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J’étais curieux. Bien que souffrant, j’étais curieux de voir la suite des évènements. Curieux de voir les sociétés auxquelles j’allais devoir faire face et dont je sous-estimais la teneur en vilenie, car bientôt, j’allais me rendre compte que ma curiosité était un vilain défaut. Un travers bien malhabile qui allait me provoquer des relents incessants d’écœurement.

Toujours dans ma marche vers une quête amoureuse, j’arrivais aux alentours d’une place. En ce lieu, trônait au cœur une fontaine. Ce geyser des villes, d'où jaillissait une eau claire et pure, se trouvait être aussi le breuvage rafraîchissant de quelques enfants.

Ces mômes d’à peine neuf ans qui buvaient jusqu’à plus soif le précieux liquide à même la bouche, n’avaient de cesse de s’asperger de cette eau d’un revers de la main, mouillant par conséquent leurs acolytes de jeu.

Je rageais alors de voir ces chenapans s’amuser ainsi, gaspillant futilement cette source bienfaitrice, cette source au besoin de toute vie.

Mais je n’allais pas être au bout de mes surprises lorsque de mon plein gré je fis mon apparition face aux regards amusés des intervenants et autres figurants qui peuplaient les autres lieux de cette place aux charmes bien dissimulés.

Alors que j’avançais d’un pas hésitant et craintif, je regardais, de gauche à droite, ce qui s’offrait à mon regard déboussolé. Je vis alors de multiples distractions pour de multiples imbéciles.

Aux restaurants, les affamés fleurissaient les terrasses en bonne compagnie, alors que les assoiffés sirotaient des boissons fraîches dans des cafés, aux allures, ma foi, surprenantes, et cela dans une cacophonie aux frontières du burlesque.

Un peu partout, assis à leur table, trônaient des convives guillerets me saoulant de paroles imbuvables et de rires grossiers.

Aussi, je fus saisi par une vision d’horreur. Tout ce beau monde qui m’était inconnu et dont je ne souffrais guère de leurs tourments, m’apparut comme vilain. En eux, je ne voyais que la laideur d’être là, la bouche pleine et le verre plein, mais le cœur vide d’aucune considération face aux malheurs d’autrui, car tous, oui je dis bien tous, semblaient être des participants d’une chorale mal orchestrée, qui chahutaient et vociféraient un peu trop fort dans mes pauvres oreilles qui pâtissaient de ce concert dégueulasse.

Une nouvelle fois, je fus surpris par un élan de vomissement. Je n’en pouvais plus, j’étais écoeuré.

Plié en deux, rendant un liquide jaunâtre, je vis alors toutes ces personnes me regarder. Tous ces regards posés sur moi, alors qu’ils me rendaient malade, m’invitait à m’enfuir de ce lieu indigeste et imparfait.

Alors, avant que tout le monde ne se mette à rire de ma souffrance, je chassais ma présence de cette place aux martyrs.

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