Epilogue 1ère partie
Quelques années plus tard
PLOUF !!! Je sursaute brusquement, alors que les éclaboussures aterrissent sur ma peau chauffée par le soleil estival. On a connu réveil plus délicat. Les rires des enfants calment mon accès d'humeur. Comment leur en vouloir ? Ils auraient tort de ne pas en profiter. Je contemple la troupe qui s'amuse à se courir après tout en s'arrosant. A cet âge là, on peut vraiment s'amuser sans penser au lendemain.
Des pleurs que je reconnaîtrais entre tous retentissent soudain. Je me lève immédiatement pour aller voir ce qu'il s'est passé. Je dois être un papa un peu trop flippé, mais c'est plus fort que moi. Ma fille a cet effet là.
- Qu'est ce qu'il se passe ma puce ? Tu t'es fait mal ?
Entre deux sanglots Maïna se calme un petit peu pour me dire :
- Arthur m'a pris le pistolet à eau et il m'a dit que les bébés n'avaient pas le droit de jouer avec les grands.
Immédiatement je prends ma grosse voix :
- ARTHUR viens voir !
Comprenant qu'il a intérêt à obtempérer, son frère arrête ses jeux avec les autres et se dirige vers moi, tout en criant pour se disculper.
- C'est elle qui m'embête, elle nous empêche de jouer avec Victor, dès qu'on l'arrose, elle s'énerve, mais elle par contre, elle n'arrête pas de nous mouiller. Donc je lui ai pris son pistolet pour qu'on puisse jouer tranquille.
Et voilà c'est reparti pour une nouvelle dispute entre mes enfants. Parfois j'ai l'impression d'être devenu en même temps un casque bleu, un juge et un médiateur. Je prends le temps de stopper leur dispute alternant entre fermeté et compréhension. Arthur redonne son jouet à sa soeur, Maïna s'engage à ne plus embêter les grands et il repartent tous les deux en rigolant jusqu'à la prochaine dispute.
En regagnant mon transat, je regarde la magnifique villa qui accueille notre petite famille. J'ai encore aujourd'hui le sentiment un peu irréel de ne pas mériter tout ce luxe. Après tout, cet argent m'est tombé tout cru dans la gueule sans que j'ai rien eu à faire pour le mériter. Les premiers temps, je ne m'en étais pas vraiment préoccupé, obnubilé que j'étais par l'idée de m'en servir pour me venger de Linda Chapelier. Même autant d'années après je ressens encore une intense satisfaction en repensant à la tête qu'elle fait le jour où j'ai siégé pour la première fois au conseil d'administration.
Il faut dire que PJ avait gardé le secret sur mes démarches auprès de sa mère. Je crois qu'ils s'étaient fortement disputés tous les deux. Mes révélations ainsi que la lettre que son père avait rédigé à mon intention, avait bouleversé totalement sa vision du monde. Il avait entamé une psychothérapie. Lorsqu'il avait abordé la question de l'histoire entre son père et sa mère, celle-ci n'avait pas accepté d'être remise en cause, sa réaction avait été à l'en croire très violente. Toujours est-il qu'il n'avait fait aucune difficulté pour me céder la moitié de sa fortune. Il y avait même une certaine forme de soulagement à l'idée que ce serait moi qui aurait maille à partir avec sa elle. Peu de temps après, il avait tout quitté pour aller s'installer définitivement en Grèce.
Toujours est il que lorsque j'ai vu la surprise céder la place à l'horreur pendant que mon avocat expliquait que je devenais actionnaire principal de l'entreprise (Il m'avait suffit de racheter quelques actions supplémentaires pour le faire, c'est dingue comme les banques prêtent facilement une fois que l'on est riche), je crois bien que ça a été un des plus grands kiff de ma vie.
Bien évidemment une de mes premières décisions a été de révoquer son mandat de PDG. J'ai eu l'impression de voir un petit enfant à qui on aurait retiré son jouet. Je ne sais pas ce qui lui a fait le plus mal, qu'elle soit privée de son pouvoir du jour au lendemain, ou bien que ce soit moi qui prenne sa place ? En tout cas le choc a dû être trop rude pour elle. Elle a décompensé dans les jours qui ont suivi, il faut croire qu'elle n'avait personne vers qui se tourner. Elle a été retrouvée nue dans les rues de la ville déclamant des propos incohérents. Coupant d'elle même toute possibilité de rebondir professionnellement. PJ a fini par lui pardonner et il s'occupe d'elle aujourd'hui, mais je crois qu'elle ne s'est jamais vraiment remise.
De mon côté, après avoir longuement hésité, j'ai décidé de devenir le patron de l'entreprise. Je mentirais si je n'ai pas été parfois découragé par l'ampleur de la tâche, j'aurais pu me contenter de revendre mes parts et profiter de cet argent tout le reste de ma vie, mais je crois que je n'aurais pas pu vivre comme cela. Bien souvent j'ai eu l'impression d'être un imposteur, de ne rien avoir à faire avec des personnes qui avaient plus de deux fois mon âge, que je devais faire obéir à mes décisions. Mais quelques bonnes intuitions m'ont rapidement permis de gagner leur respect et aujourd'hui l'entreprise est on ne peut plus prospère.
Je me tourne vers celle à qui je dois une grande partie de mon bonheur présent. Elle est toujours aussi belle, même après toutes ces années. Sa silhouette lascive est étendue sur le transat voisin du mien, profitant des rayons qui se posent sur son corps déjà bien bronzé. Un bruit furtif se fait entendre dans le babyphone, captant immédiatement mon attention. Est-ce qu'il s'est réveillé ? Je m'adresse doucement à celle qui m'accompagne :
- Cynthia ma belle, est-ce que ça te dérange si je te laisse un peu surveiller les enfants, je vais aller voir où en est la sieste du bébé ?
Elle me regarde avec un grand sourire. Ses grossesses l'ont un peu fatigué, mais elle ne semble pas vieillir.
- Non pas de soucis Thomas, prend ton temps, ils s'amusent bien, je peux gérer toute seule.
Je m'étire en me levant et me dirige vers la maison, gardant le babyphone à la main. Au fur et à mesure des petits gazouillis se font entendre. Il n'y a plus de doute Malo est réveillé. Lorsque je rentre dans la chambre une odeur acre me saisit.
- Ben alors mon loulou, elle est fini la sieste ? Tu as fais un gros caca, ça te gênait ?
Oui je sais, vous me trouver sûrement ridicule à gagater avec mon fils, mais vous voulez savoir ? Je n'en ai rien à faire. Parce qu'à ce moment présent changer sa couche, je crois bien que c'est ça le bonheur. Je sais que ça passe tellement vite ces moments là, donc j'en profite, parce que je crois bien que ça sera la dernière fois.
Pendant ce temps, j'entends les grands rentrer à leur tour en criant: "Ouais le goûter!!!". Puis quelques instants plus tard, de douces mains se posent sur ma taille, pendant que ses lèvres viennent sussurer à mon oreille:
- Alors super papa, ton fils avait besoin de changer de supercouche.
- Oui, car il avait fait un super méga caca atomique, tu as échappé au pire crois moi.
Elle m'enlace alors doucement, pendant que je prends Malo enfin propre dans mes bras. Rectification, c'est ça le bonheur.
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