Promesses mesquines
On a plié sa tendre nature
Aux exigences apolloniennes,
On l’a jetée aux dieux en pâture
Comme on jette un gigot à des hyènes.
On lui a assuré que l’ivresse
Existait en dehors des tavernes
Parce que la plus pure allégresse
N’était jamais celle du Falerne.
On lui a juré qu’être amoureuse
Signifiait marcher jambes en l’air
Et que la seule passion vertueuse
Etait la grossesse oraculaire.
On lui a dit que la seule voie
Qui lui avait été insufflée
Etait de sagement donner voix
Aux vains vers qui lui étaient soufflés.
On lui a fait savoir que ce souffle
Transmettait un divin plaidoyer
Auquel son âme, comme un écoufle,
Ne pouvait que se laisser ployer.
On lui a peint la métamorphose
Qui logerait dans son cœur austère
De la musique avant toute chose
Pourvu qu’elle ne fît pas d’impair.
On lui a promis la vérité
Loin du monde et de ses balivernes
Mais c’est sa propre ombre dépitée
Qu’elle voit danser sur la caverne.
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