Au sommet
Caei se renferma davantage, m’expliquant qu’il tardait à l’oiseau de passer à la vie suivante.
— Lᴜɪ ᴀᴜssɪ ᴠᴇᴜᴛ s’ᴇ́ᴛᴇɪɴᴅʀᴇ. Pᴏᴜʀᴏ̨ᴜᴏɪ ᴠᴇᴜʟᴇɴᴛ-ɪʟs ᴛᴏᴜs s’ᴇ́ᴛᴇɪɴᴅʀᴇ ?
Mon cœur trembla pour la peine que je lui imaginais, pour sa candeur, pour ces questions d’enfant dans la bouche d’une âme ancienne. Pourquoi me le demandait-elle à moi ? C’était elle qui attendait de mourir au sommet du désert.
— Convaincs-le de rester.
« Impossible », me dirent ses yeux.
L’esprit d’un koxji peut effacer et créer des galaxies d’une simple pensée. Pour ce qui est du cœur des mortels, pourtant, leur impuissance égale la nôtre.
Étais-je donc venu en vain ?
J’avais traversé ces terres sans nom dans le but de revoir Caei. Si la raison exacte m’échappait, je me doutais d’un lien avec le choix qui n’avait plus de sens, qui n’en avait peut-être jamais eu : mon clan, ou tous les clans ? Riao, Tick, Kwashil, Frreshie, Rokian, Boꜵr et Nis, ou Dai ?
Je ne pouvais pas trancher. Je m’y refusais. On m’avait promis la paix, et je m’étais furieusement accroché à l’illusion. Les clans et la Cité s’uniraient. Ils n’avaient pas besoin de rester brisés comme je l’avais été enfant. Les terres pouvaient guérir, être restaurées, et apprendre à voler.
J’avais vraiment voulu revoir Caei, mais j’avais surtout besoin d’elle. Besoin qu’elle soigne nos terres.
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