C’est beau la vie avec ma belle. Dans le luxe confortable de sa grande maison de fonction sur la plage, au numéro 43. Isa Love que j’appelle, belle. Ses grands yeux bleus, ses cheveux noirs, son visage d’ange, son corps d’athlète. Je suis sa quête elle est ma femme, parfaite, avec ses vices et ses défauts elle est à moi, je l’ai dans la peau. Et c’est en peau à peau sans tourner autour du pot que je la sors de son repos car il est assez tôt pour que je la vois jouir à l’heure bleue du soleil qui envoie cette promesse de l’aube. Et c’est en aube violette qu’on se retrouve à la Messe de Laguna City sous l’orgue de Marwah qui se déchaîne comme si on couronnait une Reine. Le cérémonial se déroule avec le Pasteur Supérieur Patrice qui fait une première lecture, de la B3. Mère Supérieure Océane envoie les chants. Je fais une deuxième lecture, de la B4. Juste les deux premières phrases d’introduction à un texte sur l’Amour et la Paix. Et j’improvise avec des questions que je plante dans les esprits :

• Sommes-nous sur le bon chemin ? Comment réussir notre mission ?

Etc. Quand le doute est bien installé, j’invite une civile de l’assistance à venir lire un texte de son choix. C’est là que la grande Kate s’approche, majestueuse, dominante, sûre d’elle. Tellement sûre qu’elle ne récite pas un passage de la B4 mais à la place fait une sorte d’homélie :

• Je ne vois pas trace de mon métier dans la B4. On y parle pas de sciences exactes ou inexactes, juste de l’occulte. Tout le monde ne peut pas s’y reconnaître, et rester perdu dans le brouillard de son quotidien. Heureusement il y a des guides pour nous montrer le chemin.

Et là elle se retourne pour me regarder, intensément, longuement, avec Amour, sous les yeux de ma belle, comme une provocation, un défi. Mais c’est juste un prétexte pour la suite de son discours, sur la Paix et tous les compromis à faire pour la préserver.

• La Paix est en nous, naturelle, comme l’Amour, elle ne demande qu’à être révélée alors soyons-y attentives, écoutons notre cœur pour être de bons agents, de la Paix. Paix et Amour pour toujours et à jamais.

Voilà qui est dit. Elle invente une fonction. Agente de la Paix. Je suis fière de ma dix-septième, Sœur Quête. Elle me fait tanguer sur sa fréquence, elle vient d’activer son minibri. J’ai soif de sa bouche et du reste. Après la Messe, on doit attendre le bon moment pour s’isoler discrètement dans une cellule secrète du Couvent, accessible par l’extérieur. Mais pas de cris ou de gémissements bestiaux, juste des caresses délicates et sensuelles pour accompagner les vibrations subtiles de nos ventres connectés. Un moment doux, juste à nous.