039 - Jeudi 10 Décembre
On prépare Antoine pour l’école, il va y aller seul car si les institutrices nous voient avec nos tenues, ça va pas le faire et elles vont le garder. Ce matin je prends mes fonctions au Couvent de la Cathédrale de Laguna City et Sœur Océane m’accompagne pour marquer son territoire et que les Tigresses du Cloître ne se jettent pas sur moi, ou l’inverse. Mon bureau est fabuleux avec une bibliothèque hybride immense. Ça va me prendre l’éternité à lire tout ça ! Surtout que je ne lis pas. Je suis plus là pour rajouter des volumes, être dans l’action plutôt que dans la contemplation. Ici on brunche sous les voûtes en pierre avec une Sœurette qui fait la lecture de la B4. La cuisinière pour prépare des petits plats très sophistiqués, tellement qu’on est obligées de demander comme ça se mange. Le corps du Christ, le pain, et le sang du Christ, le vin, sont très bons aussi. L’après-midi tout est calme, on ne voit plus personne, chacune s’est retirée et on entend plus que les échos de petits gémissements ici et là. Peut-être des fantômes ? La journée est finie. Tout se passe le matin ici. Et Isabelle se détend en enlevant sa tenue. Elle avait prévu un bagage pour nous changer et repartir en civil. Pour où ? Assez de bondieuseries pour aujourd’hui. On va au Lounge, pour déconnecter, avec des boissons qui relaxent et des tiges qui font rire.
- Isabelle, je ne veux pas de cette vie là. Tu me vois officier à la Cathédrale tous les dimanches matins ? Franchement…
- Au diable la Messe, tu as raison. Après tout, on est du SSV4, alors on est libres de ne pas jouer les gourous. On a nos missions à nous. Le reste, c’est pour les Régulières et leurs Sœurettes, sans oublier les Diacres. Une cérémonie religieuse, pour être solennelle, se doit d’être rare.
- Ainsi soient-elles !
On prend nos verres pour trinquer, s’embrasser et respirer nos fumées.
- Paloma, on a dépassé les doses.
- Et on va être en retard pour récupérer Antoine.
- Non, j’ai pris des dispositions, c’est une journée particulière, nous sommes prises, retenues, Antoine va dormir chez les voisines. Les pauvres.
Je l’aime. Elle prend soin de moi. Elle apaise mon esprit et mon corps. Mais on ne soit pas sombrer. Il y a une suite. On arrive complètement défoncées à la gare où Brigitte réalise que ce n’est pas ce soir qu’elle nous fera signer ses parchemins de l’OPS. Au lieu de ça elle nous installe dans un salon cosy et nous fait remonter à la surface avec des boissons claires et pétillantes, le breuvage des déesses. Direction les toilettes pour tout vomir. Je reconnais le repas du Couvent, c’est beaucoup moins présentable maintenant.
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