Lafarde
Mes paquets sous le bras, je m'apprête à partir quand mon téléphone se met à vibrer. Le numéro qui s'affiche n'est pas enregistré. Je décroche.
« Lande ?
C'est Lafarde.
- Je sais ce que vous-vous apprêtez à faire. Je vous demande de ne pas aller jusqu'au bout. Je... je sais ce que vous êtes en train de vivre. Mais nous ne sommes pas seuls, nous ne travaillons pas pour nous-mêmes.
- Je vais raccrocher, chef.
- Nous devons parfois défendre des causes qui nous dépassent.
- Je ne défends aucune cause, je veux simplement en finir avec cette histoire.
- D'accord Lande, d'accord. Mais pas comme ça. Passez me voir. Je vous envoie une adresse sur votre téléphone.
Je reste silencieuse. Qu'est-ce que Lafarde est en train de me proposer ?
- Je... On va voir comment on peut gérer toute cette merde.
- Merci, je... Merci.
- Et, Lande. Venez à pieds. »
Il raccroche.
Je regarde l'heure. Il est onze heures trente passées. La poste est sur le point de fermer. Si j'hésite encore, le temps décidera pour moi. Mon portable me notifie l'arrivée d'un texto. Je lis l'adresse. Un café.
Plein le cul, des cafés.
Ai-je encore la force de courir après un lièvre bien plus rapide que moi ? Est-ce que j'ai envie d'y laisser ma peau ?
Est-ce que j'ai encore confiance en Lafarde ? Il doit aussi avoir ses ordres, lui, il doit aussi défendre ses intérêts à géométrie variable. N'est-il pas comme les autres ?
Je sors mes clés de voiture de ma poche, ouvre la portière et m'engouffre dans ma petite citadine pourrie : direction la poste. C'est décidé, j'en finis. Je jette les colis sur le siège passager et enfonce le métal du sésame dans le démarreur. Je tourne.
Rien.
J'insiste : le moteur hoquette. Bordel.
J'insiste encore et...
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