Chouf

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J'extirpe une pièce de cinquante centimes de ma poche que j'encastre dans le distributeur, et sélectionne un lait au chocolat.

L'ado dans la pièce à côté (mon bureau) attend avec Félange. Il s'appelle Lounes. Ses parents ont été prévenus. C'est un jeune connu, par ici. Quinze ans et déjà trois années passées à faire le guet pour ses "grands frères". Mais pour le moment, ce n'est pas ça le plus important.

Le plus important, c'est qu'il était dehors à quatre heures du matin cette nuit-là, à surveiller une partie de la cité. Et qu'il avait notamment vue sur l'immeuble où habitait Maurice Rochard.

« Un grand type tout en noir s'est pointé vers quatre heures. Il avait un bonnet et une espèce de blouson hyper serré. Il portait un sac à dos, un gros sac bien lourd. »

Loquace, le gamin avait l'air rassuré. Avoir mis la main sur lui le libérait indéniablement d'un poids. Il finit son chocolat.

« Je l'avais jamais vu dans le secteur, alors je me suis rapproché en loucedé. Il m'a tricard, l'enfoiré, et quand il a tourné la tête, j'en ai chié dans mon froc. Il a rien dit, pas bougé non plus. Puis il a bidouillé un truc sur l'interphone et la porte s'est ouverte. »

Nous enchaînons sur un portrait robot.

« Me ramenez pas à la cité. Laissez-moi partir. Je vais prendre le tram. » Félange lui tendit une pièce de deux Euros.

Le tueur avait donc agi seul, si c'était bien lui que le gosse avait vu. Et il y avait peu de chance que ces assassinats fussent liés aux réseaux. Mauvaise direction. Mais laquelle prendre, alors ? Félange s'était mis à compiler de nouveau le dossier d'enquête, bien maigre pour le moment. Il fallait continuer les recherches. Il devait bien y avoir, quelque part, un chaînon manquant.

Nous passons le reste de la journée et une partie de la soirée au bureau. À quelles grosses affaires Maurice Rochard avait-il pu être mêlé ? Exceptés quelques manifestations et autres troubles mineurs à l'ordre public, le bonhomme avait un pedigree bien mince auprès des renseignements. Un militant respectable, de ceux que les conservateurs préfèrent : bruyant, mais inoffensif.

Vers vingt-deux heures, nous décidons de nous arrêter là et de nous reposer un peu. Félange avait les yeux bercés par la fatigue, soulignés d'un fard terne. Moi-même ne devais pas avoir l'air très frais.

C'est au moment où j'enfilais mon blouson que le téléphone de mon bureau se mit à sonner.

Félange sursauta.

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