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Nonobstant ma dévotion pour le DEUS EX MACHINA que tu devines fidèle, je ne me voyais pas vivre éternellement ici auprès de ma mère dans cette enceinte superbe. Enfant, j’avais des projets d’évasions et d’aventures somme toute communes à chacun de mes congénères. D’ailleurs, ma mère, qui fut en son temps une grande exploratrice, n’envisageait en rien pour moi une vie de claustre, préférant pour sa progéniture la découverte de lieux mirifiques en me promettant la plus merveilleuse des vies. Elle allait vite déchanter.
Confiante en mon avenir, ma chère Maman ne pouvait concevoir ma vie autrement que comme une trépidante et fulgurante ascension dans l’échelle sociale de notre si beau pays. Voir ma vie devenir une réussite, voilà ce qu’elle souhaitait le plus au monde. Mais certaines choses vécues pendant l’enfance font de vous ce que vous êtes aujourd’hui. Et ce que je suis devenu aujourd’hui n’est pas bon à fréquenter. En effet, un malencontreux incident vint contrarier son si joli rêve de me voir épanoui et enthousiaste à l‘idée de croquer ma future vie à pleines dents. L’anecdote dont je vais te faire part dans un instant, me laissa entrevoir pour la toute première fois l’insondable laideur de l’espèce humaine que j’ai étudiée avec assiduité tout au long de mon existence et qui me vaut d’être aujourd’hui le misanthrope aigri et désenchanté que j’approuve sans une once de remords.
Désormais, si je n’avais qu’un seul conseil à te donner, ce serait de t’installer bien confortablement dans ton fauteuil qui te sert d’ottomane afin d’entrevoir dans le court récit que je m’apprête à te faire, la cruauté de deux petits morveux de sexes opposés envers ton humble narrateur.
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