Je la retrouve devant l’Agence spatiale. Quel rapport avec l’Invisible ? J’aurais plutôt pensé à un bâtiment spirituel.

• C’est en bas que ça se passe, au sous-sol technique. L’Agence a la particularité d’avoir une liaison profonde avec la planète, c’est une histoire de calibration de mesures. J’ai fait venir un câble jusque là, relié à un terminal connecté à notre serveur. Si des informations viennent de là, il y a une interface en latin qui sera traduite en français, c’est plus nuancé comme langue. Et c’est à toi d’établir la connexion.

On se retrouve à genoux pour ouvrir une trappe au sol dans une armoire technique. Elle récupère un fil noir venant du plafond et elle me le met dans les mains qu’elle entoure des siennes. On présente la prise mâle à la prise femelle. Et ensemble, on branche. En même temps je sens ses lèvres sur les miennes. Il ne se passe rien. Pas de bip. Pas de lumière de confirmation. Elle me relève, ferme l’armoire, me montre ses deux clefs et m’en présente une.

• Au cas où ça tourne mal, il faudra venir débrancher. Tu sauras retrouver le chemin ?
• Oui mais est-ce que ça fonctionnera, sans bisou ?
• Oui, c’était juste pour vérifier que tu étais bien connectée à l’Invisible. J’arrive à faire la différence entre ceux qui le sont et ceux qui sont vides. Mais je ne pensais pas que tu étais aussi intense, autant qu’une Fée, une Sorcière ou une Mage. Ils ne t’ont pas donné un grade ?
• Si, je suis une Démone de l’Apocalypse. Du moins, dans un autre Univers auquel on n’est plus connectées. Et encore, je suis juste la fille d’une démone. Je suis seulement une demi démone bâtarde. Un sous sous grade de l’Invisible.
• Diablotine, avec une minuscule. MS Paloma Gianna d. XVI Leclère.

Je ferme les yeux et j’incline ma tête pour recevoir ce baptême.

• Ta fiction est plus attrayante que la vérité.
• Croire en ma fiction est une chose. Mais pour les hérétiques de la vérité, il leur reste encore les faits pour se repérer dans mes histoires. Mais en fait, on a chacune sa réalité, chacune sa vérité, chacune sa fiction, en individuelle, en couple, en famille ou en groupe. Finalement, dans l’Invisible, tout est plus simple, tout est plus clair, il n’y a qu’une seule version des événements. Dans le visible, on est aveuglées par les version différentes, réelles ou imaginaires. Dans les livres je n’ai pas l’impression d’en rajouter une, j’essaie plutôt de toutes les rassembler. Alors…

Je l’embrasse pour la faire taire. Et pour lui rendre son baiser aussi.