Chapitre 1

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Autant vous prévenir tout de suite, je ne suis ni Navarro, ni Nestor Burma, juste un jeune flic fraichement affecté dans une petite ville de province. Il faut dire qu’à l’école de police, je ne me suis pas spécialement distingué par mes résultats, mais si j’avais marqué des points pour chaque fille que j’ai fait craquer, je ne serais pas de permanence de nuit pendant le week-end le plus long de l’année.

Le commissaire parti depuis deux jours, le capitaine nous a laissé la boutique en nous recommandant de ne le déranger qu’en cas d’extrême urgence. Le brigadier de garde m’a adressé un clin d’œil qui en disait long. Bref, à moi les bagarres d’ivrognes, les femmes battues et les vols d’autoradios. Une sinécure quoi.

Samedi 2 heures du mat’.

Le gradé au standard me tire de ma léthargie. Il vient de recevoir un appel nous demandant de venir d’urgence. Il a noté une adresse sur un post-it minuscule et me le tend.

— Tu sais de quoi il s’agit ?

— Non, une femme a appelé, genre hystérique, j’ai juste pu lui arracher un nom, Lafaye, et cette adresse.

— OK, on y va.

Je passe la tête dans la salle de garde. Ça pue la bière, la sueur et le tabac. Il est interdit de fumer partout mais ça sent toujours le tabac froid. Sûrement que les murs sont complètement imprégnés de l’odeur. J’appelle un des collègues et lui demande de récupérer les clés d’une voiture. Je lui file l’adresse et il nous y conduit rapidement.

Le numéro correspond à une propriété cossue, maison de maître du 19e dans un grand parc entouré de hauts murs. Le portail est ouvert, nous entrons. Il y a trois voitures dans le parc, deux berlines de luxe et un coupé sport. Je sonne, une femme vient ouvrir très vite. Elle doit avoir une quarantaine d’années, mais malgré son air affolé, je lui reconnais une certaine distinction. Pas de doute, on n’est pas dans la France d’en bas.

Je me présente. Un homme apparaît au bout du couloir. La femme s’efface et nous désigne au nouveau venu.

— C’est la police.

— Ah, enfin. Venez par ici. Je suis Jacques Lafaye.

Il nous fait signe de le suivre vers un salon meublé avec goût. Le collègue en uniforme ne sait pas trop que faire et reste debout à la porte. Je demande des explications.

— Voyez-vous, c’est assez délicat. En temps normal j’aurais directement appelé votre commissaire qui est un ami proche, mais je sais qu’il est absent. Nous ne voudrions pas que la chose s’ébruite.

— Si vous me disiez plutôt de quoi il s’agit ?

— Nous organisons de temps en temps des soirées entre couples de la région, mais certains ne sont pas légitimes, vous me comprenez ?

— Et alors, je ne suis pas des mœurs, vous pouvez partouzer tant que vous voulez, ça ne me concerne pas.

— C’est que là, nous avons un sérieux problème. Je crois qu’il vaut mieux que vous veniez avec moi, le docteur va vous expliquer.

Je le suis, pressentant le bon gros tas d’emmerdements. Il me conduit par un petit escalier au sous-sol de la villa. Les caves voutées ont été aménagées en baisodrome de luxe. Banquettes de velours rouge, tentures sombres et éclairages tamisés, un bar dans un angle. Je remarque de nombreux verres, certains encore à moitié remplis, quelques bouteilles de champagne ouvertes. L’ambiance est lourde de fumée froide, l’interdiction ne s’applique pas aux fêtes privées. Nous pénétrons dans une plus petite pièce, un homme nous tourne le dos. Une femme est allongée sur un sofa, à côté d’une grande croix de bois de laquelle pendent des sangles de cuir.

Pas besoin de me faire un dessin. J’ai sous les yeux le cadavre le plus canon qu’il m’ait été donné de voir dans ma courte carrière. Trente-cinq ans environ, des cheveux longs bouclés, un beau visage, peut-être un peu trop maquillé. Vêtue, façon de parler, de sangles de cuir assemblées par des anneaux de métal, cuissardes à talons hauts. Tout ce qu’il y a de plus morte.

— Charles, la police est arrivée.

Le dénommé Charles, se retourne et se présente.

— Docteur Waukler, hôpital Cochin à Paris.

— OPJ Ceccaldi, du commissariat local.

Après cette entrée en matière, mes craintes se confirment. C’est la grosse crise. Un cadavre dans une soirée mondaine, ça fait déjà mauvais genre, mais dans ce type de soirée, ça va faire les gros titres. Et c’est sur moi que ça tombe. Je ne serais pas surpris de voir débarquer le Procureur dans les minutes qui suivent.

— Alors Docteur, vous m’expliquez un peu ce qui s’est passé ? Pour commencer, est-ce que cette personne avait un nom ?

— Je ne la connaissais pas. C’est la première fois que je la vois. Nous avons souvent des invitées…

— Je suppose que vous avez bien une idée des causes de son décès.

— Je ne suis pas légiste.

— Mais vous êtes tout de même médecin ? Alors ? Overdose ?

— Non, je ne crois pas. Je penche plutôt pour un problème de cœur. J’étais à l’étage, le temps que j’arrive, c’était déjà trop tard. J’ai pratiqué un massage cardiaque mais en vain.

— OK, je vois. C’est vous qui l’avez décrochée ?

Je lui montre la croix de Saint André. Il me fait un signe de dénégation.

— Non, elle était déjà allongée là quand je suis arrivé mais elle a des traces aux poignets et aux chevilles.

J’appelle le collègue en uniforme en lui demandant de déclencher la machine judiciaire. Je me retourne vers Lafaye.

— Vous, vous devez bien la connaitre ?

— Pas vraiment, je ne l’avais jamais rencontrée avant hier soir. Nous avions tout réglé par internet. Elle est arrivée en voiture vers 22 heures. Je ne connais que son prénom, Natacha.

— Elle devait bien avoir des vêtements, un sac ? Où sont-ils ?

— Là-haut je pense. Je vais vous montrer.

— Je vous la confie Doc !

Pas trop fier de mon humour, je remonte à la suite du maître des lieux. Il me conduit au premier étage. Une chambre qui a dû servir de vestiaire. En vrac sur le lit, un tailleur et un chemisier, des sous-vêtements de dentelle noire, chaussures de ville sur le sol. Un sac de femme. Je l’ouvre. Un trousseau de clés avec le logo Mercedes, un IPhone dans son étui de cuir Hermès, un porte-cartes de crédit : American express, Visa, Hertz Gold…, une boîte de préservatifs et un petit sex-toy doré. La panoplie de la call-girl standard. Je trouve ses papiers d’identité. Natacha s’appelle en fait Sylvie Perez, ce qui est moins glamour. Domiciliée à Saint Cloud.

— Il y avait du monde cette nuit ?

— Juste quelques amis.

— Je suis désolé mais il va falloir me communiquer les noms et les adresses de tout ce joli monde.

— C’est que …

— Quoi ? Vous les avez aussi rencontrés sur internet ? Vous avez bien des adresses mail ? Des numéros de téléphone ? Je pense que vous comprenez que vous risquez de graves ennuis ? Il est tard, j’ai besoin de dormir un peu. Je repasserai demain, ça vous laisse le temps de me préparer tout ça.

Je laisse passer les brancardiers qui emportent le corps de cette pauvre fille. Je n’ai pas revu la femme qui m’a ouvert la porte.

Il faut que j'essaie de me reposer un peu si j’y arrive. Je sais que la journée va être longue.

J’ai l’impression que j’ai à peine fermé les yeux quand le planton me réveille avec un café dans un gobelet de carton. J’ai la bouche pâteuse, je suis fourbu, les fringues sales me collent à la peau. Je dois passer chez moi prendre une douche et me changer. Une heure plus tard, je me sens un autre homme. Il est dix heures, un peu tôt pour retourner à la villa. Je retourne au commissariat pour discuter un peu avec les anciens et prendre des nouvelles de l’affaire.

Je trouve Max, un vieux de la vieille, à la machine à café des gradés. Je l’interroge un peu sur des histoires de mœurs dans la ville. Il me dit que depuis la fermeture d’une maison clandestine dix ans plus tôt, et en dehors des deux ou trois tapineuses du secteur de la gare, il n’a pas connaissance de délinquance liée au sexe. Il m’explique qu’il est de notoriété publique que quelques mères de familles arrondissent leurs fins de mois en invitant des hommes chez elles, mais personne ne s’en est jamais plaint. Je lui donne l’adresse de la villa fatale, mais cela n’évoque rien pour lui. Le nom de Lafaye ne lui inspire rien non plus.

Il y a un message du légiste qui fait dire que son rapport sera disponible en fin de journée, pas de nouvelles du capitaine ni du commissaire. Je suis bon pour faire le boulot tout seul.

Onze heures, je décide de rendre visite aux hôtes de la demeure fatale. La grille est fermée. Je m’annonce à l’interphone et on m’ouvre après quelques instants d’attente. Le coupé Mercedes est toujours à la même place. Les autres voitures ont disparu. Une soubrette m’invite à entrer, elle est très jeune, vêtue d’un uniforme classique dans sa forme, mais sa jupe est particulièrement courte et son corsage décolleté plus que nécessaire. Elle me précise que Madame est seule, mais qu’elle va me recevoir. Je la suis jusqu’à une salle de fitness. La pièce est équipée de divers appareils de remise en forme et de musculation.

Je retrouve la femme qui m’a accueilli plus tôt dans la nuit. Elle semble avoir retrouvé ses esprits et pour le moment, brule des calories sur un tapis de course. Elle porte une tenue orange fluo, qui lui colle comme une seconde peau. Il est évident qu’elle n’a rien dessous. Je ne m’en étais pas bien rendu compte de nuit mais elle a une silhouette élancée, les fesses fermes et bien dessinées. Dans la glace devant elle, je vois ses seins monter et descendre au rythme de la course. Elle a le ventre plat, sans une once de graisse.

Elle me montre le compteur devant elle, et me demande trois minutes pour terminer son exercice. Je lui fais signe de continuer. J’en profite pour faire le tour de la salle. Les machines sont du dernier cri, toutes équipées d’ordinateurs et écrans vidéo. Dans un angle, une grande cabine de sauna, le thermomètre indique 80°. A côté, une douche ouverte. Deux grandes serviettes soigneusement pliées.

— Trente minutes, j’arrête. J’avais besoin de me vider la tête après cette nuit épouvantable. Ça ne vous dérange pas que je me douche ?

Sans attendre ma réponse, elle se dirige vers le fond de la pièce et se déshabille en un rien de temps.

Je ne m’étais pas trompé. Elle a vraiment un cul magnifique. Elle reste un moment sous l’eau chaude puis se retourne vers moi, m’offrant l’autre vue de son anatomie. L’endroit vaut l’envers. Elle a dû pratiquer la natation à haut niveau, elle a le torse développé et musclé, les seins ronds mais sans aucun doute parfaitement naturels, des cuisses fuselées, le pubis parfaitement lisse.

— Seriez-vous assez aimable pour me passer une serviette ?

Je lui tends un des draps de bain.

— Ne soyez pas si timide. Vous n’avez jamais vu une belle femme nue ? Ça vous fait de l’effet on dirait.

D’une main, elle tient la serviette plaquée sur son torse, l’autre vient se plaquer sur mon jean à l’endroit où une bosse s’est rapidement formée. La main se resserre sur mon sexe tendu.

— Alors inspecteur, on bande comme un taureau ? J’aime ça. Vous avez le droit de baiser pendant le service ?

Elle ne me laisse pas répondre. La serviette tombe à ses pieds. D’un geste adroit, elle ouvre mon jean et libère le membre tendu. Elle le soupèse, le palpe et admire l’engin. Un genou sur le sol, elle le prend dans sa bouche gourmande et me pompe goulument. Une main me malaxe les testicules, l’autre s’active à faire glisser mon pantalon.

J’ai déjà eu quelques aventures peu banales, mais c’est la première fois qu’une enquête débute de la sorte. J’essaie de protester pour la forme, rappelant l’objet de ma visite mais elle n’en a cure, m’opposant pour toute justification qu’elle n’a pas encore fait l’amour aujourd’hui. Autant profiter de l’occasion, même si la dame à bien vingt ans de plus que mes partenaires habituelles. Elle a de l’expérience et suce divinement. Je me sens sur le point d’exploser. Je le lui dis. Elle ne ralentit pas pour autant, au contraire. Elle resserre ses lèvres et prend tout dans la bouche. Elle se relève, un peu de mon sperme coule de ses lèvres.

— Maintenant, c’est à ton tour. Prends-moi comme une chienne.

Elle s’agenouille sur un banc de musculation, m’offrant sa croupe superbe, ses lèvres bien marquées brillantes de désir. Mon érection qui avait un peu faibli reprend de plus belle. Au mépris de toutes les précautions, je la pénètre d’un coup. Elle m’accueille sans résistance, son sexe est chaud et lisse, parfaitement lubrifié. Je la saisis par les hanches et la bourre sans subtilités. C’est visiblement ce qu’elle attend. Je suis tombé sur une nymphomane qui a besoin d’être baisée bestialement. Je lui donne ce qu’elle cherche. Après un moment, je me retire et fait glisser mon engin entre ses fesses. Elle comprend l’intention, ne s’y oppose pas. Mon sexe humide de son humeur se fraie un chemin sans difficulté et je reprends de plus belle mes va-et-vient. Elle manifeste son plaisir bruyamment, redresse le buste, me permettant de prendre ses seins à pleines mains, mon dard profondément planté entre ses deux globes.

J’entends le bruit d’une voiture sur les graviers de l’allée. Je m’interromps en pleine action.

— Ne t’arrêtes pas, c’est mon mari qui rentre. Il n’y a pas de problème. Vas-y plus fort.

Je reprends avec moins d’ardeur mais elle manifeste son désir en reprenant elle-même l’initiative. Je lâche ce qui me reste dans son étroit canal.

A ce moment j’entends une voix d’homme derrière moi.

— Ah, notre jeune inspecteur est de retour. Je vois que vous avez fait connaissance avec Cécile. Vous ne perdez pas de temps, mais je me doute que c’est elle qui vous provoqué ! Cette salope ne peut pas résister à une nouvelle queue.

Je me rajuste rapidement. Il faut que je reprenne la main.

— Avez-vous pu me préparer la liste de vos invités ?

— Venez plutôt dans mon bureau, nous serons plus à l’aise pour discuter.

Cécile retourne sous la douche sans plus s’occuper de nous. Je suis son mari. Nous retraversons la villa et nous entrons dans un petit salon aménagé en bureau hi-tech et visiblement aussi salon de cinéma. Une table de travail en verre fumé sur laquelle est ouvert un ordinateur Sony haut de gamme, connecté à une web cam. De l’autre côté, quelques fauteuils et un canapé, un ensemble écran plat grand format et home cinéma, une caméra vidéo sur une étagère, tournée vers l’intérieur de la pièce. Nul doute que cette pièce ne sert pas qu’au travail.

Il s’installe derrière le bureau, je prends place en face de lui. Il entre quelques commandes sur l’ordinateur et j’entends une imprimante cracher une page quelque part. Il se lève, va chercher la feuille et me la tend.

— Voilà, il y a tous les noms, du moins ceux sous lesquels ils se sont identifiés. Vous pensez bien que je ne demande pas de pièce d’identité. J’y ai associé les adresses électroniques, je suppose que vous avez des services qui sauront faire le lien.

— Vous n’avez pas quelques idées pour nous faciliter un peu le travail ? Il devait bien y avoir quelques personnes de la région, et vous m’avez fait comprendre cette nuit que vous connaissiez beaucoup de monde.

Je sentais bien qu’il était coincé. Je décidais d’enfoncer le fer un peu plus.

— Vous devez bien tenir une petite comptabilité pour cette activité. J’ai un copain aux finances qui aimerait peut-être y jeter un œil. Je suppose que tout est en règle et que vous n’avez rien dissimulé.

— Vous n’avez aucune idée de ce qui va vous arriver si vous mettez le nez là-dedans. Cette pauvre fille avait un problème cardiaque, c’est un regrettable accident. Que voulez-vous de plus ?

— Moi je dirais, homicide, proxénétisme et fraude fiscale. Ça vous suffit ?

— Sortez de chez moi, je ne vous parlerai plus sans mon avocat, et ne revenez pas sans mandat.

— Vous regardez trop de films américains, en France c'est une commission rogatoire. À bientôt.

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