CHAPITRE TROISIÈME N°1
« Il est venu l’heure de ma grande échappatoire, ainsi que de ma désobéissance en tout. »
Ami, quel bel été ai-je vécu une nouvelle fois en ma demeure. Entre les roses de mon jardin qui m’ont donné des fleurs toutes plus belles les unes que les autres, je pus avec cela me délecter des délices d’un soleil radieux, toujours présent au rendez-vous de mes réveils les plus somptueux. Aussi, à la gloire de ces matinées ensoleillées, je remerciais les bienfaits du ciel pour m’avoir permis de jouir de cette atmosphère si chaleureuse, si sensuelle et si précieuse que seul juillet et août savent me donner en contrepartie de ma tendresse à l’égard d’une saison qui vivra à coup sûr dans mon cœur pour un nombre infini d’année. Mais ALORS, QUOI D’AUTRE?
Alors que dehors se dessinait un Arc-en-ciel, mon impatience en émoi, j‘étais visiblement excité à l‘idée d‘aller à la recherche de Jiznée pour qui mon cœur était éperdument tombé amoureux. Car l’aventure n’allait pas se terminer là, dans cette chambre devenu mortuaire, temple de ma sacro-sainte mère pour qui je n‘avais plus aucune attention. Non, la vie se jouait ailleurs, dehors, parmi les autres, les vivants, ces vagabonds nocturnes qui au détour d’un chemin la croisaient, elle, Jiznée, troublante enfant venu d’un monde invisible.
Désormais je le savais plus que jamais, le temps m’était compté, je devais rompre les liens avec ce que j‘appelais « mon obéissance en tout » pour y laisser place à "ma désobéissance en tout". Un avenir radieux se dessinait devant moi. Je n'avais plus qu'à reprendre ma liberté et non pas attendre à ce qu'on me la rende.
Trop longtemps, j’ai vécu une existence comparable à celle d’un moine, dont les seuls effets étaient ceux de me mettre en retraite de la vie sociétale. Car, je ne le nie point, je ne connaissais rien à la vie, mise à part les quelques notes de musique de « Belle nuit, ô nuit d’amour ». Un air envoutant certes, dont j’ai aimé la douce ritournelle, mais qui ne devait en aucune façon me dominer un instant de plus de peur d’ombrager l’excellence de mes souhaits à venir.
J’étais libre après tout. La vie, le monde, la terre entière s’offrait à moi. Je n’avais plus qu’à cueillir la fleur de toutes mes espérances pour ainsi faire de ma liberté le garant d’une vie nouvelle. Et c’était sous peu, pensais-je, dans ma future évasion, que j’allais pouvoir enfin profiter de ma fortune originelle.
L’idée de rester là, à ne rien faire, n’aurait été que l’approbation destructrice face à ma servitude envers mon « épouse maternelle ». En rien cette servitude morbide n’allait m’aider à devenir un homme « affranchi », un homme délié d’un amour que tu pourrais juger plus que douteux. Il fallait, dès maintenant, m’expier de toute contrainte du passé. Il ne me fallait plus qu’à tendre l’oreille et écouter sonner les cloches victorieuses, triomphe de ma grande échappatoire.
« Allez ! Zou ! Dehors, mon gaillard ! Pars gaiement de ce chalet carcéral et fait table rase d’un passé ô combien sali par deux petits morveux de sexe opposé. Dès lors, quitte de ce pas le DEUS EX MACHINA sans rechigner sur ta vie de claustration ».
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