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Vue de Symphonie.

Ça ne me plaît pas.

L'extérieur n'était qu'un prélude. Une fois passées les battants en fer forgé, nous pénétrons dans le hall d'accueil. Là où il ne devrait avoir que Marcel, aimable vieux bonhomme proche de la retraite, assis derrière son bureau à boire son quinzième café de la journée, je découvre deux gars en costard. La plaque rutilante épinglée sur leur veston laisse deviner des inspecteurs. "Il n'est jamais bon d'en voir. Jamais." C'est ce que m'avait dit Marcel, un jour où j'attendais avec lui la fin de ma garde à vue.

Ils semblaient nous attendre. L'un s'approche, dirigeant son attention sur Claire.

  • Mademoiselle Collomp, toutes mes condoléances pour votre père. Veuillez nous suivre, s'il vous plaît.

Cash.

Connard.

Je le foudroie du regard alors que Claire s'abrite derrière moi en cachant son visage au creux de mes cheveux. Je tape la main tendue dans un geste faussement amical, méfiante. L'autre homme vient d'envoyer un message de son téléphone. Il a tenté de cacher l'action. Il ne voulait pas que je le voie ?

J'ai l'impression de devenir paranoïaque.

Claire freine des quatre fers. J'assimile qu'elle ne veut pas y aller. Je me retourne en m'assurant de totalement la cacher aux deux autres. Elle lève vers moi un regard empli de souffrance, semble vouloir me dire quelque chose.

Je ne l'écoute pas.

[Claire, ça va aller, je suis là.]

Je répète en boucle ce signe, appuyant fort sur ma poitrine du plat de la main, puis caressant doucement son front. Je tente de lui sourire, abandonne bien vite l'idée pour ne laisser sur mon visage que fermeté et, je l'espère, de la force.

A ce moment, sans m'en rendre compte, je devais lui paraître aussi étrangère que ces deux types...

  • Elle était censée être seule. Enfin bon. Dépêchez-vous.

Le ton cassant me fait bouillir de colère. Je fixe mes pieds au sol, ne voulant surtout pas forcer Claire.

A nouveau, elle tente de me parler.

  • Symph'... Je...
  • J'ai dit, en avant.

Elle est coupée par le second personnage. Lui au moins ne cache pas son agressivité, je préfère ça. Prise d'un stupide réflexe de fierté, je me place aux côtés de mon amie, l'aidant à marcher.

[Ne les laisse pas t'intimider, on reste unies.]

Ils se dévisagent en me voyant faire. Dieu, que je hais ce regard. Il me suit depuis ma naissance. Les gens me considèrent comme une bête de foire, un animal curieux qui semble vouloir les amuser en jouant avec ses mains. Je leur fais un bras. Ça, ils connaissent.

Claire referme définitivement la bouche. Elle me suit, résignée.

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