pourquoi ?

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Vite/ ne pas me retourner/ aller en hâte au premier arrêt bus/ non/ plutôt me rapprocher de chez moi/ je n’ai plus mon sac/ ne pas m’arrêter/ voir s’il me suit/ je suis partie si brusquement …. Comment ai-je pu ? Il était si gentil/ il n’avait pas l’air/ ne me quittait pas depuis quelques jours après le travail/ et je croyais/ pourquoi ai-je cru ? Il faut aller plus vite/ prendre la direction du centre/ accélérer/ mes jambes me font mal/ plus vite/ le chemin est plus long/ derrière ce groupe de maisons un moment pour souffler…

Pas un instant, quand il m’a proposé ce café avant de rentrer, je ne me suis méfiée, des yeux si limpides, un air de bon jeune homme, on parlait de tout et de rien, je n’ai pas vu qu’il se rapprochait, ni qu’il avait choisi ce lieu désert, on riait en marchant ! Et soudain…

Près d’un banc/ m’embrasser/ oui ? mais pas ça ! Non pas ça ! ses mains/ il m’a fait tomber/ je me débattais/ tout son corps faisait mal/ sa tête dans mon cou/ cette main autoritaire qui me poussait/ sa voix qui changeait/ j’ai eu peur/ j’ai griffé ou mordu/ il a relâché son genou contre moi/ je me suis relevée/ j’ai laissé mon sac/ ma veste / ah oui ? je n’ai plus ma veste il me l’a arrachée/ vite entrer à la maison/ je tremble/ aller plus vite/ l’impression qu’il me guette là quelque part/ tout près/ il semblait si gentil et on le connait depuis tellement longtemps…

Personne à la maison, encore au travail ; le temps de m’allonger, me recoiffer, me laver, mes mains sont sales, l’impression d’être sale aussi...

« Y a qu’à toi qu’il arrive des histoires pareilles me dit ma mère », quant à papa : « On est amis avec ces gens-là depuis ton enfance, le fils ? Un bon garçon qui ne ferait pas de mal à une mouche, il a voulu t’embrasser ? Et alors, rien d’anormal là-dedans, allez, on les invitera à l’apéro un prochain dimanche, affaire conclue »…

Je ne veux pas entendre, je n’entendrai pas…

Elle n’entendra pas, elle court, elle a les joues en feu, de la honte, des rires, de la course pour lui échapper, dégringole dévale, les joues brûlantes, de honte, de l’affront, elle ne cessera jamais de les honnir, de les maudire, ils ont tort, elle le sait, ils ont tort mais elle est seule, elle ne cessera jamais d’être seule, de courir de fuir sans se retourner, ils sont trop forts, elle n’y peut rien. Elle n’y pourra jamais rien, elle ne pourra jamais faire autrement, prendre cet élan, conserver cet élan, traverser le monde et son angoisse, conserver l’élan, ne jamais le laisser se perdre, ne jamais renoncer, tenir la note, tenir, traverser, courir, courir se retrouver elle-même, là où elle n’entend plus leurs rires. Elle ne veut, ne peut que cela : ne pas leur ressembler.

Mes jambes tremblent encore/ …

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