PROLOGUE
À l’orée de tous les chemins, au crépuscule de mon courroux envers le genre humain, entends ma voix et sa folle complainte : « la vie est ex-tra-or-di-nai-re ! Or, ma vie n’a eu en rien l’égale des vies pour qui l’amour a fait la joie de toute l’humanité ».
Un orphelin de DIEU.
1
Ami, entre. Sois le bienvenu dans ma demeure. Au DEUS EX MACHINA, viens y découvrir ma vie et celles que je glorifie.
2
En lisant mes mots tu viens de faire ton entrée dans mon chalet fait de pierres et de bois, accueilli par ton hôte au DEUS EX MACHINA. Chez moi, ta présence ne sera pas vaine, tu me seras d’une aide précieuse. Ensemble nous lèverons le voile sur un mystère encore non élucidé. Ensemble nous mettrons en plein jour l'obscure « vérité » sur : « L’improbable existence de DIEU ». Et pour te prouver ma gratitude pour ton assistance, je te fais la promesse que tu vas être le témoin d’une intervention divine.
3
DEUS EX MACHINA n’est pas qu’un toit, il est aussi mon œuvre : un manuscrit aux accents prémonitoires où je raconte l’avènement d’un être « superbe » qui n’eût en ce lieu, la Terre, aucun égal dans l’histoire de l’humanité. Sauveur à la fois de l’identité de l’homme dans sa plus noble et sa plus pure « vérité », il fut le lien entre la folie et la raison de ses congénères. Et si dans mon récit ma fabulation première se veut être une allégorie sur le complexe d’Œdipe, j’y explore également avec minutie, les tourments malsains de mon espèce qui, à regret, n’a su voir en eux l’exponentielle charge vivifiante de son existence pourtant si prometteuse à un avenir radieux. Comme il m’est désormais impossible de me taire, du fait de mon érudition sur la capacité de l’homme à saccager autrui, j’ai pris la décision de mettre à nu l’humain dans sa plus verte vérité. Et c’est en partant de rencontres fortuites qui ont été mises sur mon chemin que mon intrigue se base sur l’inconcevable renaissance de l’homme à travers le prisme d’un élan amoureux.
4
Mais pour l’heure, ne soyons pas impoli, il serait bienséant de me présenter car l’instant de mon dernier soupir sera bel et bien là, inexorablement au rendez-vous. Toutefois, j’ai une question qui me taraude l‘esprit, qui me tourmente à ne plus en fermer l‘œil de la nuit. Prenant toute conscience que je m’agite face à mon ignorance, ma détresse est telle que je viens vers toi, ami, avec foi et espoir pour te poser ma question, « qui suis-je au juste : LUI, ELLE ou DIEU tout puissant ? » Force est de constater que je ne suis plus ce poltron d'autrefois. Si le masque sous lequel j’ai dissimulé ma lâcheté n’a en rien fait de moi un « homme libre », il est clair que celui-ci s'est brisé en mille morceaux. Aux oubliettes cette caricature de l’authenticité que j’affichais allégrement au fil des années. Désormais je peux me glorifier d’être celui à qui le divin a donné le droit d’accomplir son ultime chef-d‘œuvre, et pour ma mission, incroyable soit-elle, je la mènerai jusqu’à son terme. Fus-je le messie ignoré, d’une espèce ignorante ? Non, en aucun cas. En aucun cas, je fus cet homme-là. Je fus comme tout le monde, un homme ordinaire, un savant mélange d’être vilain et d’âme égoïste. Certes, ma vie fut lamentable et digne de pitié, mais la tienne, ta vie que tu as crue si douce, n’en fut-elle pas l‘écho ? Toutefois, si je fus cet homme au cœur plein d’effroi, et si de conserve je fus cet homme à l’existence désastreuse, sache dès à présent qu’il en existe un autre. LUI, l’humain, portait l’insondable nom d’Itane Bel. A deux reprises nous nous sommes rencontrés, et à chacune d’elle ma vie en fut bouleversée. Itane était tout sauf une créature de DIEU, mais davantage celle d’un autre. Personnage au charisme fou, à la beauté de mythe, Itane, le rêveur, le contemplatif terrien, arpentait un chemin qui n’était pas le nôtre. Il allait là où personne ne pouvait croire en l’existence de sa demeure. Aussi bien téméraire que sage, Itane se situait à l’extrémité d’un éventail où ma place était celle du vermisseau. Tout me différenciait de lui. Il était touché par la grâce, moi non. Nonobstant cela, il y eut ELLE, ange déchu énigmatique, pour qui notre cœur s’éprit d’une même ardeur impétueuse. Et si cette fougue amoureuse rendit toute sa justice à l’heureux « homme libre », elle fut pour ma part, une langoureuse déchéance au goût amer, dont les effets dévastateurs me laissèrent des séquelles indélébiles envers ma psyché. Son nom ? Jiznée*. Son âge ? Autant d’années que j’en compte à ce jour depuis notre première rencontre.
Mais arrêtons là. Mes propos ont-ils encore un sens ? Encore une fois, je délire ouvertement.
5
Mon nom est Joseph Dedzer. J’ai au demeurant en ce jour d’anniversaire trente-trois ans et d’ici peu de temps, je ne serai plus de ce monde. Laisse-moi te léguer mon histoire à la logique corrompue. Celle d’un homme aux mille et un talents, découvrant le jour de sa mort qu'il n’a pas vécu. Tel sera mon récit.
Vois entre tes mains le manuscrit d’un lâche où tout commence par une chaude soirée d’été, une soirée qui fit chavirer ma vie à jamais…
*Jiznée: vie, existence. Mot emprunté au glossaire du
roman d’Anthony Burgess, l’Orange mécanique.
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