Chapitre 4

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Mary se décida à toquer à la porte.

Edward lança un « entrez ! » énergique. Mary entrouvrit la porte, et Edward vint ouvrir la porte en plus grand.

- Qu’y a-t-il… Euh… Mary ? (Edward hésitait sur la manière d’appeler Mary)

- Puis-je… entrer ? Pour… discuter ?

Edward sembla assez surpris quand à cette demande, mais acquiesça d’un signe de tête. Il posa le livre intitulé « la psychologie au service de la société » sur une bancale pile de livres, dont certains titres intriguaient Mary, comme : « Christophe Colomb, une histoire d’expatriation  », « les grands complots politiques de l’histoire », « le monde au travers des yeux des classes inférieures », « la supériorité, définition », ou encore « les mains, un incontournable de l’art ».

Edward s’aperçût que Mary regardait ses livres avec intérêt, et lui fit signe d’approcher.

- Vous aimez les livres ? Je veux dire, autres que les romans ?

- Les encyclopédies, les livres d’histoires, de sciences ou d’art ?

- Mmmmh…oui…

- Et bien je n’en ai jamais vraiment lu, mais j’imagine que ce ne serait pas déplaisant…

- Alors je peux vous en prêter ! Un ou deux, et vous me donnerez votre avis !

Mary fut charmée par l’enthousiasme et la proposition d’Edward.

- J’accepte.

Il l’amena jusqu’à une grande valise, posée au fond de la pièce.

- Par quoi voulez vous commencer ? Sciences, arts, Histoire, géographie, théorie, mathématiques ?

- Euuuh… disons… arts et Histoire ?

- Très bon choix ! Alors… non pas « la sculpture féminine théorique », ni « l’histoire des sanctions & interdictions » … Ah ! (Le cri fit sursauter Mary)

« le dessin et son évolution » et « l’Histoire anecdotique » devraient correspondre.

Mary prit les deux ouvrages entre ses mains et étudia leurs couvertures. « Le dessin et son évolution » était un livre plutôt fin, signé L.M. Fyor, et «l’Histoire anecdotique » était un ouvrage volumineux signé Syrat Lofer.

Mary s’apprêtait à sortir, quand elle se rappela la raison de sa venue.

- Edward… pourquoi m’avoir choisie, moi, plutôt que Ann ?

Edward se retourna vivement et la regarda avec des yeux plus dur.

- Vous ne devriez pas vous soucier de cela, miss.

- Dites moi. Si vous me cachez la vérité, cela prouve que vous avez quelque chose à cacher.

Devant ce petit chantage audacieux, Edward soupira.

- M’avez-vous choisie pour ma beauté ?

- Non.

Cette affirmation soudaine vexa Mary, mais elle ne le montra pas.

- Pour mon intelligence ?

- Non !

- Pour…ma…mon…

Mary soupira.

- Je donne ma langue au chat, s’énerve t’elle.

Edward rit un peu.

- Il est pourtant simple de deviner quelle est le principal atout que j’attends pour une épouse. Réfléchissez ! Nous ne devons pas, et nous ne sommes pas, des gueux qui se marient par amour, et qui restent gueux toute leur vie. Nous nous marions par intérêt. Il est vrai, Mary, que vous êtes naïve ! Mais il est temps de prendre conscience que l’époque des contes de fées est terminée.

Ce petit monologue fit l’effet d’une claque à Mary. Pour qui se prenait il ?

- N’avez vous pas honte ?!

Vous vous immiscez dans ma vie, sans prévenir, comme…une…une malédiction ! Et vous osez me faire la morale, sur le fait d’espérer un prince charmant, galant et sympathique, tout votre contraire ?

- Le monde est une jungle, où le plus riche est roi, miss.

Mary aurait bien mît une claque à Edward, mais son statut, les règles, l’étiquette, l’en empêchait. Elle se contenta donc de lui marcher sur le pied.

- Oups… excusez moi, simple maladresse d’une pauvre et naïve miss.

Elle claqua la porte et retourna à sa chambre.

Elle souffla de colère et s’assit sur son lit. Elle regarda les deux ouvrages posés près d’elle et saisit « l’Histoire anecdotique » et l’ouvrit. À la première page, une citation : « la liberté n’est pas une utopie mais un art de vivre » « Marie-France Ochsenbein ».

Mary pensa d’abord :

- Qui est cette Marie-France ?

Puis :

- Je ne comprends pas cette citation. Comment la liberté pourrait elle être un art de vivre ? C’est une utopie, comme…le choix du mari. Ça n’existera jamais pour de vrai.

Mary jeta le livre au fond de la pièce.

Un flot de sanglot jaillit, mais elle le réprima, tant bien que mal. Il en était ainsi. La gamine de 12 ans qui voulait un prince charmant n’existait plus, et ne devait plus réapparaître. Elle irait s’excuser au près d’Edward un peu plus tard.

D’abord, elle ramassa le livre, puis pansa à quelque chose d’étrange dans sa journée. C’est elle qui était allée chercher Peter !! Même si on pensait qu’il était à Mayfair, quartier plutôt sécurisé, on avait envoyé une jeune fille, sans chaperon, seule, sans personne pour la surveiller. C’était une attitude plutôt étrange de la part de sa mère, qui avait toujours prôné l’exact inverse. Bizarre…

Elle regarda l’horloge : 17 heures et demies ! Déjà ? Dans moins d’une heure, tout le monde passerait à table. Mary sonna Eliza.

- Il faut me toiletter et me changer. Je veux être pimpante pour séduire Edward.

- L’est pas déjà séduit par vous ?

- Non, par notre argent, mais c’est normal ! Le monde est une jungle où le plus riche est roi…

Elle avait murmuré ces dernières paroles, époustouflée par la magnifique robe blanche ornée de perles, de dentelles et de rubans.

- Elle est… magnifique, Eliza.

- Merci, miss.

- C’est pour…

- Oui. Y’a aussi un voile et une tiare.

- Mais quand es tu allée l’acheter ?

Eliza fit un clin d’œil à Mary, mais ne répondit pas.

Ella rangea la robe blanche dans la garde robe et en sortit une autre, légère mais tout aussi élégante. Elle était bleue et ornée de perles. Mary enfila aussi des souliers bleu marine et Eliza enfila de nombreux rubans bleus accordés dans ses cheveux.

Lorsque Mary descendit l’escalier de chêne, elle accrocha le regard d’Edward.

Elle en fut très fière, et l’ignora royalement. Elle marcha lentement jusqu’à la salle à manger, où sa famille l’attendait déjà.

Elle s’assit sur sa chaise, avec la dignité et l’élégance d’une princesse.

Peter leva son verre et la complimenta :

- Vous êtes très en beauté, ma chère sœur !

(Peter adoptait un langage très soutenu en présence de ses parents).

Les Whitaker vinrent aussi s’installer, et le repas put commencer. Johannes avait réussi à dépasser l’excellence du repas de midi.

En entrée, on servit une salade accompagnée de petits croûtons, d’œufs et de fromage.

Ensuite, vint un gratin de pommes de terre à la crème simplement délicieux, accompagné d’un pain dorée et croquant.

Le dessert était plus léger, il n’y avait qu’une succulente tarte (mais Mary ne sût définir l’ingrédient principal), l’assiette de fromages et du thé.

Lorsque chacun eut fini son repas, M. Whitaker se leva pour faire une annonce.

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