Il lupo e la guerra

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Citta di Roxane, 2216

Depuis les grandes fenêtres de la Fettura, toute la Cité de Roxane était visible. Comme toujours, les toits étaient enneigés, des stalactites menaçaient de s'écraser au sol et les arbres luttaient contre la glace les enveloppant. Le jour s'était levé; la Cité se réveillait.

Un bol d'infusion bouillante aux feuilles de pin dans les mains, Crocheta observait ses habitants commencer leur journée. Depuis qu'elle avait été nommée gouvernante de la Cité, aucun de ses réveils n'avaient été sans ce rituel. Comme toujours, les fenêtres s'ouvraient une à une, un court instant, juste ce qu'il fallait de temps aux résidents pour décrocher les morceaux de glace, et ainsi les faire fondre pour leur petit-déjeuner.

Plus bas, la triangulaire Piazza della Futtura s'animait aussi. Des parents amenaient leurs enfants au vieux Bacciocchi, le formateur de l'école de La Guardia, au pied de la statue de Roxane, la fondatrice de la Cité. L'ancien militaire avait choisi cet endroit précis comme lieu de rendez-vous quotidien avec ses élèves, car il trouvait important de commencer la journée devant ce symbole qui selon lui nourissait les futurs soldats de toute la bravoure dont ils allaient avoir besoin. Elle avait du mal à distinguer son visage de l'ancien militaire depuis sa chambre, mais Crocheta le savait l'air sévère; comme toujours.

La Cité était réveillée, et très vite, ses rues se remplissaient de tous ses habitants, partant chacun pour contribuer à son développement.

Elle porta son bol à ses lèvres, sentit la chaude boisson traverser son corps, et ferma les yeux. Cette nuit encore, elle en avait rêvé. Elle s'était vu encore une fois sur le champ de bataille, cachée parmi les tireurs d'élite, le fusil aux mains. Elle arpentait le massacre de la guerre à travers sa visée, et le vit. Il n'était pas imposant, loin de là, et bien moins impressionnant que la plupart des hommes qu'elle avait tués dans sa vie. Seulement, il était le Phénix; et sa mort aurait apporté la paix dans tout l'Ouest des Anciennes Terres Européennes.

Elle visait, concentrée, en bloquant sa respiration. La tête du tyran était en plein centre de son viseur, et après un court instant qui lui parut une éternité, elle tira. Mais la cible fût manquée, et le Phénix avait répondu d'un missile que seule son armée possédait.

Elle se souvenait de tout. La neige mélangée à la terre, jaillissant dans tous les sens. Les corps qui l'espace d'un instant, flottaient dans les airs, souvent démembrés. Elle se souvint du choc de l'explosion, la faisant tomber de sa tourelle, et de son visage s'écrasant dans la neige salie par les affrontements humains. Autour d'elle, le chaos. Des gens hurlaient, mouraient. Les tirs des soldats du Phénix fusaient, détruisant petit à petit son armée à elle. Devant ses yeux, ses Hommes agonisaient. Leur vie disparaissait en ce moment précis, tout cela car elle avait raté son tir. Ce cauchemar l'avait hantée toute la nuit; comme toujours.

On toqua à sa porte. Crocheta sortit de ses esprits, et donna la permission d'entrer.

"Governatrice, les Cacciatori sont entrés à la Fettura, et demandent à vous voir."

La voix incertaine et le regard en direction du sol, la jeune Lara annonçait cela sans vraiment savoir quel ton adopter. Fraichement recrutée pour être la Cudiera de Crocheta, ses marques n'étaient pas vraiment prises, et s'adresser à la Governatrice l'intimidait encore. Vêtue d'un grand manteau vert fourré, elle dégageait quand même une certaine prestance, et Crocheta la savait digne de diriger la Cité un jour. En attendant, il lui restait à apprendre, ce qu'elle faisait chaque jour en travaillant à la Fettura.

- Je descends tout de suite, répondit Crocheta, amène-moi mon manteau, veux-tu ?

- Bien, Governatrice.

"Governatrice"... Cela faisait sept ans aujourd'hui qu'on l'appelait tous les jours ainsi, Crocheta n'arrivait toujours pas à se faire au titre. Elle avala les dernières gouttes de son infusion, puis s'approcha de sa Cudiera, qui lui mit son manteau. Tâché, déchiré à certains endroits, au cuir et à la fourure usés, cedit manteau était bien moins prestigieux que ce dont la plupart de ses sujets s'habillait, mais elle continuait à le mettre. Tant de fois on lui avait répété "Vous ne pouvez pas vous habiller comme ça, vous êtes la Governatrice di Roxane !" Ce à quoi elle répondait toujours, que son poste lui donnait pour ordre d'être une guerrière, et ce manteau portait sur lui les traces de la guerre.

Suivie de près par Lara, elle quitta son appartement, et descendit les grands ecaliers en colimaçon. La Fettura semblait agitée ce matin, et l'agitation menait tout droit à la salle de réunion, où étaient attroupés bon nombre de ses sujets.

Lorsqu'elle entra, la Guardia de la porte se figea, faisant claquer leur botte au sol, et remplaçant le brouhaha désordonné en silence presque religieux. Tous la regardèrent, attendant qu'elle donne sa permission pour reprendre le chahut. Crocheta fit un simple signe de tête, puis s'approcha du centre de la salle où l'attroupement était majeur.

"Ma Cudiera m'a informé que les Cacciatori voulaient me parler. De quoi s'agit-il ?"

Un homme se présenta à elle. Il mit deux doigts sur sa pomette droite, comme il était d'usage dans la Cité, puis répondit.

"Governatrice. La nuit a été plus que bestiale pour vos chasseurs. Les loups s'approchent de plus en plus de la Cité, et ont été particulièrement offensifs hier soir."

Son regard inquiet laissait sous-entendre que tout n'était pas dit. Grand homme brun, aux traits marqués et à l'expérience profonde, Ladislao Macabeo n'était pas du genre à se faire du souci. Chef des Cacciatori bien avant que Crocheta ne devienne la dirigeante, il protégeait la Cité depuis des années des attaques d'animaux, et garantissait un approvisionnement en viande pour les habitants sans jamais quelconque problème.

- Les loups attaquent la Cité depuis que Roxane a posé la première pierre de la Fettura, lui répondit-elle, aussi je doute fort que ce soit la seule chose dont vous vouliez me parler.

- Evidemment, je ne serai pas venu avec mes hommes créer autant de désordre dans vos locaux, si je ne n'avais pas vu ce que j'ai vu hier.

Les muscles de son visage se contractèrent. Crocheta avait toujours trouvé le chasseur d'un charisme exceptionnel, et encore aujourd'hui, elle avait du mal à rester de marbre face à lui bien qu'elle soit devenue son supérieur.

- Les loups nous attaquant depuis la nuit des temps, comme vous le précisez, sont des loups forestiers. Ils chassent en meute, avec une certaine stratégie, mais nos protections sont infaillibles face à eux. Néanmoins, depuis quelques semaines, nous avons remarqué des loups d'un gris plus sombre, et d'une carrure bien plus imposante. Ce sont des loups montagnards, et ils sembleraient qu'ils descendent directement des Montagnes des Terres Maudites, pour venir chasser en terrain plus tranquille.

Parler des Terres Maudites glaça l'ambiance de la salle. La Guardia ne semblait pas tranquille en entendant ces mots, les Cacciatori non plus. Crocheta, elle, ne tremblait plus en pensant à ces terres du Nord-Ouest au delà des montagnes, car elle les connaissait bien. Elle y était même née, et n'y était revenu que pour se battre contre le Phénix; et échouer.

- Sont-ils si complexes à tuer, ces loups de montagne ?

- Ma foi, oui, car plus résistants, plus offensifs, et plus imprévisibles, bref, je vous omets tous les détails qui n'intéressent que les vieux chasseurs comme moi. Mais quelque chose d'autre est venu hier soir, et je me suis dit que cela pourrait vous intéresser.

Ladislao fit signe à deux de ses chasseurs, qui s'approchèrent de Crocheta avec un drap contenant un cadavre animal. Ils déposèrent le tout devant elle, posèrent chacun deux doigts sur leur pomette droite, et retournèrent derrière leur supérieur.

La chose devant elle la terrifia. L'animal était mort, évidemment, troué par plusieurs impacts de balles par lesquels son sang coulait encore, mais surtout il ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait vu auparavant. C'était un loup, comme les poils sur son dos et sa gueule canine le montrait, mais son corps n'était pas celui d'un quadripède. Il possédait deux bras, et deux jambes, en plus longs que ceux d'un humain. Au bout de ses membres jonchaient d'énormes griffes d'apparence incassables; le tout ressemblant à un loup qui a force d'évolution, était devenu bipède.

Jamais Crocheta n'avait vu de créatures semblables, jamais. Tordue dans tous les sens, la bête ne prenait que peu de place, mais dressée sur ses deux pattes, elle devait bien mesurer deux mètres de haut. Son regard croisa celui du maitre chasseur, et sa voix de femme mûre se transforma en celle d'une jeune femme morte de trouille.

- Ladislao, quelle est cette bête ?

L'intéressé plissa les yeux, puis d'un signe, ordonna à ses Cacciatori de quitter la salle. Tous s'éxécutèrent en silence, et en à peine une minute, la pièce ne comportait plus qu'eux deux, la Guardia, Lara, et le cadavre de l'animal.

- Les Terres Maudites, vous le savez autant que moi, sont pleines de maladies que nos médecins ne savent guérir. Les créatures de l'autre côté des montagnes ne ressemblent en rien à celles que nous cotoyons ici. Soit cette créature a échappé aux protections de la Diveria, mais cela voudrait dire qu'elle a traversé des kilomètres pour atteindre nos forêts, soit elle est née à force de mutations, ce qui veut dire que les maladies commencent à passer au-delà des montagnes.

De toutes les terreurs que comportaient ce monde, les maladies anciennes dues à la Troisième Guerre étaient celles que craignaient le plus toutes les civilisations des Anciennes terres Européennes. Ce n'était pas une armée contre laquelle on pouvait se battre, ni des créatures qui à force de stratagème ne devenaient que des proies. On ne luttait pas contre les maladies, et peu importe la grandeur de notre Cité, tout le monde était aussi sensible aux infections; tout le monde sauf le Phénix.

Perdue dans ses pensées, Ladislao fit sursauter sa dirigeante en brisant le silence.

- Crocheta, si j'ai demandé à vous voir ce matin, ce n'est pas seulement pour vous effrayer avec le cadavre d'un mutant. J'aimerai vous demander l'autorisation de convoquer la dirigeante Diverienne, qui saura sûrement m'en dire plus quant à ce phénomène.

- Evidemment, Ladislao. Vous pouvez convoquer Iacoma Surian à Roxane.

Sur ces mots, le chasseur la salua, posa deux doigts sur sa pomette, puis partit en appelant des Cacciatori pour remporter le cadavre. Crocheta jeta un dernier coup d'oeil à la gueule béante garni d'immenses crocs, puis partit au fond de la salle, pour s'asseoir à son fauteuil. Lara la rejoint très vite, et lui demanda si elle voulait manger. Crocheta acquiesça, et la jeune femme partit en direction des cuisines chercher le repas de la Governatrice.

Depuis la défaite contre l'Armée du Phénix, la Cité de Roxane était assez calme. Les alliances avec les autres cités des Terres Européennes s'étaient fortifiés, et la Sororité permettait à la ville d'être assez tranquille et protégée en cas d'attaque sur son territoire. Rien ne menaçait les habitants depuis deux ans, mais les nouvelles de ce matin n'étaient pas de bon augure.

Après quelques minutes à se perdre à nouveau dans ses pensées, Lara revint, un plateau dans les mains. Elle le posa sur la table, et l'odeur de cerf grillé la réveilla un peu. Elle prit ses couverts pour commencer à manger, face à sa Cudiera, qui lui dit.

- Crocheta, un homme s'est présenté à la Fettura. Les gardes le fouillaient quand je suis passé dans le hall pour accéder aux cuisines, mais il n'était pas très équipé. Sa langue n'était pas la nôtre, mais je pense qu'il demande à vous voir.

- A quoi ressemblait-il ?

- Je ne l'ai pas bien vu, mais tous ses vêtements étaient marrons. Il avait l'air d'être un guerrier, et était couvert de boue.

Cette description, bien que simplette, fit tout de suite penser Crocheta à un soldat de la Kolonija. Si c'était le cas, la route avait dû être longue pour lui, mais les Mravlijes ne faisaient jamais rien pour rien. S'il était là, cela voulait dire que Crocheta allait devoir prendre une décision cruciale très prochainement. Le doute n'était plus possible, et elle posa à Lara la question qui allait confirmer ou non l'origine du soldat.

- Lara, ce soldat que tu as vu. Quelles armes portait-il ?

- Je n'ai pas bien vu, répondit la jeune femme, hésitante, mais il me semble qu'il avait une épée et un poignard à chaque côté de sa taille.

Le doute n'existait donc plus. Les Mravlijes de la Kolonija s'armaient toujours ainsi, et personne d'autre qu'eux ne savaient se battre avec une épée de chaque côté du corps.

- Va voir la Guardia, et dis-leur qu'ils peuvent me l'amener. Trouve aussi Carmela, et fais-la venir prestement. Une fois cela fait, pourras-tu aussi amener de quoi grignoter ? Notre visiteur doit avoir besoin de se ressourcer.

- Bien sûr, Governatrice.

Lara posa ses doigts sur sa pomette, puis se leva en hâte vers la porte de la salle. Cette jeune fille avait dans le regard quelque chose de fort, d'infatiguable. A plus Crocheta la cotoyait, à plus elle l'aimait, et à plus elle se sentait rassurée quant à sa sucession dans la gourvernance de la Cité.

Elle avala son cerf et ses pommes de terre rapidement, et à peine eut-elle posé son plat de côté, que les portes s'ouvrirent. En toute hâte, Carmela se dirigea vers elle, le sourire aux lèvres; comme toujours. C'était une vieille femme aux cheveux gris, longiline, et qui se déplaçait avec une grâce inimitable. Ancienne nomade errant dans l'est, elle avait visité de nombreuses cités, étudiant toutes les nouvelles langues comme les anciennes, avant de finir à la Villaguna, la Cité Neutre où les gens comme elles trouvaient refuge. Devenue traductrice officielle de la Cité de Roxane depuis déjà plusieurs gouvernances, elle était quasiment devenu un monument, que tout Roxanien connaissait.

- Madame VinciGuerra, j'ai appris de votre jeune et belle Cudiera que vous aviez besoin de moi.

"VinciGuerra". Carmela était la seule à appeler Crocheta encore par son nom de famille, et cela lui faisait toujours drôle à entendre. Surtout depuis sa défaite contre le Phénix, où ce patronyme avait perdu tout son sens.

- Oui Carmela, je t'ai fait appelé car il semble que nous ayons un visiteur de la Kolonija demandant audience. Et malgré que tu me l'ais encensé, je n'ai toujours pas appris la langue de ton peuple.

Le sourire de la vieille femme s'estompa. Elle était née Mravlijes, et bien qu'elle n'avait jamais rejoint les grottes de son peuple, elle avait un profond amour pour eux.

- Mon peuple subirait-il encore une guerre ?

- Je crains cette hypothèse autant que toi, mais puisse l'esprit de Roxane les protéger de la violence.

Les portes s'ouvrirent. Deux soldats de la Guardia entrèrent, avec entre eux, un peu plus en arrière, le fameux visiteur. Malgré la fatigue, il marchait avec le corps bien droit, le regard fixe sur celui de Crocheta, et avait ses deux mains posées sur chacun des manches de ses épées. Couvert de la tête aux pieds de tissus marrons épais, il était aussi couvert de boue séchée. Il n'y avait plus aucun doute, il était bel et bien un Mravlije de la Kolonija.

La Guardia l'amena face à la dirigeante, puis s'écarta pour laisser le soldat s'avancer. Carmela se pencha vers Crocheta, et lui demanda l'autorisation de pouvoir saluer l'homme venant du même pays. La Governatrice accepta, et la vieille femme s'approcha du soldat, en lui parlant dans sa langue. Il lui répondit, et une fois la traductrice face à lui, ils collèrent leur front et leur nez l'un contre l'autre, en fermant les yeux. La Guardia montra un peu de consternation face à la scène, mais Crocheta n'en fit pas de cas, car ce n'était que la façon dont on se saluait à la Kolonija, tout comme l'on posait deux doigts sur sa pomette droite à la Cité de Roxane.

Les deux Mravlijes se séparèrent, et dans leur langue, Carmela lui présenta "Crocheta VinciGuerra, la Governatrice della Citta di Roxane". Elle lui montra le salut de la ville, et le soldat l'imita avec grâce, en direction de Crocheta. Cette dernière se leva.

- Cher Mravlije, sois le bienvenue en la Cité de Roxane. Ici, tu es et sera à jamais considéré comme un frère.

La vieille femme traduisit, et le soldat remercia Crocheta d'un signe de tête. Dans sa langue, il lui répondit d'une voix grave, que Carmela s'empressa de traduire.

- VinciGuerra, je viens à vous malheureusement porteur de mauvaise nouvelle. La guerre a éclaté à Vratu Na Jug.

L'esprit de Roxane n'avait pas su les protéger. Elle se doutait pourtant bien que le Mravlije n'aurait pas parcouru toutes ces terres loin de ses grottes si sa demande n'était pas d'une certaine gravité. Vratu Na Jug, qu'on surnommait "La Porte au Sud", était une ville marine, dominée par une incroyable forteresse, et dont la dirigeante était la puissante Jelena Horvat. Orpheline de la Cité Ravagée de Zagreb, avant d'être militaire dans une milice indépendante, elle avait su protéger la forteresse dans de bien nombreuses guerres, et jamais Crocheta ne se serait attendu qu'elle ait un jour besoin d'aide.

Les portes s'ouvrirent. Lara entra dans la salle, un plateau rempli de fruits secs et à coque dans les mains, ainsi que de quelques tranches de sangliers séchés. La jeune femme se hâta de déposer la nourriture sur la table devant Crocheta, et se mit à côté d'elle. La dirigeante fit signe au soldat de se servir, mais ce dernier refusa.

- VinciGuerra, ce soldat Mravlije s'excuse, mais dans la Kolonija, jamais les simples soldats ne mangent dans la même pièce qu'une dirigeante, lui informa Carmela, d'un grand sourire de gratitude.

Crocheta hocha la tête pour montrer à l'étranger qu'elle avait compris, et qu'elle ne le prenait pas mal, et la lourde conversation militaire commença, chaque dialogue étant suivi de la traduction de la vieille Carmela.

- Finissons-en alors rapidement, que vous puissiez vous restaurer. Qui attaque la Porte au Sud ?

- Selon nos informations, c'est une tribu nomade se faisant appelée les Sinmarquins venant de la Cité Ravagée de Zagreb, et dirigé par un dénommé Milan Zrinski. Nous ne savons pas précisément la raison de leur attaque, mais nous pensons que comme la plupart des tribus ayant attaqué la forteresse, leur but est de commercialiser les bateaux vers le Sud.

- Qu'ont-ils de spécial pour tenir tête aux guerriers de Horvat ? Sont-ils nombreux ? Ont-ils des armes spéciales ?

- Ils ne sont pas nombreux, non, mais ils possèdent bel et bien d'excellentes armes. Selon certains, avant de quitter la Cité Ravagée, ils l'ont pillé, détruite et décimé toute sa population. Zagreb possédait de nombreuses armes très bien conservées, construites à la base pour la Troisième Guerre...

- Ils ont récupérées les anciennes armes ? Le coupa sèchement Crocheta. Un peu interloquée par ce changement soudain de ton, Carmela eut une légère hésitation dans la traduction de la phrase. Le Mravlije répondit d'un simple "Ja", pour lequel Crocheta n'avait pas besoin de traduction.

Depuis que Roxane avait intégrée la Sororité, Crocheta avait toujours insisté lors des réunions entre les différentes gouvernantes des villes la constituant, pour que les anciennes armes se trouvant à la Cité Ravagée de Zagreb soient réquisitionnées et distribuées, avant qu'une tribu ne s'en empare. Sa proposition avait toujours été déclinée, et aujourd'hui, sa crainte devenait réalité. Après un silence que personne n'osa briser, elle reprit.

- Où en est la bataille ?

- Les Sinmarquins ont attaqués la forteresse depuis Grobli Archipelaga, grâce à des armes à distance. Ils ont rejoints les côtes, et envahis la forteresse. Les gardiens de Vratu Na Jug luttent encore, mais Jelena Horvat est tenue comme captive à la forteresse, et nous ne savons quel est son actuel sort.

- Ils ont capturés Jelena ?

- Oui, VinciGuerra. Aussitôt que nous avons été prévenus, les Mravlije sont venus en renfort pour libérer la Porte du Sud, mais nos forces restent insuffisantes pour le moment.

Dès que Carmela lui donna la traduction de cette phrase, Crocheta savait très bien ce qui allait suivre.

- Aussi, je viens sous l'ordre de la Kraljica Mravelj, notre bien-aimée Reine, qui invoque l'aide de la Sororité pour défendre la Porte du Sud, dit le soldat, avant de mettre ses mains sur son visage et de s'agenouiller, comme le voulait leur tradition lorsqu'ils demandaient de l'aide.

Exactement ce à quoi Crocheta s'attendait. Elle plissa les yeux. La Sororité étant invoquée, elle savait que dès demain, avec son armée, elle partirait pour la guerre.

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