle. Son supérieur n’est pas du genre à vouloir partager sa vie privée et surtout pas avec ses subordonnés. Le décès du père de Cross a toujours été un mystère. Un sujet houleux dont personne n’ose parler à l’agence.

Peterson ignore ce qui est vraiment arrivé. Comme tout le monde, il a eu vent des rumeurs qui ont circulé. Mais il n’a jamais osé poser la moindre question, ne sachant pas comment son supérieur pouvait réagir. Ce n’est pas comme si Cross n’était pas du genre colérique.

Tout en restant dans la même position et sans prendre la peine de se retourner, Cross lui dit :

- Vous, vous demandez sans doute pourquoi je vous ai trainé ici ?

- Je vous avouerai que la question m’ait passé par la tête.

- Mon père a été le fondateur de l’agence pour laquelle nous travaillons. Il travaillait dur sur l’histoire de Satan et de sa progéniture. Au départ ce n’était qu’une légende. Son enquête est devenue une vraie obsession. Il a fini par tout perdre, ses amis, sa réputation, sa famille et même la vie. Tant de sacrifices pour au final… rien.

- Je suis vraiment navré dit Peterson d’une voix peinée.

- Vous n’avez pas à l’être. J’aimais mon père…à ma façon ! J’ai voulu lui ressembler, le rendre fier, mais il n’a pas été assez malin. Je ne commettrai pas la même erreur. Il a été la risée de l’agence à cause de mauvais choix et de la confiance qu’il avait en un homme. Il a perdu toute crédibilité et cela l’a achevé. On l’a retrouvé dans un motel où il s’était fait explosé le crâne avec son arme de service.

- C’est horrible ! s’exclame Peterson, qui connaissait déjà cette version de l’histoire.

- Mais ce que les gens ignorent. C’est que ce qui c’est réellement déroulé, est tout autre.

- Que voulez vous dire ? demande Peterson, intrigué et désireux d’en savoir plus.

- Je sais que mon père ne s’est pas suicidé. D’après certains témoins, il y aurait eu une autre personne avec lui dans la chambre. Mais personne n’a pu l’identifier. L’agence a préféré étouffé l’affaire. Je suis sûr que la personne qui l’a poussé à cet acte n’est autre que Satan.

Peterson écarquille les yeux sous la surprise de la nouvelle, n’arrivant pas à y croire. Il ne s’attendait pas à ce type de révélation. Il ne peut s’empêcher de se demander pourquoi Cross lui confie une telle histoire. Cela semble tellement gros et impensable. L’étonnement de son bras droit ne passe pas inaperçu aux yeux du directeur. Mais il se contente de sourire et de toucher une dernière fois la tombe de son paternel.

- Je laverai le nom de mon père. Je vais mettre un point final à toute cette histoire et je ne m’embarrasserai d’aucun scrupule.

Peterson hoche la tête mais n’arrive pas à retenir plus longtemps la question qui lui brûle les lèvres.

- Monsieur, Pourquoi me dire tout cela ?

Cross se remet lentement debout avant de se tourner vers son adjoint. Son regard est implacable, on peut y lire une détermination à toute épreuve.

- Après le message du cimetière, ils nous déclarent ouvertement la guerre. Et je voulais vous prévenir que je compte bien répondre à leur appel. Je ne me reposerai pas temps que nous ne les aurons pas mis hors d’état de nuire, de façon permanente.

Peterson n’ose rien ajouter. Et de toute façon, cela serait inutile. Son patron est décidé à tous les éliminer. Pour lui, ces « individus » n’ont pas de droits. C’est une véritable vengeance pour Cross, qui ne sera assouvi qu’avec leurs morts. Il sait que quoi qu’il arrive, il suivra son supérieur. Mais aller jusqu’à commettre des meurtres en toute impunité, cela lui semble impensable. Ce n’est pas comme s’il n’avait jamais tué personne. Mais toujours dans l’exercice de ses fonctions. Même s’il est vrai qu’il était prêt à tuer la première personne qui se serait mise sur son chemin, lorsque sa fille a été kidnappée.

Il sait qu’il ne s’agit, pour le moment, que de jeunes hommes qui viennent à peine de découvrir comment se raser. Mais bientôt, ils seront des hommes et à ce moment, il sera trop tard. Ils seront trop puissants. C’est maintenant qu’ils doivent les arrêter. Tant qu’ils ne maitrisent pas encore l’étendu de leurs capacités. Ils sont déjà très forts. Peterson a pu s’en rendre compte de ses propres yeux. Plus ils prendront de l’âge, plus leur pouvoir hallucinant sera grand. Le C.A.S ne peut pas le permettre. Ils sont des êtres nuisibles qui n’ont pas leurs places dans cette société. Peterson doit juste commencer à s’en convaincre.

Il sait qu’il doit arrêter de jouer les candides. Il n’a pas toujours été ainsi. Avant rien ne pouvait l’atteindre. Peu importe les moyens ou les sacrifices, il allait toujours au bout de ses enquêtes. C’est d’ailleurs grâce à cette réputation qu’il a pu intégrer le C.A.S. Mais tout a changé le jour où il est devenu père. Il s’est assagi et il lui a fallu du temps pour s’en rendre compte. Maintenant, il tente de jongler avec tout ça. Afin de rester le plus efficient dans son domaine, tout en étant un bon époux et un bon père de famille.

- Vous vouliez savoir si je vous suivrai dans votre croisade. Je me trompe ?

- Vous avez tout bon ! Vous êtes mon bras droit, j’ai besoin de vous. Je dois m’assurer que vous serez prêt, à faire tout ce qui sera nécessaire. Je ne peux pas m’embarrasser d’une personne ayant des scrupules. Je veux que vous juriez sur la tombe de mon père de faire tout ce qui en œuvre et d’aller jusqu’au bout.

- Vous pouvez compter sur moi déclame Peterson, sur un ton solennel.

Son supérieur ne répond pas tout de suite. Le scrutant d’un regard perçant, afin de s’assurer que ce dernier est bien loyal. Qu’il a conscience des engagements qui sont en jeu. Puis, il finit par hocher la tête, tout en disant :

- Je savais que je pouvais compter sur vous. La guerre va être sans pitié dit Cross avec un large sourire carnassier sur les lèvres.

Le directeur du CAS embrasse la croix de son père avant de rebrousser chemin, sans un regard en arrière. Peterson salue la tombe d’un air solennel avant de s’empresser de rattraper son supérieur.

Le fait d’avoir une discussion avec Cross lui a redonné de l’énergie. Ce dernier est vraiment doué pour savoir comment motiver ses troupes. Il comprend qu’il soit à la tête d’une telle entreprise. Peterson sait qu’il fera tout pour aider son supérieur dans cette tâche, presque biblique. Mais il s’autorise à réfléchir à deux fois s’il doit tuer une de leurs cibles. Il n’est pas un assassin de sang froid et n’a aucunement l’intention de le devenir.

Mais il ne pouvait pas parler ainsi avec Cross. Son supérieur lui aurait retiré ses attributions en une fraction de seconde. Et qui sait, il serait capable d’engager une personne pour l’assassiner. Peterson en sait trop sur les secrets de l’agence. Il deviendrait un être nuisible, il sait que trop bien comment Cross a l’habitude de traiter ce type de personne.

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