Plus loin, je rencontrais Mathieu, éleveur de vaches Aubrac.

Le vétérinaire Jean Emardemonmetier était en train de faire vêler Marguerite.

C'était son premier veau.

Tout équipé, avec son grand tablier imperméable et deux énormes gants en plastiques qui lui montaient jusqu'à l'épaule, il aidait Marguerite à mettre-bas.

La pauvre bête était bien lasse. Elle était au bout du rouleau.

Que d'efforts pour mettre au monde son petit veau !

Certains penseront que c'est inhumain.

C'était trop long !

Jean se cramponna, il fallait aboutir !

L'animal, dans un dernier effort, expulsa son petit.

Il était tout gluant et Mathieu se mit à courir.

Il se dépêchait d'aller chercher du gros sel pour en mettre dans la gueule du nouveau-né.

Rien de tel pour évacuer le trop-plein de glaires.

Un seau d'eau froide versé sur sa tête (celle du veau pas de Jean) le revigora.

Le veau était enfin prêt à effectuer ses premiers pas.

Il se leva en titubant et se dirigea directement au pis de Marguerite.

Il téta avidement sa mère.Le colostrum lui fit le plus grand bien.

Le veau était enfin prêt à vivre !

Jean pouvait enlever ses équipements.

Mathieu et Jean allèrent fêter l'heureux événement autour d'un verre.

Moi, j'avais beaucoup marché, j'en avais plein les bottes.

Je décidai de laver ma paire de chaussettes avec du savon de Marseille et j'allai me reposer après avoir regardé une dernière fois Marguerite et son veau.

C'était un mâle.

Mathieu lui donna le nom de Christophe, pas courant comme prénom pour un veau...