XCVI
Nous sommes belles, dans nos robes somptueuses, dans cette salle mythique, confortablement installées dans nos sièges rouges avec devant nous le spectacle de l’Opéra. Clémence danse, accompagnée d’instruments à cordes, violons et violoncelles et chacun de ses mouvements est émouvant. Je sens une larme couler sur ma joue. Isabelle me serre la main. Au cocktail, après avoir salué les artistes, on croise un autre couple, Megan et Auguste qui lance tout de suite la conversation :
- Alors Paloma, tu es à nouveau sur un projet d’écriture ?
- La B5 c’était juste une ébauche, un début pour que la H5 écrive sa suite. La Notice, elle va s’écrire toute seule. Pour les deux, c’est du Megan H, moi je ne lis ça que de loin. Ma vie est ailleurs que dans les mots. Encore une autrice de perdue. Et aucune ne sera lue par les prochaines humanités.
Derrière lui Megan à son regard plongé dans celui de ma belle. Puis elle me regarde et là elle réalise qu’elle n’a plus rien à faire avec son respectable professeur. Elle lui lâche la main. Il se retourne, inquiet et il comprend que c’est fini, là, à cet instant précis où elle ne le regarde même plus, elle me regarde moi. Et on l’emporte avec nous, loin de lui. Isabelle me nargue :
- Diablotine ! Je ne vois vraiment pas ce que vous lui trouvez.
- Il est beau, intelligent et il en trouvera vite une autre à impressionner.
Megan accuse le coup. Je la laisse récupérer dans les bras de ma belle. Et je m’approche de Spencer qui regarde sa Clémence dans les bras de Victoria dans les bras de Émilie. Les trois générations ensemble.
- Te laisse pas impressionner Spencer. Tu es son Roi. Tu es leur Roi. Tu es notre Roi. Vous êtes et vous allez être merveilleusement tout.
Et j’aperçois Aline, la main sur son ventre, avec son Willem. Il y a Noëlle et son Pape avec eux. Sans oublier Maëlle et Brigitte qui discute avec Solène. Je m’approche et je ressens quelque chose. Je réalise que je suis de cette famille et chacun des regards qu’il m’adressent me le confirme. Finalement c’était ma mission. Retrouver ma famille. Aline me tend la main et je la prends. Elle la met sur son ventre pour me faire sentir la prochaine fille de la famille.
- Aline, mater familias.
À ces mots ils me regardent tous comme si j’étais le Messie qui apporte la bonne parole. Et des reflets dorés apparaissent ici et là, ils sont assez discrets pour ne pas attirer l’attention. Sauf de Maëlle qui a sans doute déjà vu ça et qui me chuchote à l’oreille :
- Tu as le fluide en toi.
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