19. La silhouette
Une semaine avant le jour de leur grand concert, les membres de Burned Factory ainsi qu'Alison avaient été s'acheter quelques vêtements pour l'occasion. Un peu plus tard, en cachette, Di avait été vendre les bijoux volés à sa mère et acheter une seconde tenue, pour Kiera. Ensuite, ils s'étaient tous préparés sans relâche. Eddy et le groupe avaient répété mille fois leurs chansons, avaient fait quelques modifications spécialement pour l'occasion. Ils en avaient même profité pour inventé un nouveau morceau. La veille du concert arriva vite. Pour ne pas se mettre trop de pression, Eddy décida de ne plus toucher leurs instruments avant le grand soir, et les rangea tous dans le garage, avec la stricte interdiction d'y toucher. Stephen et Hilary avaient décidé de sortir pour l'après-midi. Eddy voulait profiter de cette journée pour s'offrir un peu de sommeil réparateur et était allée se coucher dans la chambre d'Alison dès la fin du repas. Alison s'était elle-même absentée pour faire quelques courses. Di et Kiera étaient donc restées seules au rez-de-chaussée.
- Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas retrouvées seules l'après-midi, remarqua Brume.
- C'est vrai, répondit Di. Je crois que je préférais l'époque où je pouvais parler avec toi sans avoir à me soucier constamment de qui était à côté. À la maison, nous étions toujours seules de toute manière.
- Ne vois pas les choses comme ça, tu as des amis maintenant et vous vivez une belle aventure. Même moi j'y participe.
- Kiera, je t'ai acheté une robe pour demain soir.
- C'est gentil Die, merci. Mais je ne vois pas vraiment l'intérêt, personne ne me verra. Fais-toi plus belle plus que moi, comme ça je saurai que tous les autres sont jaloux de ne pas t'avoir.
- Je ne te savais pas si possessive; j'aime ça. Mais est-ce que tu as conscience de la chance que c'est pour nous, ce concert ?
- Bien sûr; Burned Factory va se faire connaître.
- Je ne parlais pas de Burned Factory, Brume. Je parlais de nous; toi et moi.
- Effectivement, là je ne vois pas trop où tu veux en venir.
- On passera à la télévision Kiera. Il faut que tu penses à sortir de l'ombre un jour ou l'autre. Je vais finir par croire que tu aimes être irréelle. Il faut que tu montres ta présence.
- Personne ne remarquera rien quand je jouerai. Même si je voulais être vue, je ne le pourrais pas.
- Je m'arrêterai de jouer, et ils comprendront qu'il y a quelque chose d'anormal.
- Non, ils ne verront rien, ils seront bien trop pris par le concert. Ou bien ils s'imagineront simplement que tu joues en playback. Ça ne sert à rien, Di. Je m'habitue. Et puis, toi tu me vois. Si un jour tu en as assez de me voir, oublie-moi. Ça ne doit pas être bien dur.
- On a déjà parlé de cela des millions de fois, Kiera. Tu sais parfaitement que ce n'est pas ce que je veux. Je veux t'aider, c'est tout.
- Je sais, Die. Excuse-moi. Tu m'excuses ?
- Évidement; qui pourrait t'en vouloir ? Pas moi en tout cas.
- Pauvre petite, soumise à son amour !
- Je t'aime, Kiera.
- Il se pourrait bien que ça soit réciproque.
Brume sourit et fit un petit clin d'œil à son amie; c'était toujours aussi drôle de la taquiner.
- Di ?
La petite brune sursauta.
- Di, à qui parles-tu ?
Alison venait de rentrer. Elle jeta un œil dans le salon, comme au premier jour, lorsqu'elle avait trouvé Di en train de jouer du piano. La jeune fille était devant la baie vitrée. Alison se souvint alors que le premier jour Di n'était pas seule. Aujourd'hui non plus. La silhouette était là. Le soleil tapait dans la vitre et entrait dans la pièce, semblant la traverser. Elle était plus distincte que la précédente fois. Mais il aurait fallu qu'elle se décale à gauche pour que le soleil l'éclaire convenablement. Alison pouvait apercevoir la forme de jambes, de hanches, de mains, d'épaules, vaguement quelques traits de son visage, ses cheveux roux et ses yeux noirs, intenses. Elle semblait tout droit sortie d'un film de science-fiction. Ce n'était pas une fille, pas un fantôme. Mais qu'était-ce ? Alison s'avança vers Kiera et la dévisagea. Di tremblait :
- Que regardes-tu, Alison ?
- Qui est cette jeune fille ?
Di écarquilla les yeux. Kiera en fit de même :
- Vous me voyez ? s'étonna Brume.
Pour Alison, cette voix n'était rien de plus qu'un murmure.
- Pas vraiment. Il faudrait que tu avances un peu plus, vers la gauche. Qui es-tu ?
- Je m'appelle Kiera. Je suis l'amie de Di. À vrai dire, je suis ici depuis un certain temps. Mais, comme vous pouvez le constater, j'ai un peu de mal à me faire remarquer.
- Di, tu ne m'as jamais parlé de cette jeune fille.
- Il était assez peu probable que tu m'aies crue, se défendit Di.
- Je lui avais demandé de ne pas parler de moi, ajouta Kiera.
La voix de Brume s'éclaircissait un peu, sa silhouette aussi devenait plus distincte. Mais seule Di pouvait réellement la voir comme concrète.
- Si ce n'est pas indiscret, dit Alison, pourrais-je te demander ce que tu es exactement, Kiera ?
- Je voudrais bien vous répondre, mais moi-même je ne le sais pas bien, en fait. Je crois que je suis de l'air. Mais prenez ma main, vous verrez que je suis comme vous.
Alison était ahurie. Jamais elle n'avait rien croisé de tel dans son existence, pourtant elle n'était pas née de la dernière pluie. Elle s'exécuta timidement.
- N'ayez pas peur, insista Brume, je ne vais pas vous faire de mal.
- Ça alors ! s'exclama Alison. Tu sais que tu es très étrange, Kiera ?
- J'ai cru le comprendre, oui.
- En fait, je t'avais déjà aperçue le jour de mon arrivée en ville. Je crois que c'est à cause du soleil. Je ne te vois pas lorsque tu n'es pas devant la baie vitrée.
- Ça voudrait dire que lorsque la lumière te traverse, on peut te voir ? demanda Die à Kiera.
- Probablement. Tu n'as plus qu'à aller quérir le soleil et suivre chacun de mes pas, Di.
- Si je pouvais, je le ferais volontiers.
- Di, interrogea Alison, tu peux la voir ?
- Oui, je suis la seule personne à pouvoir voir Kiera. Ne me demandez pas comment je fais; elle pense que je suis spéciale.
- Elle n'a sûrement pas tort ! Donc c'est toi la fameuse amie que Di ne pouvait pas me présenter, Kiera ?
- Oui, c'est moi-même. C'est aussi moi les deux mains supplémentaires au piano.
Alison regardait Kiera. Elle était plutôt jolie, pour le peu qu'elle pouvait en voir.
- Mon Dieu ! Je vois Kiera ! Di, je vois Kiera !
Di se retourna. Eddy venait de débouler dans le salon. Elle accourait vers elles, devant la baie vitrée. Elle s'écria, déballant une dizaine de mots à la seconde :
- Enfin je sais à quoi tu ressembles, Kiera ! Dis-moi, je peux t'entendre ? Comment se fait-il que je te vois ?
- C'est à cause du soleil, l'interrompit Alison. Si je comprends bien, Kiera, tu es dans l'air. Si je peux te toucher, c'est que tu n'es pas de l'air. Donc tu es une espèce de...
- Une masse de particules ? hasarda Kiera.
- Ça pourrait être cela. Oui, c'est comme le matin quand le soleil tape fort et que tu ouvres tes rideaux, tu vois des poussières qui volent, alors que le reste du temps tu ne les vois pas, car elles ne sont pas traversées par le soleil.
- Voilà pourquoi Josh a pu me voir, le soir de l'incendie.
- Que s'est-il passé le soir de l'incendie ? demanda Eddy.
- Josh s'est retrouvé coincé dans l'usine. Il a cramé. Je l'ai vu, quand je suis retournée chercher un cadeau que Die m'avait fait.
- Donc, il est mort ?
- Oui. Les pompiers ont sortis son cadavre durant la nuit.
- C'est si étrange d'entendre ta voix, et encore plus de te voir en... chair et en os.
- Pas encore, je le crains.
- Pas encore ? s'étonna Alison.
- Avant, expliqua Kiera, j'étais de chair et de sang, comme vous Alison. C'est une longue histoire, en fait. Pour vous résumer un peu la situation, tout le monde m'a oubliée à la mort de mes parents, et j'ai peu à peu disparu, sans jamais mourir. J'aimerais simplement redevenir réelle, vivante. Mais je sais que si je montre ma présence, je pourrais effrayer ou être considérée comme je-ne-sais-trop-quoi.
- Je comprends.
- Bon, coupa Eddy, maintenant que tu as rencontré la petite amie de Di, on pourrait voir quels bijoux je t'emprunte pour le grand soir, Ali ?
Alison ouvrit de grands yeux, elle ne savait pas bien si c'était à cause de Di ou des bijoux.
- Oups, c'était peut-être beaucoup en une seule phrase, s'excusa Eddy.
Sans plus attendre, elle entraîna Alison vers son coffret à bijoux pour convenir de ce qu'elle allait s'approprier. Kiera regarda Di, le rire aux lèvres.
- Bon, voilà qui est réglé pour Alison. Montre-moi donc ma robe.
Di regarda l'horloge. Il était tout juste dix-neuf heures. Kiera était dos à elle. Tournant le cou, la rouquine lui sourit, ouvrant tout grands ses beaux yeux noirs. Il n'en fallu pas plus à Di pour comprendre le message. Même quand Brume ne parlait pas, elle la comprenait; c'était même assez étrange. Elle s'avança vers Kiera et monta la fermeture de sa robe, dans son dos. Le vêtement était noir, ce qui faisait ressortir les beaux cheveux roux de Kiera. La robe était composée d'une jupe avec une petite crinoline étroite et qui descendait tout juste au niveau du genou, une fine toile noire peu opaque recouverte d'une seconde épaisseur en dentelle d'un noir plus intense représentant des fleurs, dans un style plutôt gothique. Le haut du vêtement était un bustier sans manches, avec des lacets sur le devant, et de la dentelle identique à celle de la jupe. La tenue mettait en valeur la taille de Brume, si fine, parfaitement proportionnée, telle une magnifique sculpture. Kiera sourit :
- Alors, de quoi ai-je l'air ?
- Heureusement que personne ne te verra, sinon je pourrais passer totalement inaperçue.
- Ne dis pas de bêtise; tu es plus magnifique que n'importe qui ! Mais je te remercie tout de même du compliment. Enfile vite ta tenue, maintenant. Je veux voir comment la plus belle fille du monde compte s'habiller ce soir.
- Tu le sauras ce soir. Avant de me préparer, je veux vérifier les réglages du synthé.
Elles se trouvaient dans les coulisses, à ce moment. Les autres se préparaient, eux aussi. Kiera décida d'aller jeter un œil sur le public pendant que Di finissait les réglages du synthétiseur. Alison entra dans la loge quelques minutes plus tard.
- Tu devrais te changer, dit-elle à Di, c'est à vous dans moins d'une heure.
- Oui, je sais.
- Ça ne va pas, Di ?
- Si, ça va. Je suis un peu nerveuse. Je pensais que je pourrais aider Kiera à retrouver la vie, mais je ne sais plus comment faire.
- Est-ce seulement possible ?
- Elle a disparu quand le monde l'a oubliée. Je pensais simplement qu'elle réapparaîtrait quand on se souviendrait d'elle. Ce soir, ça semblait être idéal : une foule, la télévision,... Mais ils ne peuvent pas la voir, alors comment leur faire comprendre qu'elle est là ?
- Mais nous Di, nous savons que Kiera existe. Pourtant, on ne la voit pas.
- Et si elle était morte, Alison ?
- Bon, écoute, occupe-toi du concert. Emmène Kiera sur scène avec toi. Peu importe si les autres ne la voient pas, tant que toi tu le peux.
- Je voudrais l'aider, comme elle m'a aidée.
- Et tu le feras, Di. Dès que tu le pourras. Je suis sûre que tu trouveras une idée. Maintenant, file t'habiller. Je vous regarderai, je serai aux premiers rangs.
Kiera était sur scène depuis plus d'une demi-heure. Elle avait regardé toute la première partie. Le public était euphorique, elle était émerveillée. Puis, elle s'était assise devant le synthétiseur, qui avait été amené sur la scène avec les autres instruments du groupe. Le rideau s'était refermé. Et elle attendait maintenant que le spectacle commence. Stephen arriva le premier. Il avait revêtu un costume rétro, une cravate, et un chapeau haut de forme. Hilary était à son tour entrée en scène, avec un style tout à fait différent. Elle portait une jupe en tulle arrachée, un chemisier gris avec des motifs de toile d'araignée ainsi qu'une veste trop longue et une coiffe avec des plumes et des fleurs noires. C'était du Hilary tout craché, ce petit look décalé. Eddy était ensuite arrivée en toute hâte, plus euphorique encore que son public. Elle avait décidé de mettre simplement un jean troué et un tee-shirt à paillettes. Mais elle s'était maquillée, avait passé à son cou une gigantesque chaine plaquée or, à ses poignets des dizaines de bracelets clinquants et s'était crollé les cheveux, de telle sorte qu'elle était finalement plutôt sophistiquée. Mais où était Di ? Tous l'attendaient pour lever le rideau. Soudain, Brume la vit débarquer, pieds nus. Elle portait une robe extrêmement légère, avec des motifs de fleurs dont les couleurs rappelaient ses grands yeux turquoise, ainsi qu'un large collier de feuilles et coquillages. Dans ses cheveux noirs comme un ciel sans lune, elle avait mis une branche souple avec quelques bourgeons qui, tel un bandeau, faisait le tour de son crâne. On aurait dit une sorte de hippie. Kiera sourit; Die était terriblement mignonne dans cette drôle de tenue. Jamais elle ne cesserait de la surprendre !
Di s'avança vers le synthétiseur et posa délicatement les mains sur le clavier.
- Tu es sublime ! déclara Brume en lui déposant un baiser sur la joue.
- Merci. Toi aussi, tu sais.
Eddy se précipita vers Di, toute excitée, et s'empressa de demander :
- Tu es prête ? On peut lever le rideau ?
- Je suis prête, oui. Allons-y !
Eddy regagna en toute hâte le centre de la scène. Les lumières de la salle s'affaiblissaient lentement. Les cinq adolescents sur la scène regardaient le rideau décoller du sol, découvrant un public enthousiaste.
Stephen fit le premier accord, et tous enchaînèrent. Eddy se mit elle aussi à gratter sa guitare. Hilary commença à frapper violemment ses bidons de ferraille alors que Di et Kiera faisaient danser leurs doigts sur le clavier du synthétiseur. Alison, dans le public, les regardait, envoûtée. Tous les spectateurs étaient charmés par cette magnifique musique. Toute la soirée, ce ne fut que musique et applaudissements. L'ambiance battait son plein. Jamais, malgré le temps depuis lequel ils s'entrainaient, Burned Factory n'avait aussi bien joué. Ils avaient l'impression d'être dans une autre dimension, faite uniquement de sons. Ils étaient portés par le son au-delà de la vie et de la mort même. C'est à peine s'ils voyaient leurs spectateurs. Le seul mot qui pouvait décrire ce concert était « magique ». La dernière chanson arriva. Di réalisa alors que Brume n'était toujours qu'air et imagination. C'était le moment où jamais, c'était maintenant qu'il lui fallait réfléchir à son idée. Elle commença à frapper sur le clavier. Si elle n'avait pas connu les notes par cœur, elle se serait probablement trompée tant elle était préoccupée. Soudain, elle s'enfuit en courant, à l'arrière de la scène, laissant Kiera seule devant le synthétiseur. La jeune fille irréelle continuait de jouer, sans comprendre ce qui se passait dans la tête de son amie. Mais, même s'ils ne voyaient personne activer les touches du clavier, les spectateurs ne se posèrent nulle question.
Di traversa les coulisses en toute hâte avant d'atteindre l'escalier de service. Elle grimpa les marches quatre à quatre, le souffle de plus en plus court. Enfin, elle atteignit l'étage : quelques passerelles en fer et des projecteurs braqués sur la scène. Elle avisa la manivelle de l'un d'entre eux, dont la lumière éclairait la scène, juste devant le synthétiseur. Elle se précipita dessus et la tira de toutes ses forces, faisant avancer le projecteur vers l'arrière de la scène. Déjà des vigiles du stade arrivaient en courant vers elle pour l'empêcher de déranger le spectacle. Le projecteur était maintenant un mètre voire deux derrière Kiera. Il suffisait de le faire basculer vers l'avant et la lumière traverserait la jeune fille. Alors tous verraient distinctement la silhouette, tous connaîtraient l'existence de Brume. Mais le projecteur était énorme et Di fatiguée, à bout de force suite à sa course et aux efforts fournis pour déplacer cette gigantesque ampoule. Elle inspira profondément. Alors elle se pencha en avant, enroulant ses jambes autour de la rambarde de la passerelle pour ne pas tomber dans le vide, et elle poussa le projecteur, tentant désespérément de le faire basculer. Les vigiles et les électriciens l'agrippaient de tous côtés et la tiraient en arrière, l'empêchant d'agir correctement. Elle se défendit de l'un d'entre eux par un violent coup de talon qui faillit lui être fatal. N'ayant plus aucune prise, elle serait tombée dans le vide si un autre homme ne l'avait pas retenue. Cependant, dans sa courte chute, Di parvint à donner un violent coup sur le projecteur qui enfin éclaira Kiera. Les hommes emmenaient Di vers l'arrière, elle se débattait comme une furie. Elle vit, en bas, sur la scène, Kiera tourner la tête vers elle. La lumière devait la rendre visible. Mais le public ne poussait pas d'exclamation, restait impassible. On eut dit qu'il n'y avait rien. Rien. Di fixait la scène. Et plus elle la fixait, plus Kiera devenait petite et trouble, plus elle se rendait compte que Brume n'était rien. Ce n'était que de l'air; de l'air, de l'imagination et beaucoup d'amour. Elle hurla :
- Kiera !!!
Kiera était en train de disparaître lentement, comme s'évaporant. La musique du synthétiseur, elle n'existait pas. Sa robe était-elle rangée dans le placard ? Ce pouvait-il que les morts de Marie et d'Augusta n'aient été que des suicides, et celle de son père un tragique accident ? Et Kiera, le fruit d'une imagination débordante ? Di cessa de se débattre. Les vigiles la lâchèrent.
- Mademoiselle ? Mademoiselle, pourquoi pleurez-vous ?
Mais elle ne pouvait dire qu'elle pleurait car tout ce temps elle avait imaginé une amie et une âme sœur dont elle avait clamé l'existence, était parvenue à y faire croire ses amis, et se disait aujourd'hui qu'elle était inexistante.
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