chapitre 41
Au même instant, campus de Chicago, chambre de Shawn Weaver. Ce dernier se réveille en sursaut dans son lit, en poussant un hoquet de stupeur. Le visage en sueur et la respiration haletante. Il lui faut quelques secondes pour reprendre ses esprits. Il passe sa main sur son front en sueur avant de pousser un long soupir et de s’affaisser dans son lit.
Il était en train de rêver tranquillement installé dans un bateau imaginaire, lorsque soudain, il a entendu une voix l’appelée. Une voix féminine qui semblait provenir du plus profond de son être. Comme si la personne cherchait à lui parler par télépathie. C’est assez déstabilisant comme sensation. Il ne saurait l’expliquer mais cette voix lui fait un drôle d’effet, il en a la chair de poule.
Juste avant de se réveiller, il a vu le visage de la personne. Il ne saurait la décrire avec précision, mais il l’a trouvé vraiment magnifique avec un regard à damner un saint.
L’étudiant n’arrive pas à se l’expliquer, mais il avait l’impression qu’une partie de lui la connaissait. Etant physionomiste, il est sûr de ne l’avoir jamais croisé. Une telle beauté, il s’en souviendrait. Alors pourquoi est-ce qu’elle ne lui ait pas totalement inconnue ?
Shawn se demande ce qui est encore en train de lui arriver. Le jeune français tourne la tête vers sa commode où se trouve son réveil. Il grimace en découvrant qu’il est 01h du matin. Il pousse un soupir, avant de fermer les yeux. Il se rend compte que ses mains tremblent encore. Il n’a pas le temps d’y réfléchir plus longuement car le sommeil l’envahit à nouveau. Pour une fois, le marchand de sable ne s’est pas fait prié !
Lendemain matin, aéroport international de Philadelphie. Il s’agit du principal aéroport de l’état de Pennsylvanie, à 11 km du centre-ville. L’aéroport sert de hub et beaucoup d’avions y font des escales.
Un humvee noir, escorté par deux voitures se garent dans une zone privatif, à l’est de l’aéroport. Tout près d’un jet privé, au niveau du terminal F. Deux personnes descendent du premier véhicule, sous bonne escorte. Il s’agit du directeur Cross et de son bras droit Peterson. Les deux membres du CAS ont été conviés à une réunion par leurs dirigeants. Ces derniers souhaitaient obtenir un compte rendu détaillé sur les derniers événements, qui se sont produit à Chicago.
Cross a emmené son second avec lui, afin qu’il puisse se familiariser avec la politique lié à ce travail. Depuis leur discussion à Noel, Cross a tenu parole et a mis Peterson dans la confidence de nombreux dossiers. Il lui confie des tâches plus importantes tout en continuant à le surveiller de loin. Son protégé n’a pas prononcé un mot durant toute la réunion, restant en retrait derrière son supérieur. Mais il a été observateur et a reconnu de nombreux politiciens parmi les rangs des invités. Pour beaucoup d’entre eux, il n’aurait jamais pensé qu’il puisse être au centre de cette croisade satanique. Il prend son nouveau travail très au sérieux et s’implique d’avantage. Ce qui ne plait pas beaucoup à sa femme, qui se plaint de ne le voir que trop rarement. Mais comme elle le dit souvent, avant de s’engager dans leur relation, elle savait qui elle épousait.
Les deux hommes prennent place à l’intérieur du jet privé qui peut contenir une vingtaine de personnes. Ils s’assoient l’un en face de l’autre, tandis qu’une hôtesse les attend, tout sourire avec deux coupes de champagne. Peterson la remercie et prend les deux verres tendues tandis que Cross ferme les yeux quelques secondes, voulant faire le vide dans sa tête. Après avoir laissé quelques minutes à son supérieur, Peterson décide de rompre le silence et s’exprime :
- Monsieur, je vous remercie d’avoir accepté que je vous accompagne. C’était très instructif et je pense que vous avez pu leur prouver notre efficacité.
Cross ouvre les yeux, fixant son interlocuteur avant de pousser un léger soupir, en souriant d’un air ironique du coin des lèvres.
- Je voie que vous avez encore beaucoup à apprendre sur la politique!
- Je vous demande pardon ? Est ce que j’aurai mal interpréter les dires du conseil ? demande Peterson, n’étant pas sûr de comprendre.
L’adjoint soutient, sans ciller, le regard de son supérieur, ne voulant pas paraitre faible. Cross laisse un silence pesant s’installer. Ce dernier est rompu par le vrombissement des moteurs de l’avion.
- Vous croyez que tout c’est bien passé ? Vous devriez savoir lire entre les lignes. Nous avons obtenu un sursis, rien de plus. Et uniquement grâce aux résultats obtenus durant l’attaque du magasin de jouet. Ils ont toujours pensé que notre agence n’avait aucune utilité. Maintenant qu’ils comprennent à comprendre, ils commencent à s’affoler. Nous sommes passés tout prés de devoir fermer boutique. La voici, la vérité !
- Vraiment ! Je n’arrive pas à y croire soupire Peterson, se demandant comment il a pu passer à côté de cette analyse.
- Je les pratique depuis assez longtemps pour vous l’assurez.
- Si nous avons tout le monde sur notre dos. Cela va devenir délicat de mener à bien notre mission.
- Nous avons juste besoin d’être meilleurs joueurs qu’eux. Si nous assurons dans notre tâche, ils ne pourront rien contre nous. Nous devons nous montrer indispensables.
Peterson pousse un soupir avant de s’installer plus confortablement dans son siège. Il a besoin de réfléchir à toutes ces manipulations stratégiques. Il se rend bien compte qu’il n’est qu’un débutant dans les arcanes de la politique. Il doit se montrer vigilant s’il veut conserver sa place d’adjoint. Il doit comprendre les rouages par lui-même et savoir pourquoi Cross ressent une telle haine envers les personnes du conseil.
- Il va falloir se montrer prudent durant les prochaines semaines. Ils n’auront aucun scrupule à se débarrasser de nous. Cela ne m’étonnerait pas qu’il fasse appel à quelqu’un pour nous espionner et me déposséder du poste de responsable. Je n’ai pas beaucoup d’amis au conseil.
- Vous pouvez compter sur moi, je serai sur mes gardes.
Cross ne répond rien, se contentant de tourner la tête vers le hublot et de regarder les nuages dans le ciel. Même s’il ne le montre pas, Cross est excédé et a envie de vomir. Il ne supporte plus ces réunions secrètes, entourées d’hypocrites qui souhaitent le poignarder dans le dos dès la première occasion. Exactement, comme ils l’ont fait avec son père. Mais ce qu’ils n’ont pas encore réalisé, c’est que Cross n’est pas son père. S’ils tentent de lui mettre des bâtons dans les roues, il compte bien le leur prouver. Derrière son calme apparent, se cache un animal féroce, ne demandant qu’à sortir ses griffes pour se livrer à un massacre.
Université de Chicago. Il est prés de midi et les étudiants se dirigent en masse vers la cantine afin de savourer leurs pauses. C’est le cas de Shawn, assis en face de Sarah, à une table au fond. Le garçon n’arrive pas à oublier son récent cauchemar, un sentiment de malaise ne le quitte pas. Il a un mauvais pressentiment, mais il essaye de ne pas y penser, de se concentrer sur l’instant présent. Il ne veut surtout pas que ses amis se rendent compte de son mal être. Il ne souhaite pas les inquiéter, ils se font suffisamment de souci comme ça, pas besoin d’en rajouter.
Les deux camarades débattent sur le film qu’ils ont vu au cinéma la veille au soir. Ils ne partagent pas le même avis sur la qualité du long métrage.
- Je suis désolé l’histoire est peut être intéressante, mais les acteurs ne sont pas convaincants donc ça plombe le film dit Sarah.
- T’es dure, les acteurs jouaient juste.
- Excuses moi, mais c’est toi qui est un spectateur facile. Il n y avait rien de bon dans ce film. Et si la personne derrière nous n’avait pas ronflé, j’aurai pu fermer les yeux aussi. Mais bon vu le prix de la place, ça fait chère la sieste !
- Tu es vachement médisante ! Je laisse tomber, tu ne comprends rien au septième art dit Shawn, faussement outré.
Son amie se contente de secouer la tête en faisant la moue, ne voulant pas se lancer dans un long débat. En ce moment, elle se sent vraiment bien dans sa peau et espère que rien ne va obscurcir ce tableau. Son patron a trouvé une nouvelle serveuse. Sarah a donc pu aménager son emploi du temps. Elle en profite pour passer plus de moments avec ses deux meilleurs amis. Elle a beaucoup apprécié cette séance en tête à tête. Pendant tout le film, elle s’est demandé si elle devait poser sa main sur celle de Shawn, comme dans tous les sitcoms de séries B.
La jeune fille n’a pas pu s’empêcher d’imaginer la scène. Est-ce que Shawn se serait jeter sur elle et l’aurait embrassé avec fougue et passion. Ou est ce qu’il l’aurait repoussé. Elle sourit intérieurement, se rendant compte qu’elle agit comme une véritable collégienne. Si elle en avait parlé à Jamie, ce dernier se serait moqué d’elle pendant des jours. Sarah sourit également pour une autre raison. Elle a remarqué que Shawn portait fièrement la chaîne qu’elle lui a offerte pour Noël. Il a beaucoup apprécié la surprise, souriant béatement comme un enfant de cinq ans. C’est un spectacle qui vaut tout l’or du monde. Elle est contente que Jamie l’ait poussé à l’acheter, cela aurait été une bêtise de ne pas le faire.
L’Etudiante s’apprête à changer de sujet mais elle est interrompue par l’arrivée de Jamie. Ce dernier arrive en trombe, comme à son accoutumé. Les deux garçons se saluent en se tapant amicalement dans la main de différentes façons, selon un style qui leur est propre. Ils ont crée un code bien à eux pour se saluer.
- Alors, comment ça va, vous deux ? demande Jamie, en commençant à manger, affamé.
- Bien et toi, comment c’est passé ta matinée ? demande Sarah.
- Eh bien le cours de ce matin m’a beaucoup aidé. Il m’a permis de rattraper mes heures de sommeil dit Jamie, en s’étirant les bras.
- Tu n’es pas croyable, mon vieux ! s’exclame Shawn.
Sarah sourit, amusée par l’insouciance naturelle qui se dégage de son ami d’enfance. En même temps, s’il agissait différemment ce ne serait pas le Jamie qu’elle connait. Ce dernier sifflote, l’air heureux et en même temps il semble impatient, tapotant du pied sous la table.
- Bon, vous êtes prêt pour ce soir dit Jamie, un large sourire sur les lèvres.
- Ce soir ? demande Shawn, ne comprenant pas où veut en venir son ami.
Jamie s’immobile et le regarde avec de grands yeux, comme s’il avait devant lui un extraterrestre. Il est surpris que Shawn ne soit pas au courant, il se demande même si son camarade ne joue pas la comédie. Il finit par secouer tristement la tête quand il comprend que ce n’est pas le cas. Il donne l’impression de composer un personnage de théâtre. Mais comme toujours, Jamie en rajoute toujours trop.
- Non mais ce n’est pas croyable, vous êtes de véritables étudiants ou quoi ? Tout le monde dans cette ville a entendu parler de cette fiesta. C’est la méga soirée de l’année. J’attends ça depuis des mois et c’est ce soir ! s’exclame Jamie surexcité, en insistant bien sur le dernier mot.
- Ok ne t’excite pas trop ! C’est vrai que cela a l’air bien sympa. En plus je ne travaille pas ce soir. On y va tous les trois ? demande Sarah, très tentée, à l’idée de faire la fête et de danser.
- Ça me botte bien dit Shawn, un sourire aux lèvres, en hochant la tête.
- Ça va être génial ! On va pouvoir danser et boire à volonté. Et surtout, n’oublies pas la mission de la soirée Shawn. Interdiction de rentrer seul ce soir.
- Quoi ? De quoi tu parles ? balbutie Shawn, tout d’un coup mal à l’aise en la présence de Sarah.
En entendant ça, la jeune femme ne peut s’empêcher de donner un coup de coude dans les côtes de son colocataire.
- Arrêtes, tu vas lui donner de mauvaises habitudes !
Shawn ne dit rien, se contentant de sourire, amusé par le comportement de Sarah. Il jurerait qu’elle était jalouse. Il aime la voir avoir ainsi, c’est un rayon de soleil qui illumine sa journée.
Centre-ville de Chicago. Un homme d’une quarantaine d’année marche en chantonnant dans la rue. Il passe devant une ruelle, n’y jetant même pas un coup d’œil, lorsque soudain quelqu’un l’attrape et le tire en arrière vers l’obscurité. La victime ne comprend ce qui lui arrive, tout se passe si vite, qu’elle n’a pas le temps de réagir.
Dans la rue, personne n’a rien vu, à part quelques personnes qui étaient proche de l’agressé. Ces derniers préfèrent changer de trottoir, plutôt que de porter secours à un inconnu. Ils remercient leur bonne étoile de ne pas avoir été agressé à sa place. Ils savent que dans une ville comme Chicago, moins tu t’occupes des autres, mieux tu t’en sors.
L’homme mystérieux le tire violemment en arrière, sans montrer aucune difficulté alors que l’agressé se débat fortement. Son tortionnaire semble doté d’une force implacable, tirant sa proie comme s’il s’agissait d’un poids plume. L’agresseur le pousse sans ménagement vers un coin isolé. L’homme percute violemment un mur, se fendant la lèvre inférieure sous le choc. Il s’écroule à genou et met instinctivement ses mains devant son visage, pour se protéger. Il découvre que ses agresseurs sont au nombre de deux et qu’ils n’ont pas pris la peine de se cacher le visage.
- Mais qu’est ce que vous me voulez ?
- D’abord tu la fermes lui répond le premier, avant de le frapper d’un coup de pied dans les cotes, pour faire bonne mesure.
L’homme pousse un râle de douleur, sentant qu’il est à deux doigts de rendre son déjeuner. Il se tourne vers ses deux bourreaux : Devon et Ethan. Pendant que le premier passe à tabac leur victime, Ethan s’assure que personne ne va venir les déranger.
Devon s’agenouille prés de l’homme et lui tire les cheveux, l’obligeant à le regarder droit dans les yeux.
- Ecoutes moi bien, je ne le répéterai pas. Je veux ta carte de crédit et ton code et je les veux maintenant ! s’exclame t’il en insistant sur le dernier mot, sur un ton menaçant.
L’homme acquiesce, avant de tirer lentement de sa poche son portefeuille et de leur tendre sa carte de crédit, d’une main tremblante.
- Mon code, c’est le 4938 dit il, d’une voix à peine audible.
Devon le fixe un long moment afin de s’assurer que ce dernier ne leur ment pas.
- J’espère pour toi que c’est le bon, sinon… commence Devon, faisant express de ne pas finir sa phrase et de laisser planer sa menace.
Mais il sait que sa victime leur dit la vérité. C’est juste qu’il prend plaisir à menacer les faibles. Leur pauvre victime a juste envie que cela se termine le plus vite possible. Il n’est pas du genre à jouer aux héros. Le genre de lâche qu’adore malmener Devon. La tâche lui semble soudainement plus jouissive.
Sans crier gare, Devon sort de sa poche un poignard et en frappe d’un coup sec et profond l’homme, au niveau de la poitrine. Ce dernier pousse un hoquet de stupeur, la bouche et les yeux grands ouverts, n’arrivant pas à croire qu’il est en train de mourir. Il y’a moins de dix minutes, il était vivant et faisait des projets pour le prochain week end. Il regarde Devon, tente de parler mais aucun son ne sort de sa bouche. Il finit par s’écrouler au sol, avant de pousser un dernier râle, un masque de souffrance peint sur le visage.
Devon nettoie son couteau sur la veste du cadavre, avant de le ranger dans son manteau. Il fait signe à Ethan et s’empressent tous les deux, de mettre le plus de distance possible entre eux et leur fraiche victime.
- Pourquoi tu n’as pas utilisé ton pouvoir pour le tuer ? demande Ethan, étonné.
- Réfléchis ! Si on utilise notre pouvoir à tout va, on sera vite repéré pars les gars en costume. On doit brouiller les pistes au maximum.
- Ce n’est pas faux dit Ethan, se sentant ridicule, tout penaud de ne pas y avoir pensé.
- Ce n’est pas pour rien que c’est moi la tête pensante du groupe dit Devon, avec un sourire supérieur sur le coin des lèvres.
- Tu crois qu’il nous a donné son vrai code.
- J’en suis sûr. Il aurait vendu sa femme pour s’en sortir. On aura le temps de vider son compte en banque avant que quelqu’un pense à bloquer ses comptes. On va pouvoir enfin avoir la belle vie.
- C’est clair, j’en avais marre des vieux sandwichs sans goût de la superette.
Tout d’un coup, Ethan s’arrête de marcher, s’immobilisant sur place. Il fronce les sourcils et tourne la tête dans tous les sens, à l’aguets. Il tend l’oreille et ouvre grand les yeux, à la recherche de quelque chose. Mais il ne sait pas de quoi exactement et il ne voit rien dans les alentours qui pourrait expliquer son ressentiment. C’est une sensation étrange qui parcourt chaque fibre de son corps. Les poils de son corps se dressent et il sent comme une piqure dans l’arrière du cou. Il n’avait jamais rien senti de tel, ce n’est pas désagréable, juste troublant.
- Tu ne sens pas quelque chose ? Une sorte de présence ?
- Tu as encore pris du crack toi ! Allez ramènes toi, on va se faire une vraie bouffe dit Devon.
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