031 - Mercredi 2 Décembre
Dans la cellule moniale de la Basilique, on ne peut pas l’entendre crier, parce qu’il ne crie pas, au contraire, il a l’air d’apprécier. Je ne suis pas la première à passer par là on dirait. Ensuite je fonce chez Aline pour pas qu’elle s’ennuie toute seule pendant que son Willem est au Sylvania City Hall, ils sont passés à l’anglais. Car telle est ma mission, Aline. Je lui prends la tête. Je passe mes mains sous ses cheveux pour caresser ses oreilles et faire la nuit sur son âme quand elle ferme les yeux. Son âme a changé de couleur, elle guérit. Encore un an ou deux de gros câlins et ça ira mieux. Je lui pose délicatement la tête sur un plaid, à même le sol, à côté de la cheminée qui nous éclaire et nous réchauffe. Mon corps nue glisse sur le sien, je la masse de toute ma masse sur la sienne en tournant autour de son ventre qui n’a le droit qu’à de petits bisous. Je la fait descendre à un niveau d’inconscience et de détente qu’elle n’a jamais atteint. Je masse ses seins et je bois son lait, je m’en badigeonne partout jusqu’au fond de mes plis. Ensuite je choisis le bon brisim pour entrer en elle et en moi. Nos ventres se connectent et je m’endors doucement sur elle. On se réveille pour le brunch qu’elle me prépare avec amour et plein de tendresse. Elle a l’air plus éveillée, plus à l’écoute, plus humaine.
- So, Paloma, we are a couple ?
- Non Aline, rappelle-toi, je suis en train d’exorciser ton âme. C’est de la thérapie occulte, version 4. On est peut-être descendues trop bas, tu retrouveras ton français en remontant. You understand me ?
- Yeah, of course. Sure. Paloma, I love you.
Elle a l’air tellement heureuse et détendue, posée. Mais mon dark vibre. J’ai rendez-vous à Russell, déjeuner de travail pour la B5, avec Megan et Auguste. Je l’embrasse, je remets ma tenue et je l’embrasse à nouveau avant de partir.
- Je t’aime Aline. Prends soin de toi. Et de ton ventre. Love. Ciao.
Je suis froidement professionnelle à Russell, en tenue et concentrée en exposant d’emblée le fond et la forme de la B5 à ce déjeuner qui se veut détendu et informel. Vu leurs têtes, je dois leur expliquer.
- Désolée pour la tenue, je reviens de mission et j’ai un rendez-vous officiel juste après, avec Brigitte. Ne vous inquiétez pas je ne viendrai pas comme ça pour rencontrer le groupe de travail de vos élèves, je ne veux pas les effrayer. Ils vont déjà avoir assez peur avec ces demandes d’habilitation du Vatican. Le premier conseil qu’il faut leur donner, il doit venir de vous, comme un avertissement : ne pas trop s’impliquer, prendre ses distances avec le texte. Sinon, elles risquent de finir comme moi.
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