Ma situation n’avait rien d’ordinaire.

Jiznée avait mis le feu sur mon cœur déjà fiévreux d’un désir ardent où, ne pouvant plus attendre, il me fallait la rejoindre. Et vite. Car là était mon souhait le plus précieux.

Mais avant d’être à ses trousses, avant d'aller au-devant de mon entreprise, il me fallait me parer comme tout adolescent de mon âge.

Seulement, il y avait un hic qui contraria mon aventure à venir. Un point délicat qui n’avait de sens que dans ma situation bien singulière. Et c’est avec un sourire gêné qu'une question m'interpella :

« Diable ! Comment s’habille un adolescent de mon âge, au juste ? »

Ami, tu souris, je le vois bien. Grand bien te fasse, alors, puisque je suis l'histrion de cette histoire !

Mais, mon questionnement ne devait en rien être ridicule. Cependant, prenant conscience de mon ignorance, j’avais de quoi être tué par la bouffonnerie de mon interrogation.

J'avais seize ans et je ne savais pas comment il fallait que je me vétisse.

Un problème, à preuve du contraire, qu'aucun garçon de mon âge ne se pose avant d'aller au-devant de la scène pour jouir de la vie.

Évidemment, ma devinette, ami, peut te paraître saugrenue, pourtant elle ne l’était en aucun cas pour moi et se trouvait être fortement légitime à cette heure.

Il se pouvait très bien que les habits que je portais quotidiennement au DEUS EX MACHINA pouvait être en complète désharmonie avec la mode d’aujourd’hui, non ? L’on m’aurait habillé en fille que je n’aurais pas été choqué.

Triste aveu que je te fais là, n'est-ce pas, ami ?

Néanmoins cela, ce soir-là, j'eus, heureusement, la bonne idée afin de paraître distingué au regard de toutes les sociétés que j’allais croiser sur le chemin de ma délivrance, de garder le blue-jeans que je portais sur moi. Je l'accompagnais d’un t-shirt tunisien à longues manches que je souhaitais retrousser.

Enfin, rebelle, je chaussais des bottillons noirs qui pour moi sonnaient le glas à ma vie de soumission d’antan laissant la place à ma révolution de ce jour.