142 - rencontre
On se voit tous les jours. Aujourd’hui on fait du ping-pong, jeu qu’elle connaissait bien sur Terre, pour qu’elle intègre la nouvelle pesanteur ici.
- Paloma, j’ai vérifié dans le fichier génétique. De la première vague, je n’ai aucun descendant. De la deuxième non plus mais si il y quand même eu quelques ressortissants de mon continent. Je suis donc vraiment seule ici. Mais je ne suis pas au Paradis. Au Paradis, je serais avec les miens.
- Sharon, dis-toi que tu es en mission plutôt. Et vu la magie avec laquelle tu es arrivée, il n’est pas impossible qu’un jour tu repartes et que tu rentres chez toi retrouver les tiens.
Elle s’arrête de jouer pour intégrer cette idée en micro méditation.
- Merci Paloma. Je t’aime.
Et elle pose sa raquette pour venir me serrer dans ses bras, pleine d’espoir.
- Sharon, il faut que je te la présente.
On va à la 44 voir Greta. Je reste avec elles pour les écouter parler.
- So, you are Sharon or Christa ?
- I was Christa. Now I’m Sharon.
- Moi aussi j’ai été une célébrité sur Terre. Mais c’était quelques décennies après. Je suis née en 2003. En 2019, toute l’Humanité savait qui j’étais. Mais j’ai échoué dans ma mission, moi aussi, et j’ai dû quitter ma Terre en 2057. Mais je sais qui tu es. Tu étais connue sur la Lune et au-delà, au fin fond de l’espace et maintenant te voilà à nous.
- La Lune ? Je me suis désintégrée à Mach 3, j’étais à peine à 46 000 pieds.
- Les Russes. Ils ont donné ton nom à un endroit sur la Lune.
- Roscosmos. Nos meilleurs ennemis.
- Ici il n’y a que des amis, nous sommes en Paix.
- Oui, comme au Paradis. On est mortes, n’est-ce pas ?
- Non Sharon, c’est tout le contraire, on est juste immortelles.
Et on prend le thé. Et on fume des tiges. De l’APC bien-sûr. De quoi se sentir vivantes. Sharon manque de s’évanouir, elle est en état second. Elle nous regarde nous embrasser et puis on se met de chaque côté d’elle pour la caresser, lui faire des bisous et des câlins pour remplir d’Amour tout le vide qu’elle a en elle.
- Welcome to planet 4, Sharon.
Mais on y va doucement. Tout en douceur. Non invasives. Comme une consolation. Pour lui faire oublier son chagrin et la douleur. Elle accepte d’être, elle accepte de devenir quelqu’une d’autre et de dire adieu à Christa.
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