A mon réveil, après un bon café chaud préparé sur mon réchaud, je reprenais ma marche.

J'arrivais au pays basque, à Saint Jean Pied de Port.

J'entrais dans une pharmacie pour acheter quelques pansements "compeed" pour me protéger d'une éventuelle ampoule en vue des futurs kilomètres à parcourir.

Là, je découvrais un groupe de pèlerins à l'intérieur.

Certains pèlerins vivent un enfer avec leurs pieds mais surtout ils le font vivre aux autres.

C'est aussi cela le partage !

Des pèlerins, après avoir enlevé chaussettes et chaussures, présentaient leurs extrémités enflées sous le nez de la pharmacienne désabusée.

Un des leurs, insista pour poser son membre sur le comptoir, entre le présentoir des bonbons halter menthe, coffee, cherry, apple et celui des sachets solens tutti-frutti, perles fourrées au miel, bonbons arc-en-ciel.

Sur le comptoir d'à côté, c'est un pied abîmé qui bousculait les parfums et les produits à base de plantes.

Quel manque de pudeur, montrer une partie de son anatomie en public ! Sans compter les odeurs ! Chacun montra ses orteils rougis ou avec des ampoules et parla de fatigue musculaire.

La pharmacie vit son stock de tubes d'arnigel et de comprimés sporténine fondre comme neige au soleil.

Face à cette meute de chemineaux, la pharmacienne ne savait plus où donner de la tête.

Je pris mes jambes à mon cou et m'éloignai de l'enseigne.

Il n'était pas facile pour le pèlerin de trouver un remède sachant qu'il allait continuer de marcher.

Il fallait endurer des souffrances et des douleurs.

Le soir, on reconnaissait les marcheurs en les voyant pieds nus dans des tongs ou sandales.

Tout individu qui se promenait orteils au vent, avait toute chance d'être un pèlerin.