134 - le point G
Je me réveille avec une sensation bizarre. Je tourne la tête, ma belle est là, elle dort, rassasiée d’amour, le sommeil de la juste. J’observe son visage et je la vois de plus en plus en elle, sa mère, Greta. Je me lève, tout à l’air si parfait autour de moi, tout est à sa place et moi aussi. J’ai juste un petit pincement au cœur, Antoine me manque. Killian aussi. J’inspire un grand coup et j’expire doucement, ça va mieux, mon corps et mon esprit sont paisible, mon âme est éveillée sur le lever de soleil. C’est tellement beau. Je sais qu’elle n’en loupe jamais un, elle est sans doute sur la terrasse avec ses lunettes de soleil. Hier j’ai voulu clore notre conversation trop sérieuse avec un bisou, comme je le fais souvent avec Jules et elle a ri. Elle était trop mignonne. Alors j’ai recommencé jusqu’à qu’elle ne rit plus. Et tous nos mouvements sont devenus sincères, vrais, nourris par l’amour. Jamais je n’avais vu autant de passion en elle et en moi, elle en avait l’air surprise aussi. On a dégusté chaque baiser et chaque caresse en pleine conscience. Où est mon dark ? Je tente. Appel audio.
- Hallå ?
- Jag älskar dig.
- You see that ?
- Oui, je le vois. Le nouveau jour.
- Je t’aime aussi Paloma. Pour toujours et à jamais.
Et on raccroche. On profite du spectacle. C’est notre lever de soleil à nous. Même si on ne sait plus quel jour on est. Mais la différence, c’est que maintenant, j’ai ressenti l’absolu, dans les bras de Greta. C’est comme si c’était le premier jour d’une nouvelle ère. Rien n’est plus pareil. Et la journée se déroule ainsi, je suis consciente de milliers de détails autour de moi. Avant j’étais aveugle. Dans la nuit, je regarde mon dark et je rappelle :
- Bonne nuit Greta.
- Fais de beaux rêves Paloma.
Je fais un bisou sur mon dark, j’entends un petit rire d’approbation à l’intérieur, et on raccroche. C’était notre journée. La première, dans l’éternité. Quoi que. C’est pas terminé. Mon minibri s’active et je sais que ça ne vient pas de ma belle qui est affalée sur le canapé en train de lire un roman de Megan H. Je ressens et je reconnais la fréquence. Celle de Greta. Celle-là, Isa ne la connaît pas. Quoi que. Mes certitudes sont un peu fragiles aujourd’hui. On est dans un monde de tous les possibles et l’Invisible nous en refait la liste chaque jour. Que se passe-t-il vraiment dans le présent ? Je serre les jambes pour ne pas tomber de plaisir.
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