Chapitre 22
En cuisine, je m’assurais que tout était prêt avec Sandra. Les plats de toasts, les boissons, tout devait être parfait pour le mariage de mon meilleur ami. Même si j’allais rester à distance de sa famille, je voulais quand même faire bonne impression. Je ne pouvais pas échouer maintenant. Le moindre faux pas, la moindre mauvaise impression aujourd’hui me ferait défaut le jour où je les rencontrerais pour de vrai. Quand il fut enfin l’heure pour les premiers invités d’arriver, je remontais dans la Salle impériale pour les accueillir. Je remarquais alors qu’une grande partie de la famille de Véra était déjà là et discutait avec mon amante. Quand elle tourna la tête vers l’entrée, elle m’aperçut et me sourit. Peu de temps après, elle passa à côté de moi rapidement.
— Je vais m’occuper d’Isa, ne fais pas de bêtises, me chuchota-t-elle avec une pointe d’humour.
Moi, faire des bêtises, jamais. Surtout pas en présence de la famille de Marcus et de Véra. J’aidais les serveurs à mettre en place les plateaux sur les buffets avant d’aller accueillir les autres invités. Pendant une bonne demi-heure, des hommes et des femmes, tous plus beau les uns que les autres entrèrent, m’ignorant complètement. Finalement, ce n’était pas plus mal de se sentir invisible face à toutes ses figures importantes. Je ne risquais pas de faire d’erreur avec ceux qui ne me remarquaient pas. Quand deux têtes couronnées entrèrent, mon cœur s’accéléra. Ce n’était pas le moment de faire un faux pas. Marcus les rejoignit. Je compris vite qu’ils étaient ses parents.
— Bienvenue, Vos Majestés.
— Mais que tu es beau fiston, enchaîna l’homme sans me prêter attention.
— Merci papa, lui répondit Marcus.
— Je suis fier de toi chéri. Isabella est une jeune femme formidable.
— Merci, maman, ton approbation compte beaucoup pour moi. Élia, va t’assurer que tout ce passe bien du côté d’Isa, je m’occupe des invités.
— Bien, Votre Altesse.
Ça me faisait bizarre de l’appeler ainsi. Je n’avais toujours vu en lui que mon ami et mon partenaire de danse. Écoutant Marcus, je remontais dans les appartements de nos jeunes mariés. Une domestique s’occupait de la coiffure d’Isa tandis que Véra, en retrait, observait tout.
— Marcus m’a demandé de vérifier que tout se passait bien, commençais-je.
— Tout ce passe bien, pour le moment, me répondit Véra. Qui est déjà arrivé ?
— Toute la famille, enfin je crois.
— Déjà ? Bon au moins personne ne nous a fait défaut.
— Élia, approche s’il te plaît, m’interpella Isa.
Je m’approchais de la jeune mariée et m’appuyais contre le meuble en face d’elle.
— Nous ne sommes pas très proches toutes les deux mais tu comptes beaucoup pour Marcus. Je n’ai pas de famille pour m’accompagner à l’autel ou pour être mon témoin. Est-ce que tu accepterais de remplir cette fonction ?
J’hésitais un moment, regardant tour à tour Véra et Isa. En acceptant, j’allais être mise en avant alors que rester invisible, discrète me suffisait amplement.
— Je n’ai jamais assisté à aucun mariage, je ne saurais même pas quoi faire.
— Juste marcher avec moi et signer à la fin. Rien de bien méchant.
— Je ne suis pas majeur, ai-je vraiment le droit de signer ce genre de documents ?
— Tu as le droit depuis une heure, ajouta Véra. Je t’ai signé une dérogation.
— Alors, est-ce que tu acceptes ? s’impatienta Isa.
— Oui. Bien sûr que j’accepte.
— Merci Élia, merci.
— Je vais vous laisser dans ce cas. Ma place n’est plus ici. Je vais aider Marcus à accueillir les invités.
Elle me sourit avant de sortir de la pièce. Je me concentrais sur Isa et commençais son maquillage. Un petit peu de fond de teint, de fards à paupières et je terminais par du gloss sur ses lèvres. Une fois fini, je me plaçais dans le dos d’Isa et posais mes mains sur ses épaules, pour la regarder dans le miroir.
— Tu es magnifique, commentais-je. Marcus va adorer.
— Merci. Et toi, tu n’appréhendes pas la rencontre avec la famille de l’impératrice ?
— Pas tellement non. Elle ne leur parlera pas de moi et je ne serais que sa dame de chambre. Notre relation est trop jeune et complexe pour que d’autres personnes soient mises dans la confidence.
— Trop complexe ? Tu es toujours hantée parce que t’as fait Margot ?
— En quelque sorte. Mais assez parler de moi, c’est ton mariage. Prête ?
Elle ferma les yeux quelques instants, respira un grand coup avant de les rouvrir.
— Je suis prête.
Elle se leva et je lui tendis mon bras, comme je l’avais tant de fois fait avec Véra. Tranquillement, on descendit jusqu’aux portes de la Salle impériale. À côté de moi, je sentais Isa devenir de plus en plus nerveuse. J’aurais sûrement été dans le même état à sa place. Avant de la laisser entrer, je m’assurais auprès de Véra que tout était en place.
— C’est quand tu veux, Isa, repris-je en venant vers elle. Ils n’attendent plus que toi.
— Alors c’est parti. Vous pouvez ouvrir les portes.
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