6

4 minutes de lecture

Sans plus réellement savoir où je me situais, le mal progressait et je me taisais.

Si dans ma pénible épreuve où je n‘avais plus qu‘une seule envie, celle-là même de me flinguer, pour cette coquine, son envie de me chauffer se faisait de plus en plus pressante. Toutefois, son exhibition fut de courte durée lorsque vint s’immiscer à sa danse un homme balafré.

L’homme en question était grand, mince et roux. Oui, roux et il puait aussi. Mais sa puanteur était vilaine, acide, un brun malsaine et peu commune aux autres écervelés de l‘ALPHA.

Soudain, pris par une lucidité éclair, j’eus un flash en les voyant tous les deux réunis, côte à côte. C’est alors que je revins douze ans en arrière, dans l’enceinte d’une maternelle où deux petits morveux s’étaient attaqués à moi.

Et c’est à cet instant, où le délire oppressant me torturait, que je reconnus Nicolas et Gwendoline.

Diantre ! Douze années, douze maudites années avaient passées et je me retrouvais face à face avec les deux salopards, qui jadis, m’avaient fait tant de tort à un âge où j’étais un être ingénu bien trop fragile.

Effrayé par cette inconcevable confrontation, je n’avais aucune attention de m’attarder avec eux, il me fallait trouver de l’aide ailleurs.

Aussi je voulais fuir comme je voulais m’échapper de ce cauchemar.

Mais Nicolas, me voyant auprès de sa chérie et pensant que je la draguais ouvertement, fut saisi d’une profonde antipathie à mon égard, dès lors je remarquai chez lui, au plus profond de son regard noir qu’il n’était pas du genre à plaisanter, et qu’il était bien résolu à en découdre avec moi.

Là-dessus, il m’agrippa le bras d’un geste virulent, d’une étreinte à faire mal. Puis, il se mit à hurler :

« C’est à ma gonzesse que tu veux faire la nique, espèce d’enfoiré ! ».

Je balbutiai : « Non, non, c’est que je vais mal… ».

Il m’interrompit : « Quoi ? Tu insinues que ma gonzesse n’est pas à ton goût, espèce d’enfoiré ?

— Non, non. S’il vous plait, aidez-moi !

— T’aider à quoi, batard, à pisser debout ! » Ils se mirent à rire, tous deux, de cette boutade plus que douteuse.

J’insistai : « De l’aide, s’il vous plait, je vais mal.

— C‘est quoi ton problème, hein ? T‘es pas bien, et alors qu‘est-ce que j‘en ai à foutre, moi !

— S‘il vous plait, de l‘aide !»

C‘est alors que Nicolas se mis à m’imiter, en prenant une voix d’une fillette éploré :

« S’il vous plait, de l‘aide, j‘ai peur! J’ai perdu ma Maman. Je suis perdu sans ma Maman, aidez moi ! »

Là-dessus, Gwendoline eût la bonne idée d’ajouter ces quelques paroles :

« Ce porc voulait me baiser !

— Te baiser ? Rien que ça. Putain, c’est pas croyable, les gens se permettent tout et n’importe quoi, c‘est pas vraie, Bunny ? » Elle hocha de la tête.

Soudain il se retourna avec vivacité vers moi et me lança une flopée de paroles assassines :

« Écoute sale pervers ! Tu n’aurais jamais du aborder ma femme, tu n’aurais jamais du te permettre cette frasque malheureuse et étourdie, tu m’entends, espèce d’enfoiré ! Et tu sais pourquoi ? Hé bien parce que maintenant je vais devoir te défoncer la gueule, tu comprends ça, te défonçais ta sale petite gueule d’enfoiré ! Quand penses-tu, hein, Monsieur le dégueulasse ?

— Non, non, je vous en prie, arrêtez, aidez moi, je vous en supplie, j‘ai besoin d‘aide, je n‘en peux plus !

— Qu‘est-ce qu‘il y a bonhomme, on se pisserait pas dessus par hasard. Regarde Bunny, encore un peu, et il se pisse dessus. »

Aussi, Gwendoline, clairvoyante, faisant parler toute sa poésie, dit d‘une voix moqueuse et humiliante :

— Il va se mettre à chialer. »

Et, comme de bien entendu, épuisé, cloîtré dans ma détresse, je me mis à pleurer tel l’enfant que j’étais il y a douze ans.

« Mais, t’as raison Bunny, il chiale. Oh, putain la fillette, elle chiale pour de bon. »

Tête baissé, j’avais les deux mains sur le visage qui cachait mes pleurs. Nicolas revint à l‘attaque :

« Je t‘incommode, hein ? T‘aimerais fuir, retrouver ta Maman chérie, n‘est-ce pas ? »

Aussi, il reprit d’un ton plus amical :

« T’inquiète pas ma salope, je vais t’aider moi, j’suis pas un salopard, tu peux en être persuadé. Parce qu‘on fond de moi, tu sais, j‘suis quelqu‘un d’adorable, j‘t’assure. N’est-ce pas Bunny que je suis quelqu’un d‘adorable ?

— A-do-ra-ble ! Tu es adorable, chérie.

— Sais-tu, mon salaud, que lorsque l’on me frappe sur une joue, direct, je tends l‘autre joue. Ça t’épate, hein ! Ça te saisi de rencontrer un être autant adorable, hein ! Allez, viens mon salaud, accompagne moi jusqu’au bar, je vais t’offrir de quoi te saouler. Ce soir, p’tit pédé, je vais faire de toi un homme, un putain d’artiste de la beuverie et de la baise. Ça te tente, Bunny ?

— Cool ! » Dit la perverti.

Mais je n’étais pas dupe, il voulait me ruser encore une fois, et se jouer de moi, comme il y a douze ans, seulement il n‘avait plus a faire à un enfant de quatre ans.

Alors, au moment où Nicolas s’apprêta à mettre son bras autour de mon cou, je me redressa sur la pointe des pieds et le poussa violemment des deux mains, faisant parler toute ma force et cela afin de le faire tomber.

Puis, d’un geste vengeur, j’écartais Gwendoline pour me libérer le passage.

Dès lors, je me confondais dans la masse de L’ALPHA, pour enfin, sortir par la porte d’issue de secours.

SILENCE.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire David Watine ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0