161 - ma première lettre
Je m’installe à mon bureau, au fond de la bibliothèque de la 43, face à la baie vitrée où mon regard se perd dans l’océan. Je sors une feuille de papier. Et un crayon à papier. Bien gras. Du 16B. 16, c’est mon chiffre. Je vérifie mon taille crayon. Je suis prête. En haut à gauche, je me raconte : « MS Paloma XVI, GC28, DIR AS, DIR Couvent, O4 ». En haut à droite, le lieu, « Laguna Beach, 43 » avec, en guise de provocation, la date que seule moi connaît désormais : « B4-A3-161 ». Maintenant, le titre, bien centré : « Chère Greta ». Je raconte tout mon Amour, mon admiration, mon amitié pour elle. Plein de choses gentilles que j’éprouve. Il faut plusieurs pages. Mais les mots ne suffisent pas. Alors je cours à la 44, par l’extérieur à travers la plage, pour poster mes mots et matérialiser mes maux avec de gros câlins sur Greta. Entre deux pertes de conscience, je lui annonce :
- Je t’ai écris une lettre. Ma première lettre. Pour toi. Ma chère Greta. Je l’ai mise dans ta boîte aux lettres en arrivant.
- Merci Paloma. Il en est ainsi. Tu vas en écrire encore beaucoup d’autres, avant ou après les faits, voir pendant. On pourra lire tes messages sur les murs. Tu es la nouvelle Megan H. Ton talent enfin se révèle. Encore une facette de plus au diamant de notre ère, ton âme va briller et refléter l’amour, le projeter au loin jusqu’à être capturé par une autre quelqu’une à qui faire vivre l’absolu du désir.
En attendant, je redescends sa nuisette sur ses cuisses. Je cherche sa culotte mais je crois qu’elle n’en porte plus. Elle est toujours prête a faire goûter à son bonbon aromatisé aux huiles essentielles hypnotiques. Pas de douche cette fois-ci. On tient à garder nos odeurs respectives l’une sur l’autre, jusqu’au bout de nos doigts, sans oublier nos fluides qui commencent à sécher et à tirer sur la peau, sweet scars. Mais je me résous tout de même à la recoiffer et la rendre présentable pour sa prochaine proie.
- Tu es si belle, Greta.
- Oui, je suis la mère de ma fille. Mais tu es plus belle que nous maintenant. Regarde-toi dans le miroir, Paloma Lenn.
- Oui mais ça ne compte pas, tu le sais très bien. L’important, c’est qui on est à l’intérieur.
On se regarde dans le miroir, elle met ses bras autour de mon cou.
- Que penserais-tu de moi si tu me voyais pour la première fois ?
- Cette jeune fille a l’air bien faible et innocente. Et toi ?
- On dirait que tu ressembles à une institutrice, ou une jeune none.
- Mon âme a déteint sur mon corps. Tout s’explique maintenant.
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