Revanche
Irdina (Namahkriæsh) du clan Boꜵr à Caei koxji
Huitième message
Il se passe quelque chose de pas normal. D’anciens esclaves ont rejoint le clan… Ce sont pas de nouveaux espions quand même ? J’ai pas envie que Boꜵr découvre que j’ai menti… Je veux bien aider les Yudæln, mais pas au point de passer pour un adversaire du clan !
À part ça, on a lancé une contre-attaque contre Rokian, ils l’ont bien cherché. Ils se sont pas pris la raclée qu’ils méritaient, mais si leur Naræs est pas trop con il nous foutra la paix un moment. Royan, Ario et Taryn vont bien, je les aurais pas laissés se faire tuer de toute façon.
On a aussi fêté le passage à l’âge adulte de Nuiki et Sahka. Le temps file ! Nuiki est un excellent pêcheur et Sahka une très bonne chasseuse, elle sait repérer le gibier comme personne ! Ça augure de grands festins à venir !
J’ai entendu parler d’une bande de Dai qui se seraient installés au levant de la plaine. T’es au courant ? Peut-être un groupe de bannis, ou un clan qu’a dû fuir ? Y’a pourtant pas eu d’attaque majeure, que je sache.
Voilà, maintenant je vais faire une sieste.
De nouveau habitué à la tutelle de Carunae, une vague de nostalgie flottait sur Riao.
Tu ressentais une pointe de culpabilité pour ton absence prolongée, mais il y avait eu tant à faire. Le clan t’a accueillie sans reproches, et même chaleureusement. Seuls Helkæt et Purram t’ont traitée avec une hostilité affichée. Tu ne les comprenais pas. Tu étais leur Naræs, tu avais prouvé ta force. Ton sang troublé les inquiétait-il autant ?
Tu as confié à Pilma des fyëw en état de marche subtilisés à la Cité. La Riao, qui a crié de joie, n’a heureusement pas remarqué ton hésitation : ce que les Ælvn percevraient comme un vol, et c’en était peut-être un, te donnait l’impression de te fermer pour de bon les portes de la Cité : tu ne savais qu’en penser. Tu y étais plus restée par obligation que par envie, mais il te pesait de lui tourner le dos. Comme si tu lui devais toujours quelque chose qui t’échappait. Tu étais libre, pourtant. Tu n’étais plus l’esclave de personne. Il fallait t’en convaincre.
Des Riaon se sont rassemblés autour de toi, évoquant les événements que tu avais manqués.
— On est assez forts pour envahir les autres clans maintenant ? t’a demandé Vanni, un jeune à la crinière sable. Pourquoi on attend ?
Tu hésitais entre rire de son impatience et t’inquiéter de la façon dont il prendrait la réponse.
Tu as opté pour la bonne humeur.
— Et qu’est-ce qu’on ferait des autres clans ? l’as-tu sereinement interrogé.
— On s’est pas encore fait attaquer depuis que t’es devenue Naræs. Je crois que les autres clans ont peur de toi, Caei koxji ! Ça veut dire qu’on peut foncer sans craindre de riposte !
Les Riaon présents ont approuvé.
Vous disposiez pourtant de fyëw, armes, matières premières et provisions en quantité suffisante, mais il en allait de votre honneur. Si vous n’attaquiez pas bientôt, les clans penseraient que la force vous faisait défaut.
— J’ai d’autres plans.
Il s’est méfié, mais tu avais piqué sa curiosité. Il a levé les yeux, en attente d’explications. Tu as secoué la tête.
— J’en parlerai devant le clan entier, après avoir discuté avec Carunae et Lyoonëi.
Un murmure s’est élevé. « L’Apræncal va venir ici… »
— Elle partira dès qu’elle aura réglé quelques affaires, espérais-tu. D’ici quelques jours.
Les Riaon ont béé, puis sont redevenus fébriles : le sujet promettait d’être intéressant pour que l’Apræncal elle-même se déplace !
Après cela, le défilé des revendications a repris. Certains Riaon avaient refusé de confier leurs problèmes à Carunae et attendu ton retour. Dai ou pas, la Naræs, c’était toi.
Ukte, vacillante et tremblante comme si elle craignait pour sa vie, souhaitait te parler du vieux Theriakæn.
— Il est dé… dément. Il devient danche… dangereux… il faut le tuer. Et Akceti n’en fige… n’en fiche pas une.
Tu as secoué la tête. Pas pour Theriakæn et Akceti, mais pour Ukte. Dommage, as-tu pensé. La Riao avait été un atout pour le clan. Elle t’avait certes repoussée au départ, mais avait fini par t’apprécier, ou du moins par tolérer ta peau d’akci. Et tu as continué de secouer la tête, à l’égard de Theriakæn et d’Akceti, cette fois.
Quoi qu’il en soit, Theriakæn n’avait encore commis aucun crime, et il n’était pas coutume de tuer préventivement. Sa survie prouvait sa valeur. Tant qu’il ne s’attaquait à aucun Riao, tu pouvais tout au plus l’exiler, ce qui, dans son état actuel, scellait son sort aussi sûrement que si tu lui plantais un couteau dans la gorge.
— Je leur parlerai, as-tu promis avant qu’Umrae ne t’apporte son nouveau-né.
Carunae aurait pu l’inspecter elle-même, d’autant qu’il t’a suffi d’un coup d’œil pour voir que le nourrisson ne survivrait pas. À son air déconfit, Umrae le savait également. Elle t’avait attendue pour retarder la sentence inévitable. Tu n’as rien dit, mais elle a compris. Elle a serré le petit Riao pour la dernière fois, luttant de toutes ses forces pour ne pas pleurer, puis t’a confié la vie de son enfant.
L’herbe des toits ployait sous le vent.
C’était au tour de Taki, lequel avait mentionné Coean dans l’un de ses messages. D’une claque bienveillante, il a poussé l’enfant en avant. Coean, dépourvu d’esprit de compétition, ne cherchait pas à s’affermir et préférait lire au calme. Il comptait peu d’amis proches, et son attitude mettait parfois les plus jeunes mal à l’aise. Il chassait cependant, contrairement à Akceti, mais son cœur n’y était pas.
Tu lui as fait signe de venir, mais il s’est gardé de croiser ton regard et n’osait s’approcher, pas à pas, que lorsqu’il se pensait hors de ton champ de vision.
— Si tu es faible, tu risques de mourir, lui as-tu rappelé. Et tu peux causer la mort de Riaon.
Taki a tiqué, critique invétéré de ce type de discours.
— On m’a radoté la même rengaine quand j’étais tout gamin, et ça a rien aidé.
Tu as considéré Coean. Comment lui garantir un avenir serein, alors ?
— Tu vas juste lui faire perdre en assurance, a poursuivi Taki. Il chasse pas par plaisir, et alors ? T’en fous tant que le bol est rempli. Vous verrez pas la différence.
Tu n’as pas répondu. L’enfant n’avait rien de cassé, bien sûr, mais si l’essentiel de son existence lui semblait un labeur, n’était-il pas à plaindre ?
Tu t’es retenue de sursauter : Coean s’était rapproché de plusieurs pas sans un bruit. Il te faisait penser à moi. Tu t’es promis de me le confier si je venais à visiter Riao.
— Ça te la coupe, Naræs ?
Tu as secoué la tête.
— Je dis rien parce qu’il y a pas de problème, Coean. Je préférerais que tu vives pas ça comme une corvée, mais tant que tu fais ta part, personne te reprochera rien. Ensuite, tu fais ce que tu veux de ton temps libre.
Il a lentement hoché la tête, en évitant ton regard.
— Te bile pas, petit, a ajouté Taki. Dis-toi que si t’aimes pas le clan, t’es pas le seul.
— T’aimes rien de toute façon, lui as-tu reproché.
Tu as aussitôt regretté tes paroles. Taki n’avait jamais fait partie des forts. Il s’était toujours senti incompétent, voire rejeté, puis oublié. Le clan ne lui avait pas donné beaucoup de raisons de l’apprécier.
— Arrête de te plaindre, lui a dit le vieux Askai. Regarde-moi : je tombe en morceaux. C’est moi qui devrais me lamenter, ici.
Taki a roulé des yeux et reniflé. Coean s’était retiré en toute discrétion, puisqu’il lui avait semblé que sa présence n’était plus requise. Tu as observé sa silhouette s’éloigner.
— Il a tout ce qu’il lui faut pour s’intégrer, mais y’a quelque chose à l’intérieur qui le laisse pas.
— Un peu comme toi, eh, t’a dit Taki avec un regard de travers.
— Et ?
— Ça te rend jalouse ?
— De quoi ?
— Qu’un sang pur rejette sa normalité, est intervenu Askai.
Tu as retenu un petit rire.
— Nan. Il l’a pas choisi non plus. Il est comme ça, c’est tout.
Askai s’est contenté de plisser les yeux. Tu as coupé court à la conversation quand Ukte t’a fait signe d’une main tremblante. Encore une fois, Akceti s’était dérobé à ses devoirs et somnolait sous les rayons de Mur.
Tu as interpellé le fainéant.
— Pourquoi t’es pas parti chasser avec Sabash et les autres ?
— Oh, ils ont déjà commencé ? J’ai dû les rater.
— Ukte me dit que ça t’arrive tout le temps. Tu vaux pas la viande que tu bouffes, Akceti. Et tu sais ce qui arrive à ceux qui valent pas leur bouffe.
— Ukte arrête pas de dire ça, a répondu Akceti d’une voix lasse. Mais vous ferez rien.
— Moi, je le ferai. Tu manges nos vivres, mais tu rapportes rien. Tu parles au clan comme si tu te croyais intouchable, mais si t’as toujours les mains vides la prochaine fois que je te vois, je t’attache moi-même à la rôtissoire.
Akceti a voleté vers toi des yeux indolents, puis s’est figé quand il a réalisé que tu ne plaisantais pas. Il s’est levé avec lenteur, et a pris la direction qu’avait suivie le groupe de Sabash. Tu demanderais un compte-rendu à Sabash. Si Akceti ne changeait pas d’attitude, tu n’aurais d’autre choix que de l’exiler.
Était-ce ce qu’avait ressenti Baraghi en bannissant Carunae, en te mettant aux fers ? Le cœur en morceaux lourds, froids et métalliques, mais la certitude d’un devoir inéluctable ? Ceux qui exposent le clan au danger doivent en être chassés. Les Riaon se reposaient sur ton jugement, mais ta volonté importait peu. Les règles avaient été établies depuis longtemps, par des Dai morts depuis des éons. Tu n’avais pas le choix. Akceti pourrait lutter s’il le souhaitait, au péril de sa vie. Baraghi s’était-il senti prisonnier de ses décisions ? Il ne t’en avait pas donné l’impression, mais il s’était produit tellement de choses que tu n’avais pas soupçonnées.
Après un tour du clan, tu as dû admettre que Carunae s’était bien occupée des siens, et n’as pas hésité à le lui dire. Il n’y avait pas lieu d’être étonnée : elle avait été Naræs plus longtemps que toi. Peut-être valait-il mieux pour Riao qu’elle le reste ; pas qu’une urgence ou une catastrophe ait permis d’en juger.
— Personne a voulu prendre ta place, du coup, lui as-tu dit néanmoins.
— Oh, il y en a qui ont essayé, a-t-elle répondu avec un sourire malicieux.
Au stade, vous avez regardé les adolescents s’entraîner et suer sous les ordres de Niashæl. La tigresse blanche avait effacé une portion des motifs ælv de ses vêtements depuis votre retour à la Cité. Quand elle a eu relâché les jeunes fauves, tu l’as invitée à vous rejoindre dans la hutte du Naræs.
À l’intérieur, Carunae avait enlevé les reliques de Baraghi. Une partie de toi essayait de lui en vouloir d’avoir agi sans permission, mais pour le reste, tu éprouvais du soulagement. Pour l’instant, les traces de l’ancien Naræs juraient par leur absence, mais elles ne seraient bientôt qu’un souvenir lointain. Tant mieux.
Les couches de paille s’étalaient dans un coin de la hutte presque vide. Au centre trônait toujours une table circulaire en pierre et en bois. Sur son pourtour, des gravures représentaient un banquet du clan. Il y avait des sièges creusés par Dranan, t’avait-on dit, dans des troncs partiellement évidés, décorés eux aussi de motifs divers. Aux murs, Carunae avait accroché des lames forgées avec talent, dont deux à partir du métal ælv apporté par Niashæl. Entre la rangée de troncs consacrés aux armes et ceux sculptés à l’effigie de koxjin jadis venus en aide au clan Riao, un autre, coloré, arborait une nouvelle trace parmi les figures des Naræsn passés et présents. Une tigresse dorée avec des pinceaux aux oreilles – ou peut-être étaient-elles seulement longues –, de la griffe de Royan. Un peu pincée de voir ton métissage affiché aux yeux de tous, le travail du jeune Rokian te rendait en même temps admirative. Il avait su se conformer au style traditionnel riao, de sorte que sa gravure ne détonnait pas, tout en parvenant à y influer de son âme. Le félin avait une étincelle de vie dans le regard, œuvre d’un artiste dévoué à son art et à son sujet. Ton cœur s’est gonflé en pensant à lui. Il était étrange de se trouver à Riao sans qu’il n’y soit également.
Tu as fait signe à tes hôtes de s’asseoir.
— Le clan Yudælla (1) vient de naître, leur as-tu annoncé.
Carunae est restée un moment silencieuse et Niashæl a écarquillé les yeux, apparemment déçue de ne l’apprendre que sur le tard.
— Je crains de ne pas comprendre, a avoué Carunae.
— T’as entendu parler du clan qui s’est installé au levant de la plaine ? as-tu poursuivi.
— Par des rumeurs seulement. Qu’est-ce que ça signifie ?
— Ce sont les Yudæln qui avaient rejoint la Cité. Je les ai persuadés de la quitter et de fonder leur propre clan, as-tu expliqué le sourire aux lèvres.
Carunae n’a pas eu l’air convaincue. Tu pouvais presque lire ses pensées : « Ça ne tiendra pas. Les Dai sont trop attachés aux leurs, et les clans sont restés séparés pour une raison. »
Se trompait-elle ? Même Tick et Boꜵr ne constituaient pas tout à fait une exception, leur rapprochement né de la conquête presque totale de Tick. Ce dernier s’était assimilé à Boꜵr pour survivre, pas par idéologie. Des générations plus tard, leur cohabitation demeurait houleuse.
— C’est trop dangereux. Tu ne devrais pas les abandonner dans la nature quand la guerre des clans fait rage.
Tu as haussé les épaules.
— Ils le savent. C’est toujours la guerre.
— Ils ont vécu chez les Ælvn, ils ne vont pas s’attirer la sympathie des autres clans, a continué Carunae.
— Je me fiche de leur sympathie. Ils ont juste à savoir qu’ils se prendront Riao dans la tronche s’ils mouftent.
— Tu ne peux pas assumer la charge de la sécurité de Chal et de deux clans. C’est trop ! a étonnamment protesté Niashæl.
— Je suis pas la Naræs de Yudælla. Et je suis capable de reconnaître mes limites, as-tu convenu d’une moue vexée.
— Si tu dois être présente là-bas, auprès de Chal et de ton clan, tu ne pourras plus être présente nulle part, ajouté Carunae.
— Chal dépend plus vraiment de moi…
Tu as guetté la réaction de Carunae. Ton retour définitif impliquait l’obsolescence du vice-Naræs, mais elle n’a pas semblé déçue. Après tout, c’était elle qui t’avait incitée à t’emparer du clan. Et c’était toi qui l’avais poussée à en reprendre la tête.
— De toute façon j’ai même pas besoin d’aller à Yudælla, faut juste faire comprendre aux autres qu’il est interdit d’y toucher.
— C’est une proie facile. Dès qu’ils en apprendront plus, ils attaqueront, a objecté Niashæl.
— Pas si le clan est sous ma protection.
Elle a laissé échapper un soupir de désaccord, mais déployé un effort visible pour ne pas se lancer dans un débat qu’elle savait stérile.
— Je pense que c’est une entreprise risquée. Ils étaient plus en sécurité dans la Cité.
— Et aidaient mieux au rapprochement des espèces, a ajouté Carunae.
Tu leur as fait signe de se taire.
— J’ai déjà eu le blabla des Llëmnoa, j’ai pas besoin d’un deuxième service. J’ai tenu compte de tout ça quand j’ai pris ma décision. Le clan existe, on peut plus faire marche arrière. Maintenant, j’aimerais que vous voyiez Yudælla tel je le vois : le point de départ à l’unification des Dai.
Niashæl a levé un sourcil intéressé ; une lumière s’est allumée dans les yeux de Carunae.
— Tu es sérieuse ?
— Oui.
Elle est tombée un moment silencieuse, comme stupéfaite. C’était ce dont elle avait toujours rêvé. Était-ce vraiment possible ?
— Tu dois statuer immédiatement sur ta position par rapport à ce clan. Et prévenir les Dai de son existence tout en les dissuadant de l’attaquer.
— Non, je préfère que Yudælla reste un secret jusqu’à l’arrivée de Lyoonëi. Elle doit envoyer un message au Naræs de Yudælla avant de partir, et on se retrouve tous à Riao pour décider de la suite.
— Décider de quoi ? est intervenue Niashæl, toujours piquée d’avoir été laissée dans l’ombre. S’ils ont un Naræs, c’est lui qui décide. Pas besoin de toi ni de Lyoonëi.
— Hmm… en gros, on est alliés, et avec le soutien de Lyoonëi, on peut peut-être gagner un peu de temps avant qu’ils deviennent la cible de toutes les terres de Chal.
— Ils finiront juste comme Rreu. Et Moska. Et les autres clans morts si tôt qu’on n’a même pas entendu parler d’eux.
Elle a secoué la tête, les yeux rivés sur le sol.
— Pourquoi tu fais ça, de toute façon ?
Tu as hésité. Tu n’avais pas de réponse toute prête. Était-ce par amour de ton prochain ? Cherchais-tu la gloire, ou à prouver quelque chose ?
— J’ai juste…
Tu ne savais pas.
— Je suis obligée.
Niashæl n’a pas compris, mais Carunae a entrouvert la bouche, assaillie d’une prise de conscience qu’elle a gardé secrète.
Quand vous avez quitté la hutte, le groupe de Sabash revenait de sa chasse, l’humeur morose malgré la taille de leur prise, un Akceti grognon avec eux. Rosha se tenait le côté de la tête, où un filet de sang avait laissé sa marque rouge sombre. On lui a fait retirer sa main pour nettoyer sa plaie, révélant l’absence d’oreille.
— C’est le kartak qui t’a fait ça ? a demandé Aoka en désignant les cornes dorsales de la carcasse où le même rouge sombre séchait.
— Ouais. C’est ma faute, j’étais trop lent.
— Prrau était partie chier.
— D’ailleurs, vu le temps et la quantité qu’elle y a mis, si y’a pas au moins un buisson qu’a poussé quand on y retourne, je comprends plus rien.
— Il s’en sort bien, a commenté Sabash. À un doigt près, y’avait pu de Rosha.
— On aurait pu attraper un deuxième kartak, mais je crois qu’avec celui-là on a atteint le quota pour la saison. Faudra dire ça au clan.
Aoka a fini de dresser la plaie d’un Rosha diminué.
— … Franchement, c’est rien, a insisté Sabash.
— J’sais, a répondu Rosha.
Son oreille valide frétillait, comme pour souligner sa nouvelle asymétrie, ou paniquée de se trouver soudain esseulée.
(1) Le nom complet du clan est « Vaæl Yudælla », soit « le clan le plus libre » ou « le clan des plus libres ».
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