Chapitre 26
À mon réveil, Véra dormait toujours et le soleil commençait à peine à se lever. Avec ce qu’il s’était passé la veille, j’avais besoin de décompresser, d’être seule un moment avec moi-même. Silencieusement, je sortis du lit et enfilais l’une de mes tenues de danse. Dans l’antichambre, l’ouverture de la porte attira l’unique personne présente, la tante.
— Bonjour Élia, commença-t-elle à voix basse.
— Bonjour Votre Altesse, répondis-je sans oser la regarder dans les yeux.
— Où vas-tu ? Je peux t’accompagner ?
— Si vous voulez. Je vais dans la salle de bal.
— Pour quoi faire ? Tout a été nettoyer cette nuit.
— Pour danser.
Je récupérai mon MP3 que Véra avait rangé pour moi dans l’un des tiroirs de l’antichambre et me rendis dans la salle de bal sans attendre la tante. Je le branchais à la chaîne Hi-Fi, lançais une musique aléatoire, retirais mes chaussures et commençais par m’échauffer. Plus les musiques avançaient, plus je me défoulais. Dans mes pas de danse, j’extériorisais tout ce qui me tuait à petit feu, tout ce que Margot m’avait fait et qui ne voulait pas sortir. Je finis même par oublier que la tante m’avait suivie.
— Élia ! m’interrompis la voix de Véra dans mon dos.
— Laissez-moi, Ma dame.
— Parle-moi, mon ange, me chuchota-t-elle en m’entourant la taille de ses bras.
Je voulus me débattre, mais elle resserra ses bras autour de moi. Mes jambes cédèrent en même temps que mes larmes coulèrent.
— C’est trop dur, ça fait trop mal, avouais-je.
— Quoi donc ? Exprime-toi, mon amour.
— Margot avait raison, on ne peut pas être ensemble.
— Ne dis pas de bêtises ! s’énerva-t-elle.
Elle me lâcha enfin et je me tournais à elle.
— Soit réaliste ! Tu es Impératrice et je suis… Je ne suis rien Véra ! Je n’ai aucun diplôme, presque aucune famille, Marcus est l’un de mes rares amis et c’est toi qui nous as présentés. Sans ma sœur ou toi, je n’ai rien !
— Ce n’est pas vrai, chérie.
— Si c’est vrai ! Tu n’as rien à faire avec moi. Je n’apporte que de mauvaise chose. Je n’ai rien à te donner !
— Si, ton amour, ta joie de vivre, ton humour, ta gentillesse, ta danse. Tu as plein de qualité Élia, mais tu refuses de le reconnaître. Pourquoi ?
— Tu sais très bien pourquoi.
— Non justement. Je ne comprends pas pourquoi tu te sous-estimes à ce point. Tu as si peu confiance en toi que c’en est révoltant.
— Je ne suis pas toi, Véra ! Je n’ai pas une grande famille sur qui compter, je ne suis pas celle qui se fait respecter en un regard, au contraire même.
— Tu es qui tu es, Élia. Tu es exactement celle que tu dois être, la femme que j’aime.
— Je ne suis même pas majeur.
Véra soupira bruyamment et me relâcha. Je me relevais et m’éloignais d’elle, les bras croisés, et lui tournais le dos.
— Je veux rentrer chez moi. Je ne peux pas rester ici.
— Élia, s’il te plaît. J’ai besoin de toi.
— Ne m’oblige pas à rester là où je ne suis pas heureuse.
— Très bien, si c’est ce que tu veux. Mais ne pars pas fâcher contre moi.
— Je ne suis pas fâché contre toi, mais contre moi.
Entre-temps, elle s’était rapprochée de moi et glissa ses mains sur mon ventre puis m’embrassa dans le cou.
— Promets-moi que tu m’enverras régulièrement des nouvelles. Sinon je viendrais te voir.
— Je te le promets.
— Tu veux que je t’aide à faire tes valises ?
— Avec plaisir.
En une heure à peine, toutes mes affaires étaient rangées dans différents sacs et valises. Véra avait accepté ma décision de rentrer chez ma mère, mais j’appréhendais ma sortie de cette chambre. La famille de Véra était restée dormir aussi et Marcus n’allait sûrement pas apprécier mon départ pris sur un coup de tête.
— Dis-moi ce qui se passe dans ta petite tête, mon ange, m’interrogea Véra, la main sur la poignée de la porte.
— J’ai peur de la réaction de Marcus.
— Il comprendra, ne t’inquiète pas. Et si ce n’est pas le cas, je lui expliquerais pourquoi tu as décidé de partir. Et puis ma tante était là quand tu as pris ta décision, elle te soutiendra auprès de lui.
— Heureusement que je peux compter sur toi.
— Tu pourras toujours compter sur moi. Que tu sois ici ou chez ta mère. Prête ?
— Oui.
Elle ouvrit la porte et interpella l’un des gardes. Assis autour de la table de l’antichambre, toute la famille de Véra était réunie, y compris Marcus. Quand il vit le soldat sortir avec mes premières valises, il se leva et se rapprocha de moi. Je remarquais son regard plein d’incompréhension et baissais les yeux.
— Tu t’en vas ? Tu comptais me le dire quand ?
— Maintenant. J’ai pris ma décision il y a une heure.
— Ta décision ?
— Je veux rentrer chez moi, Marcus. J’ai besoin de retrouver ma mère et…
— Elle en as vraiment besoin, repris Véra.
— Vous en avez discuté toute les deux, à ce que je vois.
En prenant cette décision si rapidement, j’avais blessé Marcus. Je baissais à nouveau les yeux et coinçais mes mains derrière mon dos.
— Écoute Marcus, ton mariage n’étais qu’une distraction pour Élia et ça a fonctionné pendant deux semaines. Mais maintenant que c’est fini, elle n’a plus rien pour penser à autre chose. Il faut que tu comprennes qu’elle en a besoin pour se reconstruire, qu’elle a besoin de sa famille, de sa mère.
— Tu devrais la laisser partir, fiston, ajouta Lizéa.
— Excuse-moi Élia. Je ne pensais pas que ça te tourmentait encore.
— Ce n’est pas en deux semaine que je peux oublier que… bref ça fait longtemps que je n’ai pas vu ma mère, Marcus et je n’ai plus qu’elle.
— Je comprends, princesse. Profite de tes vacances.
— Merci Marcus.
— Prends soin de toi, Elia. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, tu pourras toujours me contacter.
— Merci, Votre Altesse.
— Je t’accompagne jusqu’à la voiture qui t’amènera à l’aéroport et je te laisse partir, repris Véra. Mais n’oublie pas de m’envoyer un message quand tu seras arrivé.
— Je n’oublierais pas.
Elle attrapa le dernier sac qui n’avait pas encore été emmener et emmêla ensuite ses doigts avec les miens. On marcha main dans la main jusqu’à la voiture qui allait m’amener à l’aéroport puis jusque chez ma mère. Juste avant que je ne monte, elle m’embrassa pendant plusieurs minutes et me chuchota son amour. Une larme coula en silence sur sa joue, mais elle ne fit aucun commentaire. Elle glissa une carte bleue dans ma poche. Si j’avais besoin de quoi que ce soit, je pouvais l’utiliser. Elle s’assurerait que le compte soit toujours suffisamment approvisionner pour que je ne manque de rien.
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