181 - le refuge
Le Quartier Latin est derrière le Grand Parc de Sylvania, là où il n’y pas d’église, là où l’Invisible n’a pas sa place. Ici on ne croit pas. On n’a pas la Foi. Je ne porte même plus mon 4, je suis allée le laisser à la Basilique, dans ma cellule personnelle en essayant d’échapper à Adé dont le discours me paraît obscure maintenant, avec une couche de royauté en plus. Elle le sent bien, qu’elle m’a perdue, que je suis passée de l’autre côté, du parc. Au centre ils ont aussi leur parc, le Central Parc, plus petit, une zone franche au cœur de la zone occupée. Aline y traîne souvent pour promener sa dernière fille, Émeline, sans doute une leader d’une nouvelle Humanité, encore. Ce n’est plus mon problème, je rentre.
- Et si un jour tu ne rentres plus, Paloma, je viendrai te chercher, à nouveau. Tu es ma prisonnière en dehors de l’Invisible. Dans une annexe qui ne s’écrit pas mais qui se vit. Tu es condamnée à perpétuité avec une période de sûreté qui dure le temps de mon existence. Quand je ne serai plus, tu seras libre.
- Et si un jour je ne suis plus, tu seras libre aussi, Marylène. En attendant, profitons de notre couple, notre prison d’amour dans le Visible.
Et j’ouvre ma chemisière pour lui exposer ma poitrine nue de toute croix. Elle vient y déposer un baiser là où elle reposait. C’est elle ma croix maintenant. Et je la porte jusque dans notre couche pour une cérémonie de sacrements intimes. J’embrasse cette joue que j’ai frappée. Ce moment où j’ai flanchée, où j’ai sue que j’étais vaincue, en la repoussant par la force, une dernière fois. Mais à terre aussi je me suis écroulée. Et au plus bas de moi je suis allée vers elle. J’étais matée. Par sa douleur et par ses pleurs. Et je lui exprime mon pardon, de toutes les façons, je purge ma peine, je gobe ses petits seins pointus, je la masse derrière les oreilles comme elle aime tant, et quand elle est prête je descends la stimuler avec ma bouche. Et elle se frotte, et elle s’agrippe, et elle exprime de nouveaux mots par ses cris, ses gémissements qu’elle lâche maintenant à voix haute, comme des pieux à travers mon cœur, elle m’exorcise. Et je me complais à être possédée plutôt que posséder, je n’ai plus à penser, à devoir et je renonce aussi à tous mes droits tant que je suis dans ses bras où je m’oublie pour juste me sentir vivante, simplement en vie, tout simplement en amour, là où je dois être, là où mon existence à du sens, avec elle, qui me définit, ainsi. (...) Je me réveille, à côté d’elle. Elle a les yeux grands ouverts. Elle regarde le plafond. Je m’approche de son oreille, je glisse mon visage sous ses cheveux et je lui murmure :
- Ma grande Marie ? Je t’aime.
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