Au petit-déjeuner, ma belle Isa caresse sa gourmette au prénom Océane.

• C’est l’anniversaire de mon engagement de Sœur avec Adé et ses Services Spéciaux du Vatican 4. J’ai changé d’Ordre depuis, avec Brigitte et son Ordre du Pôle Sud. Ma croix est un plus. La tienne est encore vaticane. Pourtant tu es plus proche de Bri que moi.
• Je n’ai pas tous les sacrements et avec Bri ce n’est pas une relation spirituelle. Bon anniversaire ma Sœur.

Et je l’embrasse, fort, je suis pleine d’amour et de passion pour ma belle. Mais on reste correcte devant Antoine qui nous regarde bizarrement. Isabelle vibre un peu. Je crois que son minibri vient de réagir, elle rougit. J’ai laissé le mien sur mon lavabo dans la salle d’eau. Parce que même sans, même après, on se sent tellement bien. Détendue. Avec une sensation de plénitude, physique, localisée en bas du dos. Je suis heureuse. Mon fils va grandir au Paradis sur cette planète grise que j’ai cachée derrière mon pouce tellement elle était loin quand Bri m’a emmenée dans l’espace, loin de tout. J’étais juste avec elle. Elle n’était jamais allée aussi loin non plus. Elle l’a fait pour moi. Je repense souvent à ce moment. Il est comme une balise dans laquelle je vais méditer. Le temps s’arrête autour de moi. Et en un clin d’œil il reprend. C’est comme si j’avais glissé ailleurs pendant un instant. Je vais vite dans ma chambre remettre du Placebo. Et ça marche, l’Invisible disparaît et je reste dans la réalité du présent. L’heure tourne, il est tant de préparer Antoine pour l’école. Isabelle reste en cuisine pour préparer le brunch. Sur le chemin du retour, j’aperçois Brigitte sur un banc. Je vais m’asseoir à côté d’elle.

• Désolée, je ne le porte pas ce matin.
• I didn’t come for that. Paloma, je te veux, à mes côtés.
• J’ai déjà du mal à digérer le SSV4, je ne suis pas prête pour ton OPS.
• Il ne s’agit pas de ça.
• Je ne suis pas une Fée ou autre, je me déconnecte de l’Invisible même.
• Non plus. En fait, j’apprécie ta présence, beaucoup. Et je souhaite qu’on se voit plus souvent, pour faire des choses, ensemble, en toute amitié, même si je ne comprends pas bien la différence avec l’amour. Mais j’ai besoin d’une amie, une vraie et je sens que tu peux l’être. J’ai jamais eu de vraie amie. Et là, j’en ai besoin, vraiment, surtout maintenant. J’ai besoin de parler, d’échanger, en toute franchise, sans conséquence, sans enjeu. Sauf si tu me vois comme une Déesse ou autre, là, ça ne marche pas. Mais tu me vois normalement, je le sens, depuis le fin fond de l’espace, on était ensemble loin de tout. Je suis ton amie. Tu es mon amie. Amies ?