074 - Jeudi 14 Janvier
Abigaëlle se regarde dans le grand miroir. Je vais derrière elle et je l’enlace. On se regarde dans le reflet, la mère et la fille.
- Maman, je fais plus vieille que toi.
- Ma fille, j’ai été bien plus vieille que toi, Gianna… Paloma.
On sourit. Elle est si belle. No1 nous appelle pour le dîner. Kylian et Gigi sont déjà sagement à table. Je vais chercher ma belle qui s’en grille une dehors en regardant les lumières du Port.
- Ce lieu est magique. Ils ont presque l’air normaux, tes parents. Et Gigi alors ? Tu l’as bien connue ou bien ? Je crois qu’elle me cherche.
- Non, je n’étais pas de cette obédience à l’époque. Et elle t’intrique parce que tu es Greta 2.0. Allez, viens, on rentre au chaud.
Antoine et sa sœurette sont sortis de leur cachette. Une jolie poupée blonde aux yeux vert clair, elle a l’air si sage.
- Elle l’est.
- Pourquoi tu l’as choisis elle ? Les autres sont beaucoup plus amusantes.
- Jade est la seule qui ne s’intéresse pas à moi, surtout depuis que tu es la Mère Supérieure XVI, fille de Abigaëlle, entre autres. Elle me canalise. Elle me limite. Elle ne m’aime pas. Je ne peux pas la décevoir.
- Mais au final, vu de l’extérieur, vous êtes un couple, vous êtes en couple. Elle est en soft way to love. Vous allez être heureux et beaucoup vous aimer.
Ils se sont bien trouvés dans le chaos de la meute des sœurettes de la Basilique. Je sens en Jade des prédispositions. Elle est posée, sensible, ouverte et il y a une espèce de maîtrise en elle. Et Gigi, elle est beaucoup plus sympathique qu’avant. Elle a mûri. Mais l’environnement dans lequel on s’est connues n’est pas propice à nous révéler sous notre meilleur jour. Vivre sur une Base, ça nous conditionne, on ne peut pas vraiment être soi. Là j’ai l’impression de la voir vraiment, en vrai. Elle est bienveillante. C’est une Bienveillante ? Je crois que cet Ordre existe. Après le dîner ils fument tous des tiges dans la smoking room. Je préfère les laisser pour aller retrouver Abi en cuisine et l’aider à ranger. Je lui enlève les plats des mains et je l’enlace, ensuite un petit bisou et je la serre. Elle fait de même. Ensuite un gros bisou et elle pleure. De joie. De tristesse. De remords et de regrets. Je lèche ses larmes et je caresse ses beaux cheveux bouclés, nos front se rejoignent et nos âmes se consolent. Je clos la séance par un bisou furtif sur la bouche, ça la fait rire et on reprend le rangement. Elle a besoin d’inspirer et d’expirer à fond pour se remettre de ses émotions. Mais je dois vite retourner au salon pour protéger ma belle des assauts de Gigi.
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