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En effet, j’étais stupéfait, sidéré, par le contenu de ce rêve étrange. Je fus si troublé que pendant un moment, je me sentis comme déconnecté de la réalité, parti ailleurs vers d’autres chimères, ces mêmes chimères où « belle nuit, ô nuit d’amour » se faisait entendre dans ma tête.

Alors que je me berçais tendrement au souvenir de la mélodie si dansante de la barcarole d’Offenbach, de la musique trop forte qui faisait « boum-boum » à s’en péter les tympans rompit définitivement la mélodie de mes rêveries. C’était d’un vacarme assourdissant, on était à des années lumières de « Belle nuit, ô nuit d’amour ».

C’est alors que je vis débouler une voiture blanche qui roulait à vive allure et qui s’arrêta net à ma hauteur faisant crisser les pneus dans un tonnerre mécanique. Les passagers, un garçon et une fille, et dont l’âge avoisinait le mien, avaient l’air apparemment surexcités.

Le conducteur m’apostropha en me klaxonnant dessus comme pour m’alerter d‘un message. J’étais peiné de voir chez ces adolescents une telle crétinerie. Toutefois je restais attentif à ce qu‘ils voulaient me dire.

En effet, une fille coiffée d’une longue queue de cheval noire aux  mèches rouges et dont la position assise sur l’une des portières de l‘automobile me fit penser à celle d‘une acrobate, me hurla à la mort tout en désignant du doigt des lumières, là-haut dans le ciel : « tous à l’ALPHA ! ».

C’est alors, qu’après une telle déclaration où mes deux ahuris se gaussaient d’un rire nerveux, que tous les deux repartirent sur les chapeaux de roues refaisant crisser les pneus d‘une voiture dont l‘allure faussement sportive ne pouvait séduire qu‘un abruti.

Bizarrement, je fus interloqué par ce message, car ce n’était pas la première fois que j’entendais prononcer le nom d’« ALPHA ». En effet, l’ALPHA se trouvait être une discothèque très en vogue dans la région qui se situait tout près de Richevalet.

Au vrai, je connaissais bien l’endroit. Assez souvent, ma mère me parlait de cette discothèque. Elle m’en parlait comme un lieu de débauche que je devais absolument éviter lorsque viendra poindre l'instant où je me sentirais assez hardi de quitter le DEUS EX MACHINA.

La discothèque avait la forme d’une rotonde, et le soir venu des premiers visiteurs, me disait-elle, des rayons de lumière de toutes les couleurs jaillissaient du toit de l’ALPHA et se mettaient à tournoyer dans tous les sens pour aller ensuite se noyer au milieu d’un ciel sombre mais non dépourvu d’étoiles.

Malgré les recommandations de ma mère, l’âme conquérante, j’avais pris la décision de suivre le conseil de ma bonne amie à la longue queue de cheval et de me rendre de ce pas à l’ALPHA. J’y voyais là un signe du destin.

« Peut-être allais-je y retrouver ma Jiznée » pensais-je, le regard songeur et amoureux. Seulement, je ne savais en rien comment m’y rendre. Puis j’eus l’idée toute simple de suivre ces mêmes lumières que l’Alpha projetaient dans le ciel, celles-ci allaient m’amener à l’Alpha et sans aucun doute dans les bras de ma Jiznée.

J’allais sur ce pas quitter ce parc aux rencontres chimériques d’un rêve abracadabrantesque et telle l’héroïne du roman de Lewis Carroll, Alice, j’entendais le lapin Blanc me dire « En retard, toujours en retard » afin de me dire qu’il était l’heure de mes retrouvailles avec ma bien-aimée, enchaînant par un « Suis-moi Joseph, je t’emmène, de l’autre coté du miroir, au pays des merveilles ».

Toutefois ce n’est pas sans un pincement au cœur que je désertais la belle ville de Richevalet à son triste sort, celui-là même d’être le gardien de ma mère et de sa morbide présence cadavérique. SILENCE.

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