11. Palpitations

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Di dut rentrer chez elle une toute dernière fois, juste histoire de rassembler quelques affaires. Elle prit son sac en bandoulière, le seul qu'elle possédait. Elle y fourra quelques vêtements et le peu d'argent qu'elle avait. Puis, jugeant que ça ne serait jamais suffisant, elle entra discrètement dans la chambre de ses parents. Elle ouvrit le tiroir de la table de chevet de son père. Sa montre en or devait valoir pas mal ! Son canif pouvait toujours lui être utile. Elle se dirigea ensuite vers la boîte à bijoux de sa mère. Elle choisit tout ce qu'il y avait de plus précieux : or, diamants, perles de culture. Puis, finalement, elle ouvrit le sac à main de cette dernière. Elle vida le portefeuille.

Une fois cela terminé, Di estima qu'elles n'auraient besoin de rien d'autre et décida de mettre les voiles immédiatement. Kiera acquiesça et la suivit. Elles remontèrent la rue, traversèrent la ville comme elles l'avaient souvent fait ensemble. Cette fois c'était différent ; c'était une sorte d'au revoir. Elles arrivèrent à un arrêt de bus, au milieu des champs. Le ciel commençait à se couvrir. On entendait déjà le tonnerre gronder au loin. Il n'y avait aucune indication sur les destinations. Di demanda :

- Où va-t-on ?

- Où veux-tu aller ?

- N'importe où en fait, tant que c'est loin d'ici. Où veux-tu aller, Kiera ?

- J'aimerais voir la mer. Je ne l'ai jamais vue, même de mon vivant. Je voyais souvent des images dans les livres quand j'étais petite et je me disais que, plus tard, je vivrai au bord de la plage. C'est stupide n'est-ce pas ?

- Non, c'est un joli rêve.

- De toute manière, la question est réglée, je ne vis pas.

- Je suis certaine qu'on va trouver une solution.

- Mais laquelle ?

Le bus arriva dans la campagne. Les deux amies montrèrent à bord. Di paya le trajet et elles allèrent s'asseoir tout au fond, sans même s'inquiéter de la desination. Di laissa tomber son sac à ses pieds en soupirant.

- Réfléchissons, tu as disparue car on t'a oubliée. Si les gens se souvenaient de toi, tu reprendrais le cours de ta vie.

- Comment veux-tu que les gens se souviennent de quelqu'un qui n'existe pas.

- Tu existes. Il faut que les gens l'apprennent, voilà tout.

- Mais comment le pourront-ils s'ils ne peuvent pas me voir ?

- Moi je peux leur dire.

- Ils te prendront pour une folle, ils te feront internée ou quelque chose de ce genre.

- Mais toi tu peux donner un signe de vie pour leur prouver que ce que je dis est vrai.

- Et après je serais considérée comme une curiosité ? Non merci.

- Je suis certaine que nous trouverons un moyen.

Brume laissa tomber sa tête sur l'épaule de Die et ferma les yeux. Étrangement, elle avait envie de dormir. Di lui lança un petit regard en coin et sourit. Elle entendait la respiration régulière de Kiera, sentait près d'elle la poitrine de la jeune fille se gonfler à chaque inspiration. Les paupières closes, les lèvres très légèrement entrouvertes, les cheveux en bataille, Kiera immobile lui semblait presque être une poupée de porcelaine. Di se rappela de la première fois qu'elle avait vu Brume, le soir où elles s'étaient battues dans le salon. Déjà ce soir là, elle l'avait trouvé très jolie et malgré l'air cruel qu'arborait la rouquine à cet instant, Di avait vite senti qu'elle avait du cœur. Mais que pouvait-elle bien mettre dans ce cœur si vaste ? Il devait être terriblement vide ! Di pensa qu'elle ne pourrait jamais combler ce vide à elle seule. Pourquoi aurait-elle pu combler se vide de toute manière ? Ayant quasi honte des pensées qui la prenaient, Die soupira et tourna la tête vers le fenêtre pour regarder le paysage défiler à travers le carreau du bus.

Kiera était prise dans un étrange brouillard noir. Les nuages brumeux tournaient autour d'elle comme des ombres maléfiques. La jeune fille tournait sur elle-même sans comprendre ce qui se passait. Où était-elle ? Des murmures se faisaient entendre, venant de partout et de nulle part. Elle avait peur. Elle fit un pas en avant, puis un autre. Elle traversa bientôt le smog environant. Elle avait l'impression qu'il coulait dans ses yeux, l'aveuglant. Elle tomba à terre. Peu à peu le brouillard se dissipa et elle put voir ce qui l'entourait.

Elle se trouvait dans un étrange corridor. Les parois semblaient être de chair. Il y avait un panneau de signalisation. Kiera s'en approcha et y lut « poumons », « intestins », « foie », « cerveau »,... Elle ne tarda pas à comprendre qu'elle se promenait dans des entrailles, et ces entrailles étaient siennes. Elle entendait un étrange bruit « toc... toc... toc...». Le sol tremblait au rythme de ce curieux martèlement. Kiera aperçut alors une sombre galerie sur sa gauche. Rien n'indiquait où elle menait, mais le bruit et les secousses qui l'accompagnaient lui semblaient provenir du fond. Évoluant dans le couloir obscur et étroit, Brume s'écria soudainement :

- C'est absurde ! Je n'ai pas d'entrailles. Je ne suis que cellules d'air et fantaisie !

Elle atteignit bientôt le fond de la galerie. Au milieu de toutes ces ombres noires, flottait son cœur, grand, d'un ton rosé. Il battait et battait. Il lui semblait même qu'il grognait. Kiera aperçut une porte entaillée dans l'organe. Elle s'avança et abaissa la poignée. Elle entra. Il y avait une énorme machine de laquelle sortait un gros tuyau. Le tuyau venait s'accrocher à la paroi interne du muscle pour le faire battre. Kiera s'approcha de la machine. Non sans surprise, elle découvrit Di, actionnant un imposant levier. Di réglait les battements de ce cœur. Soudainement, la petite brune lâcha le levier et s'avança vers Kiera.

- Pourquoi tu ne me laisse pas entrer ? demanda-t-elle.

Kiera fut surprise par cette question. Un violent courant d'air balaya alors son cœur, tel une tornade. Di se retrouva de l'autre côté de la porte, à l'extérieur, la machine tomba en miette, les palpitations cessèrent, son cœur devint grisâtre et s'emplit de poussière. Brume hurla.

- Die !

Et Di se volatilisa. Brume resta seule dans un cœur vide.



Kiera ouvrit les yeux; ce n'était qu'un cauchemar. Elle s'empressa de porter sa main devant son visage ; la lumière du soleil l'éblouissait. Elle bailla. Quand ses yeux se furent réhabitués à la clarté du jour, elle réalisa qu'elle était tombée sur les genoux de Di. Elle se redressa.

Die dormait profondément, la joue plaquée contre le carreau. Elle avait fait route vers le pays des rêves elle aussi, et voguait à présent au milieu d'un océan en compagnie de Brume. Les vagues secouaient le navire, le vent leur fouettait les cheveux. Die regardait Kiera, se demandant comment quelqu'un pouvait être aussi parfait. Elle contemplait ses yeux, son nez, ses lèvres, sa peau, ses cheveux, son cou, ses mains, sa taille. Pourquoi tout cela lui semblait-il si loin alors que son amie était juste à côté ? Di avait bien conscience que ce n'était qu'un rêve; tout lui était permis. Elle enfonça la main dans sa poitrine, transperçant sa peau sans douleur, et en sortit un petit cœur tremblant mais bien vif. Elle le tendit à Brume.

- Il est à toi.

Elle s'avança vers la rouquine et enfonça le cœur à travers sa peau. Di passait, elle aussi, à travers. Leurs masses corporelles se mélangeaient pour n'en former plus qu'une. Leurs cœurs se cognèrent, se mêlèrent à leur tour. Et peu à peu le ciel disparut, la me et, le bateau également. Et il ne resta plus que la curieuse mixture de leurs deux corps, comme se fondant l'un dans l'autre.



Kiera regardait Di dormir. À quoi pouvait-elle bien rêver ? La rouquine n'aurait évidemment jamais pu le deviner. Elle se pencha vers Di.

- Die ! murmura-t-elle en lui secouant l'épaule.

La petite brune émit un léger gémissement et se redressa en s'étirant.

- Qu'y a-t-il ?

- Où est-on ?

- Je l'ignore.

Elle regarda par la fenêtre. Le bus traversait les rues mouvementées d'une ville. Des gratte-ciels sortaient de terre un peu partout, de jolies maisons longeaient les bords des routes. Il y avait plein de magasins, quelques usines au loin. Di regarda l'intérieur du bus. Il n'y avait plus d'autres passagers. Elle se leva, Brume l'imita. Di avança à l'avant du bus et demanda au chauffeur :

- Excusez-moi, où sommes-nous, s'il vous plait ?

- Une petite ville, pas très loin de Glasgow.

- Merci.

- Le prochain arrêt est le terminus. Vous allez descendre je suppose, mademoiselle.

- Oui, bien sûr, je ne vais pas rester ici.

- Mais dites-moi, quel âge avez-vous ?

- J'ai... presque dix-huit ans.

- Vous me semblez plus jeune.

- On me le dit souvent.

- Et que venez-vous faire ici, vous ne savez même pas où ?

- Je viens voir une amie. Elle... elle m'a dit qu'elle m'attendrait au terminus. Mais oui, je n'ai aucune idée d'où il se trouve.

- Faites attention, mademoiselle. Quand on est jeune et jolie comme vous c'est pas bien prudent de se promener seule dans une ville comme celle-ci.

- Ne vous inquiétez pas pour ça.

Le bus s'arrêta. Di et Kiera en descendirent. La petite brune jeta un regard à son reflet dans le rétroviseur. Elle n'aimait pas sa bouille, son teint terne, ses yeux à la couleur si marquée. Elle se trouvait trop petite, trop faible. Ses cheveux étaient trop noirs, ses lèvres trop petites,...

- Pourquoi a-t-il dit que j'étais jeune et jolie ?!

Kiera s'étonna de la voir enrager pour un compliment. Elle lui répondit calmement, même si elle savait pertinemment que la question ne lui était pas adressée :

- Parce que tu es jeune... Et que tu es jolie.

- Moi, jolie ? Non mais tu m'as regardée ?

- Je t'ai beaucoup regardée, oui. Et tu es très agréable à regarder.

Di soupira en secouant la tête.

- Kiera, tu es bien plus jolie que moi !

- Je n'ai pas la chance d'avoir un reflet dans le miroir pour en témoigner. Mais même si j'en avais un je pense que je ne t'égalerais pas. Je ne pourrai jamais t'égaler car tu es magnifique déjà physiquement, mais intérieurement tu l'es encore plus, même s'il est dur de croire que c'est possible.

- C'est pas bien de mentir.

- Je ne mens pas, je le pense ! Écoute, on ne va pas se battre pour savoir laquelle de nous deux est la plus jolie. C'est stupide, totalement superficiel. Et puis sérieusement ça ne va pas nous avancer à grand chose. Alors toi tu penses que c'est moi et moi je pense que c'est toi. C'est équilibré, au final.

Die sourit à Brume.

- Mais quand tu me laisses cet équilibre se brise. Tu ne me laisseras plus jamais, Kiera ? Promets-le-moi.

- C'est promis, Die.

Les passants dans la ville lançaient des regards en coin à l'adolescente. Il était peu commun de voir une jeune fille parler seule au beau milieu de la rue. Di comprit qu'il serait plus prudent de trouver un endroit isolé. Ne sachant pas où aller, elle entraîna Brume dans une rue choisie au hasard. Elles passèrent d'abord devant un bon nombre de magasins, puis devant les usines. Les odeurs que dégageaient les cheminées massives des bâtiments étaient nauséabondes. Di se mit à tousser et fut obligée de remonter son tee-shirt sur son nez pour éviter de respirer cette fumée.

- Que va-t-on faire ici, Brume ?

- Si je le savais !

Elles continuèrent d'avancer. Le voyage en bus avait été long et la nuit tombait déjà sur la ville. Le ciel était envahi d'épais nuages gris, de rejets toxiques. Di n'aimait pas cette ville. Elle pressa le pas pour dépasser au plus vite ces usines qui la dégoûtaient presque. Kiera ne disait rien, elle était insensible à cet air impur. Si elle avait encore le réflexe de respirer, l'air ne faisait que la traverser, comme si elle n'était elle-même qu'une masse d'air détachée.

Elles eurent bientôt dépassé les usines. Elles déboulèrent alors dans une ruelle au sol délabré. Il faisait de plus en plus noir et seul un petit réverbère émettait une faible lumière. Les deux amies ne voyaient bientôt plus où elles mettaient les pieds. Elles étaient en retrait de la ville, au milieu d'entrepôts isolés. Di commençait à greloter. Il faisait froid. Le cadre au milieu duquel elles évoluaient n'avait absolument rien de rassurant.

Un bruit étrange se fit entendre, comme si quelque chose avait bougé un peu plus loin. Mais il était difficile de se repérer dans le noir et aucune des deux jeunes filles ne put dire d'où ce bruit provenait. Di tremblait, mais de peur à présent. Aucun choix ne semblait approprié. Rester ici au milieu de ces étranges bâtiments, avancer encore dans cette sombre et terrifiante ruelle ou faire demi-tour et retourner dans la fumée immonde des usines. Les deux amies continuèrent à s'engouffrer dans la ruelle.

Alors qu'elles dépassaient le premier entrepôt, Di sentit quelque chose lui agripper le bras. Elle hurla. Se retournant brusquement vers son agresseur, elle se retrouva bientôt nez-à-nez avec un homme aux yeux jaunis, au visage plein de rides et cicatrices, au sourire édenté, les lèvres gercées, les joues creusée, qui la regardait comme un chien bavant devant un morceau de viande. Di était paralysée par la peur. L'homme fit un pas vers elle, puis un autre. Di reculait au fur et à mesure que son agresseur avançait. Il resserrera sa prise, la poussant dans l'étroit couloir entre les deux entrepôts. Di était terrifiée. L'homme posa son énorme main sur la hanche de la jeune fille. Elle vacilla sur le côté pour se dégager mais il la tira à nouveau vers lui. Di serrait les dents, fermait les yeux. Elle ne pouvait pas retenir des sanglots de terreur. L'homme qui la tenait bascula en arrière. Di ouvrit les yeux. Brume venait de lui assénait un énorme coup dans la nuque avec un caillou tranchant trouvé au bord de la route. L'homme perdait le sang, le souffle, sans comprendre ce qui lui était arrivé. Le laissant agoniser sur place, Kiera saisit Di par le bras et l'entraîna au plus vite loin de là.

La porte d'un des entrepôts était entrouverte. Brume emmena son amie à l'intérieur. Des dizaines de cartons s'entassaient par rangées autour d'elles. Brume poussa Die, encore tremblante, vers le fond du bâtiment. Quand elles eurent atteint un coin tranquille entre quelques piles de cartons, Di se laissa tomber à terre, sans parvenir à mettre un terme à ses tremblements. Kiera s'assit à côté d'elle et la prit dans ses bras pour la réconforter. Di tentait de se calmer par de profondes respirations. Elle leva la tête vers Brume.

- Ce gros pervers a voulu...

- Personne ne te fera jamais de mal, la coupa Brume. Je serai toujours là pour te protéger, tu m'entends ? Tant que je serai là, il ne pourra rien t'arriver. Je suis ton ange gardien.

Di se laissa glisser sur le sol, la tête posée sur le ventre de Kiera.

- C'est vrai, dit-elle, tu es un ange.

Kiera se laissa à son tour glisser sur le sol. Elles se trouvèrent bientôt allongées l'une à côté de l'autre. Di plongea ses yeux dans ceux de Kiera. Cette dernière semblait gênée. Die glissa délicatement sa main entre les doigts de Brume. N'osant pas regarder ailleurs que ces doigts, elle déclara :

- Je veux passer toute ma vie auprès de toi.

Brume tentait de regarder entre les cheveux de Di qui cachaient le visage de la jeune fille, tête baissée. Elle ne mit pas longtemps à remarquer l'érubescence qui prenait place sur les joues de la petite brune. Kiera demanda :

- Pourquoi tu me dis ça ?

- Parce que c'est vrai.

- Il y a autre chose que tu veux me dire ?

- Non. Tu as quelque chose à me dire ?

- Quand on parle de cette manière, j'ai l'impression que mon cœur se remet à palpiter. C'est idiot, je n'ai pas de sang dans les veines. Pourquoi mon cœur battrait ?

- Pourquoi bat-il ?

- Parce que... je te parle, je te vois, je... Je ne sais pas. C'est assez étrange.

- Quand tu dis « on parle de cette manière », c'est quoi cette manière ?

- Je ne sais pas bien le dire. J'ai l'impression que... Il y a comme un sujet tabou entre nous.

- Mais on se dit tout, Kiera. Tu sais bien qu'il n'y a qu'à toi que je dirais tout.

- Alors dis-moi tout.

- Que veux-tu que je te dise ?

- Ce que tu as sur le cœur.

- Dessus, rien.

- Et dedans ?

- Un étrange... Je crois que c'est ce qu'on appelle le désir.

Di serra les doigts de Brume entre les siens. Une larme roula sur sa joue :

- Pourquoi tu ne me le dis pas toi, puisque tu as l'air si bien au courant de ce que je ressens ?

- Parce que justement je ne comprends pas. Ou peut-être que je refuse de comprendre. Je crois que j'ai peur Di, j'ai vraiment peur.

- Toi, tu as peur ? Je pensais que tu n'avais peur de personne.

- J'ai peur que tu me juges.

- Pourquoi je te jugerais ?

- Parce que j'ai des défauts, et pas qu'un peu.

- Pas à mes yeux. Je suis heureuse avec toi, Brume. Tu... je ne peux pas vivre sans toi. Je t'aime.

Kiera ferma les paupières, pinça les lèvres et laissa basculer sa tête en arrière. Elle avait l'impression de tomber lentement dans un grand gouffre, sans comprendre ce que cela signifiait. Di, elle, se sentait de plus en plus ridicule. Elle dénoua ses doigts de ceux de Brume et ramena son bras vers elle, le cœur gros. Soudainement, Kiera se redressa et saisit le poignet de son amie.

- Moi aussi je t'aime, Die !

Di la regarda, surprise.

- Mais je ne t'aime pas comme je devrais, poursuivit Kiera.

- Comment ça ?

- Je ne supporte pas que quelqu'un te veuille le moindre mal, je veux tuer tous ceux qui s'en prendront à toi, je ne veux appartenir qu'à toi, rester tout le temps à tes côtés, je voudrais être quelqu'un de mieux pour toi, je voudrais parfois même être autre chose qu'une fille, un garçon peut-être, je voudrais pouvoir être la bonne personne mais...

- Brume, la coupa Di, quand je disais que je t'aimais je voulais dire que... Je m'en fiche que tu sois une fille, un garçon, que tu penses faire des choses mal. Moi je t'aime, je t'aime de tout mon cœur, je t'aime à en mourir, je ne t'aime pas comme une simple amie. Je voudrais que tu comprennes que je t'aime comme la personne avec laquelle je veux partager ma vie.

- J'ai peur, Die.

- Je suis amoureuse de toi !

Kiera retomba à terre ; Di était recroquevillée sur elle-même. Elle étreignit la petite brune par la taille, enfouissant son visage dans sa nuque. Elle murmura :

- Moi aussi.

Di empoigna les mains de Brume posées sur sa taille, les serrant comme s'il s'agissait de sa vie. Elle en amena une vers son visage pour y déposer doucement un baiser. Kiera se redressa de nouveau, brisant l'étreinte. Di se rassit à son tour en soupirant.

Brume hésitait encore. Une hésitation que Die ne supportait plus. Ces rejets permanents la blessaient, et elle n'en voulait plus.

- Notre relation ne serait pas rationnelle, tenta encore Kiera en se défilant.

- Je m'en fous !

Die ne laissa pas le temps à Brume de répliquer. Elle se jeta tout contre la rouquine et posa ses lèvres contre les siennes, l'embrassant. L'envie de répliquer était passée à Kiera. Elle passa une main dans la nuque de Di, étreignit sa taille de l'autre bras et répondit à son baiser. Di passa ses mains dans les épais cheveux de Brume. Leurs lèvres se frôlaient, s'enlaçaient, s'éloignaient et s'entrechoquaient à nouveau. Di avait l'impression d'être comme dans cette transe, passant du monde réel à un monde parallèle et interdit, transgressant une limite. Mais il n'y avait pas de limite, juste ce désir intense qu'elle se donnait enfin le droit d'exprimer. Elle déposa encore un baiser sur la lèvre inférieure de Kiera, avant que celle-ci fasse doucement glisser ses lèvres dans le cou de Di. Puis leurs visages revinrent se caresser, leurs nez se croisèrent. Les yeux dans les yeux, elles se regardaient passionnément. Di se blottit contre Kiera. Plus aucune incertitude ne hantait son esprit à cet instant. Quant à Brume, elle se sentait étrangement vivante. Alors que Di s'endormait, Kiera se rendit compte qu'elle avait eu tort de fuir pendant tout ce temps, d'avoir peur d'aimer et de l'être en retour, que ce qu'elle pensait impossible ne l'était peut-être pas. À présent, elle y croyait.

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